10 jours au site du village néolithique de Cambous à Viols-En-Laval. Tout a commencé avec la remise en état de l’aire de charbonnage et Frédéric l’employé communal du village, qu’il soit remercié mille fois, est allé chercher de la terre. Merci aussi à Laurent Salvi, neveu de mon maitre charbonnier Louis, qui nous a fourni cette terre. Puis nous avons réceptionné le bois… est là c’était pas pareil. Des buches énormes qui l’a fallut fendre pendant deux jours, grrrr ! Merci aux aides de passage, Bernard, Antonin et un visiteur.

Simon au merlin enchanteur.

Malgré tout nous avons, Arthur, Simon et moi agencé le cercle de bois puis monté la meule. Le bois fendu a la qualité de bien se positionner sans faire de trou.

Arthur II, le bâtisseur de pyramide.

Parallèlement il y avait un chantier de réhabilitation de la toiture de la maison néolithique du site. Nous avons profité des roseaux anciens, de la sagne, pour en faire la couverture générale.

La terre, de vigne, si elle gratuite n’était pas exactement ce qu’il faut pour une charbonnière. Nous avons fortement limité son affaissement avec force bantières.

La mise en feu a bien fonctionné avec des bouts de mòches, des incuits, de l’année dernière.

La conduite du feu a été parfaite jusqu’au dernier 30 cm du bas. Le bois, fayard, frêne et chêne étant assez sec le feu s’est désaxé de la face au vent à l’arrière en fin de cuisson.

Jean mon ami charbonnier d’Ardèche est venu nous rejoindre. La pluie s’est invitée au cavage. Moins de poussière mais une terre qui colle. Cette terre argileuse a cuit formant une carapace qui explique la difficulté que nous avons eu parfois pour percer les traucs, trous, du bas.

Luc mène la danse avec des bénévoles.

Belle moisson de charbon, pas encore tout à fait éteint. 45 sacs de plus de 10 kg chacun.

Merci à l’équipe d’archéologues de la SLP. Ont activement participé à cette cuisson charbonneuse, Arthur, Luc, Simon, Valentin et Karine. Rendez-vous est pris pour l’année prochaine.

Autre chantier, la maison néolithique en rénovation :

A la demande de la Société Languedocienne de Préhistoire, SLP, je vais réaliser une charbonnière à l’entrée du village néolithique de Cambous. Les archéologues vont étudier le déroulement du processus de carbonisation et de l’étude des charbons produits. Nous avions déjà collaboré au même endroit en mai avec un petit manque de temps de cuisson qui n’avait pas permis la carbonisation complète. Cette fois ci nous allons prendre une bonne semaine pour aller jusqu’au bout.

Vendredi 27: mise en place du site et arrivée du bois. Samedi 28 : montage de la meule charbonnière. Dimanche 29 : allumage. Puis du lundi à certainement jeudi, carbonisation et conduite du feu et extinction. Weekend du 5 et 6 octobre nous caverons et récupération du charbon.

Pendant ce dernier we il y aura la rénovation du toit de la maison néolithique et différentes conférences.

Bienvenue à toutes et tous (jour et nuits).

Et comment les lupins sont au centre de cette histoire.

Nous sommes dans le sud de l’Islande, le long de cette côte linéaire et courbe, aux vastes étendues. Tout le long les grandes masses de glace surplombent les sandar, immenses plats à perte de vue, entrecoupés de coulées de laves sans fins et de fleuves bouillonnants. la plage, si on peut appeler ce bord de côte comme ça, est noire, large et battue par les grandes vagues de l’océan. Personne n’habite au bord de ces bandes de galets noirs à partir de la petite ville de Vik. Il faut parcourir 250 km vers l’est pour retrouver un port, Höfn au début des fjords de ce coté là.

Une portion de ces étendue est Álftaver après le Mýrdalssandur. Directement menacé par le volcan Katla, de tout temps des formidables coulées de boue liées au glacier Mýrdalsjökull ont ravagé ces lieux. Le site de Álftaversgígar se compose de petits pitons avec parfois des cratères et a un aspect particulier peu commun du à ces pseudo-cratères. Ceux-ci sont le résultat des coulées de lave de l’immense faille éruptive Eldgjá, 78 km de long, au moyen-âge de 934-940.

Cet endroit a aussi un passé historique humain avec la présence d’un monastère, 1186 – 1550, ayant eu jusqu’à 13 moines. La rivière qui passe ici était beaucoup plus large au moyen âge et permettait la venue de bateaux de mer. La fin de ce monastère marque l’implantation de la Réforme luthérienne. des fouilles sont en cours dans une ancienne ferme prêt d’ici. Elle comme quelques autres rappellent les dévastations des différents jökulhlaup du Katla (Coulées de boue) qui ont englouti ces propriétés. La menace est toujours présente même si le volcan n’est pas en éruption actuellement. Il suffit d’un fort réchauffement sous la glace pour provoquer, comme récemment, des inondations importantes voir destructrices de routes et de ponts.

La ferme de Þykkvabæjarklautur se situe dans cet endroit avec quelques autres fermes. Kidda et Siggi, Kristbjörg Hilmarsdóttir og Sigurður Árman Sverrisson sont les propriétaires des 8000 ha qui vont de l’océan aux terres intérieures. Propriété qu’ils partagent avec deux autres fermes. Kidda qui est de la cinquième génération dans ces lieux, a développé l’amélioration des poils de ses brebis. Elles sont connues sous le nom de Feldfé.

La ferme est un élevage de 230 brebis qui ont environ 400 agneaux par an. Kidda et Siggi ont aussi une activité touristique avec une guest-house pouvant accueillir jusqu’à 25 personnes et même un peu plus.

Kidda a créé un atelier autour de la laine, sa laine, vend et présente divers ateliers sur ce thème qui lui est cher. S’il y a bien un endroit où les fameux pulls islandais sont authentiques c’est ici.

Carder, filer, tricoter la laine mais aussi la tisser, l’atelier pure laine d’Islande.

En 1945 soit un an après l’indépendance du pays, un vaste programme de re-végétalisation du pays se met en place. Un représentant de ce commité, Hákon Bjarnason, après un voyage en Alaska, trouve les lupins (Lupinus nootkatensis) de ce territoire adaptables dans les terres islandaises qui ont besoin d’être fixées et végétalisées. Cette plante résistante aux conditions climatiques extrêmes avec un joli port de ses ramures et de très belles fleurs bleues va parfaitement s’adapter aux terrains volatiles des dépôts de cendres volcaniques. Elle aime tellement ces sols qu’elle est devenue une plante invasive. Sa principale qualité est d’enrichir les sols en azote donc de favoriser la pousse des autres végétaux. C’est aussi sa limite car peut utilisable, même ces cosses sont toxiques. L’Islande est partagée en deux, celles et ceux qui aiment cette fleur et les autres qui la détestent. Kidda n’aime pas trop cette plante qui envahie ses herbages et empoisonne ses moutons.

D’où l’option carbonisation. Comment valoriser cette plante tout en réduisant son extension. En récoltant les tiges sèches en hiver ou en coupant quand elle est verte, les lupins se maintiennent sans augmenter leurs extensions. Les transformer en galettes de charbon végétal, les désormais kolakaka, répond à une demande qui devrait satisfaire une majorité. Un produit quasi 100 % islandais.

Les paysans islandais, les lupins un problème ? Non une ressource. !

Carboniser des plantes qui ne sont pas des arbres est un concept assez abscons et peut être encore plus en Islande où la population adore faire des barbecues sans se poser des questions sur les charbons de bois utilisés pour griller les côtelettes d’agneaux. Dans ce pays aux ressources en bois limitées, où les bois flottés ont été une opportunité limitée, la dernière charbonnière remonte aux années 1950 et ce pas très loin de notre ferme, à Skaftafell devenu parc national aujourd’hui. Aussi le souvenir de cette activité s’est perdu dans les mémoires et les barbecues au gaz ont remplacé ceux au charbon. Heureusement Kidda est une femme pionnière, qui fait penser à ces femmes du temps de la colonisation qui ont trouver la capacité de s’adapter au milieu boréal de cette nouvelle patrie. Tirer partie d’une ressource locale, peu engageante, démontre la formidable adaptabilité de ces personnes. La ferme de notre couple de fermiers est au milieu d’une vaste étendue quasi désertique, battue par les vents où rochers, cailloux, plantes rares, sables et scories sont les vestiges des immenses coulées de laves et des dépôts mortels des coulées de boue. Des femmes et des hommes se sont installés là et c’est par leur imagination et savoir faire qu’ils ont pu y vivre accueillant régulièrement des naufragés, rescapés miraculeux, dans ces côtes sournoises.

Le désert !

S’échouer c’est mourir (Rouquette 1922). Kidda montre un poteau indicateur pour les naufragés.

Créer une nouvelle ressource d’une plante quelque peu volubile, très belle en fleur et envahissante comme un amour toxique, est une réalisation gratifiante à plusieurs niveaux. Le partage des savoirs empiriques, techniques et locaux, le contact et le relationnel amicaux des échanges et enfin un résultat parfait, est une expérience rare de vie.

Partager de bons moments, un soleil timide nous accompagne.

Ce genre d’action nous le développons plus en direction des pays émergeant. Le savoir charbonnier au travers de l’ONG COOPDEA, permet de s’engager régulièrement dans des projets solidaires notamment en Afrique. Le fait de s’orienter vers un pays à haut niveau de revenus démontre l’utilité du savoir manuel quelque soit le milieu humain concerné. Le GIEC place cette ressource comme énergie verte, renouvelable et capteur de CO2.

Takk fyrir Kidda og Siggi !

Projet Ekokolakaka

Le volcan Sundhnúkagígar nous accompagne en créant un épais voile qui enveloppe toute la côte sud. Parfois le brouillard se déchire et laisse passer des rayons de lumière dans l’atmosphère bleue de la fumée volcanique. Fumée bleue comme celle des charbonnières, étrange !

La qualité de la cheminée de gros calibre limite notre propre production de fumée. Plutôt foncée au démarrage des gaz de carbonisation.

L’atelier presse. Des bouts de tuyaux, de vieilles bouteilles et quelques morceaux de fer : ultra simple !

Après toutes ces épreuves il était temps de faire nos Kolakaka. Voici la recette : prenez 8 parts d’une belle poudre noire de lupins carbonisés. Cette plante qui est passée dans notre four, s’écrase facilement et donne une poudre légère comme une aurore boréale…noire. Mélangez avec de la hveiti à 20 %, qui a été dilué auparavant à 10 % avec l’eau du Mýrdalsjökull, une eau qui peut avoir 1000 ans d’âge. Après c’est tout simple, un bout de tuyaux et paf trois coups avec le marteau de Thor (prononcez Ssor !).

Le marteau de Þor à l’arrière plan !!

Et voilà nos kakas (gateaux) carbonisés (Kola).

Pour Kidda et Siggi, c’est une grande découverte. Ils ont trouvé un bon moyen de valoriser ces lupins envahisseurs. L’atmosphère de mise en place de cet atelier a été des plus agréables. Chaleur de l’accueil, qualité des mains d’œuvre, résultats au delà de nos espérances et surtout bienveillance des personnes qui ont cru jusqu’au bout au projet et ceci dans un environnement exceptionnel entre océan et glaciers. Nous avons eu de nombreuses visites de la part de personnes intriguées et vite convaincues de la faisabilité et l’utilité du projet. D’autres ateliers vont certainement voir le jour ici et tout autour du pays.

Le nom du projet est : Ekokolakaka ou 4K. Et non pas Kaka-Kola comme certains l’ont suggéré !! Du charbon écologique, matière renouvelable, lutte contre plantes invasives et capture de CO2. Si on y rajoute bonne ambiance et produit circuit court, nous avons réussi une belle expérience concrète.

Merci à Kidda et Siggi d’avoir cru en nous, de nous avoir autant donner d’amitiés et de nous permettre de réaliser ce projet qui me tenait tant à cœur.

C’est l’heure du grand exercice de la carbonisation, le four va-t-il fonctionner comme espéré !!

Préparation avec découpe du bois flotté. Les fermiers possèdent plusieurs km de plage noire où les arbres provenant soit de Sibérie, soit du golfe du Mexique s’échouent en quantité. Ce bois a été une ressource primordiale pour les habitants depuis la colonisation. Il compense le manque d’arbres dans ce pays. La première cuisson se fera avec ce bois pour obtenir une bonne énergie avec des hautes températures pour nettoyer les barils des huiles et peintures. Le stock de lupins est prêt aussi.

Nous remplissons le four dans un paysage très ouvert.

Le four est prêt. Allumage par le haut comme il se doit par Kidda, la marraine du projet et fermière qui nous accueille.

Le feu et la glace, le cliché typique définissant l’Islande.

Premier résultat…totale satisfaction, du pur charbon de bois flotté….parfait !

Deuxième cuisson avec du lupin cette fois ci :

Plus que parfait !

Nous avons changé de place avec un petit look de western !

Maintenant nous allons faire des kaka !! exactement des kolakaka !! À suivre …

Le Père Noël habite peut être dans ces contrées, ses rennes sont dans l’est du pays. J’ai donc construit une cheminée à sa taille…avec de la tôle ondulée. Ici beaucoup de maisons sont recouvertes de ces tôles comme tous les bâtiments de cette ferme, de couleurs jaune et rouge. Une vieille tôle a fait l’affaire avec quand même pas mal d’énergie pour réussir à l’arrondir.

Amélioration du support de cheminée. Ce tube est long et lourd, faut l’ancrer sérieusement, surtout avec le vent constant dans cet endroit.

Du costaud !

Martine profite du bel atelier du travail de la laine de Kidda. La navette va et vient dans le métier à tisser pour de beaux ouvrages. De son avis : « je me régale ! ».

La construction du four est quasi terminée.

Pose du support de la cheminée. Malheureusement nous aurons le tube que samedi, bah !

Pose du tuyau gazogène, pour la récupération des gaz. Du costaud !

Ouverture du bidon de 60 L. La difficulté provient du fait que nous n’avons pas de bidon avec un couvercle clipsable comme souvent en dehors de la France. L’astuce est d’avoir découpé le fond et le dessus d’un plus petit bidon qui s’emboitent comme une boite de camembert.

C’est prêt à fonctionner, demain au beau soleil de la cote sud. Nous sommes entourés de glaciers, wouah !

Aujourd’hui la sixième éruption de Reykjanes vient de démarrer !!

Aujourd’hui c’est la storm, la tempête quoi ! Vents de plus de 100 km et grosses pluies.

Heureusement nous sommes à l’abri dans le grand garage de Siggi, sauf quand il faut sortir pour travailler.

Nettoyer au kacher sous la pluie !

Siggi à un super matériel, entre autre pour souder. Les tôles fines ne posent pas de problème. Nous improvisons en fonction des objets, là des supports sont rajoutés pour tenir l’isolant, le bidon est à l’envers sur la photo.

Voilà le premier four de confinement est quasi prêt. Demain nous verrons pour la cheminée.

Nous voilà arrivés par un grand soleil chez Kidda et Siggi, la ferme où nous allons carboniser les lupins.

La ferme qui a un nom imprononçable, Þikkvibæjarklautur, se situe sur la cote sud du pays dans un sandur, le Mýrdalssandur et plus précisément en bordure du site des pseudo-cratères de Álftavergigar. Les sandur sont de vastes étendues de remplissage par les crues de la fonte des glaciers ou par les très grandes et longues coulées de lave. Le Mýrdalsjökull, le deuxième plus grand volume de glace après le Vatnajökull chapeaute le volcan Katla qui est très redouté par ses activités génératrice de nuées ardentes. De temps en temps, comme il y a quelques semaines, des grandes coulées de boue se répandent soudainement dans ces plaines. Les 35 km qui séparent la ferme du piedmont du glacier laissent 2 h aux habitants pour s’échapper avant l’arrivée de l’eau…

Les fûts en fer de 200 L sont prêt.

Siggi est aussi garagiste, son atelier nous garantie des ressources en matériels et bricolages.

Pour l’instant un petit bric à brac attend sagement d’être utilisé. Demain doit arriver un fût de 60 L qui servira pour le four intérieur, mais ceci est un autre histoire. À suivre…

Un petit tour du coté de chez le volcan, enfin les volcans puisque la sixième éruption est imminente au même endroit. C’est à dire au bout de la presqu’ile de Reykjanes. Ce prolongement de l’île vers l’ouest est un bout de la dorsale médio-atlantique. Zone très active qui est la séparation des croutes océaniques euroasiatique et américaine et qui s’éloignent l’une de l’autre en continu. Forcément les forces tectoniques vomissent des laves tout au long de cette dorsale dans cette partie aérienne qu’est l’Islande, le reste est au fond de l’océan. La presqu’île n’est que le bout occidental qui plonge au fond de l’océan atlantique.

Depuis la fin de l’année dernière, une même fissure est le théâtre d’éruptions quasiment au même endroit. La petite ville de Grindavik en a fait les frais et les 4000 habitants ont du partir sans savoir s’ils pourront un jour revenir dans leurs maisons. Habitations bien abimées par les séismes où de profondes fissures ont éventré le sol, parfois avec d’immenses profondeurs.

Les dernières périodes d’activités dans cette presqu’île remontent au moyen-âge et ont duré 200 ans. De quoi doucher les espoirs de revenir en ces lieux pour y vivre. La prochaine est imminente, 5 ont déjà eu lieu.

Nous, nous y sommes allés voir depuis une colline limitrophe en bordure des coulées. Impressionnante l’étendue de lave et dont on voit tout autour des habitations. La fissure dans un axe NE/SO est de plusieurs km avec un étalement large de part et d’autre. Des fumées sortent en maint endroit, la surface des coulées est parfois très chaotique, lave AA, et sur de grandes surfaces, plate et un peu bosselée, lave pahoe pahoe. Les autorités construisent des murs de confinement haut de 25 m pour les endiguer. Pour l’instant ça fonctionne mais ça pourrai passer par dessous voir les embarquer si une coulée sort au pied comme aux îles Vestmann en 1973. La zone est interdite d’accès, nous nous sommes limités à une approche sécurite et pas trop près.

Le mois d’aout va être intense pour la fabrication de briquettes de charbon à base de lupins. Le lupin est une plante importée d’Alaska qui a la propriété de fixer les sols meubles comme les vastes étendues des « sandar » islandais (Un sandur, au pluriel sandar, est en géologie une plaine d’épandage formée par les alluvions glaciaires (sables, graviers) charriées et déposées par la fonte de calottes glaciaires, https://fr.wikipedia.org/wiki/Sandur). Fin juin et mi-juillet, les vastes étendues sont magnifiques avec toutes ces fleurs bleues parfois à perte de vue. Mais voilà, la belle fleur est devenue ogresse, elle supplante la végétation endémique et l’éradique.

L’Islande dans toute sa splendeur.

Pour Kidda, fermière dans le sud du pays, cette plante est devenue un problème qui grignote de plus en plus ses herbages si indispensables pour ses moutons. Dans le mouton tout est bon, dans le lupin il n’y a rien. Les graines ne sont même pas comestibles. Nos fermiers voient d’un mauvais œil cette envahisseuse.

L’agnelage chez Kidda.

Il y a dans le monde un grand nombre de plantes invasives dont on ne sait comment s’en débarrasser. En Afrique les jacinthe d’eau envahissent les lacs et certains fleuves. Une solution pour limiter et valoriser ces plantes souvent sans valeur est la carbonisation. C’est le crédo de notre association COOPDEA.

Kidda, la fermière islandaise, est intéressée par ce procédé. Nous avons rendez-vous en aout pour monter un atelier. Des voisins des autres fermes viendront aussi voir le processus.

Cet hiver ils ont récolté des lupins secs, la matière première est prête. Áfram !

En fait c’est la 20è édition de sa fête de la charbonnière dans son joli coin de garrigue vers Bourg-St-Andéol.

Toute l’équipe était là, les métallurgistes et les forgerons (femmes et hommes). Nous ne sommes passés que pour trois jours. Noé devait être là aussi car ça été le déluge de pluie et même de la grêle. Expérience difficile mais intéressante pour la conduite de la meule charbonnière. En gros, une meule gorgée d’eau ça fume, ça fume, ça fume.

Une belle gueule de meule.

La meule était un peu plus pointue que les autres années. Mais en déposant la terre sur le bois grâce à des paniers en osiers, celle-ci a bien tenu.

Là, elle part un peu en cacahuète mais ça va bien se passer.
Tu vois qu’il y a du bleu !
Hé ben voilà c’est rattrapé !
Ya plus qu’à caver.

Nous n’avons pas pu rester pour caver, soutirer le charbon de bois. La forme finale est parfaite. La terre gorgée d’eau a accéléré le processus de carbonisation par secteur et a permis au final une bonne répartition. Peut être a t’elle collé un peu si pas assez sèche ? Bravo les charbonnier-es, vu les conditions mouillées.

Voilà une partie du programme du 9 au 12 mai à Binic-Etables-Sur-Mer.

Le vendredi 10 mai, jour de ma conférence.

Conférence : Louis-Frédéric Rouquette. Par Martial Acquarone. Louis-Frédéric Rouquette traversa l’Islande à cheval en 1922, une aventure qu’il décrit dans son roman L’Ile d’Enfer. Martial Acquarone, photographe professionnel et guide animateur du patrimoine, part en 1982 sur ses traces. Une expédition périlleuse imagée, avec des témoignages d’Islandais ayant connu M. Rouquette. Conférence organisée par le Musée de Binic avec animations enfants et grand public. Centre culturel L’Estran, à 15h.

Programme complet : https://www.binic-etables-sur-mer.fr/actualites/binic-fete-la-morue/

Attention, rendez-vous nationaux à ne pas rater (rien à voir avec les jeux olympiques !!) :

Notre ami Jean, charbonnier de l’Ardèche, réalisera sa vingtième charbonnière avec tous ses amies, du 11 au 20 mai, dans son terrain de garrigues à Bourg-St-Andéol.

L’équipe de forgeron-es, métallurgistes et autres artisans, animeront comme chaque fois la semaine. Des personnes très sympathiques et surtout très compétentes dans leurs domaines, un plaisir de les rencontrer. Pour notre part avec Martine, nous y seront qu’en début de semaine car un autre événement nous attends un peu plus loin, voir ci-dessous. Et avec Jean nous allons trouver le temps de faire de l’huile de cade.

C’est en Bretagne que ce passera l’autre rencontre qui n’a rien à voir avec le charbon mais qui me tient à cœur. Je vais présenter mon exposition « L’Île d’Enfer » à la fête maritime de Binic, le fête de la morue (hé oui!). Rendez-vous du 9 au 12 mai. L’Île d’Enfer c’est par ici : https://ile-denfer.eu/

Musée d’art et de tradition : https://www.museebinic.fr/

Le village de Lagrasse dans l’Aude est connu pour son abbaye et ses moines intégristes. La vie est douce au milieu de cette garrigue et le village ne manque pas de charme avec ses ruelles pavées et son avenue bordée de platane. Si le coté spirituel du lieu me laisse froid je suis par contre chaud pour la visite au four à chaux.

De nombreuses restanques abandonnées rappellent le temps des activités agricoles du passé sur ces coteaux un peu abrupts de la vallée de l’Alsou qui se jette dans l’Orbiou. L’ancienne voie romaine est bordée de capitelles qui marquent les emplacements des terrasses autrefois cultivées. Un certain nombre font l’objet de restauration. Le clapas, tas de pierres, est conséquent et montre le travail qu’il a fallut produire pour rendre ces parcelles exploitables.

Un peu plus bas, sur le bord d’un chemin, on peut découvrir un ancien four à chaux. La garrigue s’est refermée sur ce four comme sur tout le reste de la colline. Ce n’est donc plus une garrigue à proprement parlé, trop fermée.

A moitié creusé dans les strates de calcaire, il a une forme de niche. Différents couleurs montrent que ce four a bien cuit, certainement plusieurs fois. Les traces noires en sont la preuve. La couleur rouge claire est le reste de l’enduit d’argile pour étancher la parois.

Une petite partie de la charge a calciner est restée au fond. La dernière cuisson n’a pas été complète et tout le calcaire n’a pas été transformé en chaux vive.

Quelques restes d’habitation en maçonnerie, une sorte de mazet, démontre que la construction avec du liant maçonné dure moins longtemps que les constructions en pierres sèches.

Cabane dite de l’Hermite.

Il existe une association qui est à l’origine des restauration des capitelles, Canta Pèira. Reste à voir où étaient les charbonnières, c’est sur qu’il y en avait.

Petit séjour en Anjou, pas loin de la Loire avec ses châteaux, dans la petite ville de Villaines-Les-Rochers, capitale de la vannerie. Dans la rue principale les maisons accolées à une sorte de colline plate ont toutes des extensions troglodytiques. Creusées dans le tuffeau, ces petites pièces servaient d’habitations et de réserves. La région est riche de cette architecture souterraine. Nous sommes donc ici pour la semaine, Martine à un stage de tressage de l’osier chez Romand’art avec Catherine et Christophe, de véritables artistes de la vannerie https://www.vannerie-romand-art.com/vanniers-villaines-les-rochers/https://www.vannerie-romand-art.com/vanniers-villaines-les-rochers/

Cette région est faite d’alternance de champs et de petit bois. La toponymie du coin nous renseigne sur une activité qui bien sur déclenche chez moi un intérêt premier. Au détour d’un virage, un panneau indique « La charbonnière ». Ce lieu-dit abrite trois maisons dont une revendique le nom.

Dans la ville de Villaines, il y a aussi dans la route qui part vers Azay-Le-Rideaux, un emplacement qui porte aussi la désignation de charbonnière. Je n’ai pas réussi a trouver des explications mais il est facile de comprendre que l’activité du charbon de bois était bien présente dans ce territoire comme partout ailleurs.

Même les abris bus sont en osier.

Suite à mes articles sur les villages qui portent le nom de Charbonnière, il est donc courant de trouver de nombreux lieux qui rappellent ce travail. https://www.altimara.eu/blog/2019/06/19/village-carbone/

À Villaines, l’osier cache le charbon et nous savons combien les paniers en osiers ont été utile au travail des charbonniers. https://www.altimara.eu/blog/2016/04/30/respe-vannerie-charbonniere/

Nous voilà versés dans une nouvelle année qui ne se présente par trop bien et dans laquelle va falloir charbonner. Certains ont envoyé leurs vœux avec des missiles, la suffisance des moins que rien. De ces inutiles méchants à qui j’envoie mes vœux pour qui s’étouffent dans leur haine de la vie. Aux victimes, aux simples, aux heureux je partage notre bonheur de vivre et…de charbonner.

Et remontons un peu dans la temps, sur les berges d’un grand fleuve historique, le Nil. Là aussi, les formes caractéristiques des plus grands édifices de cette époque rappellent nos meules de bois. Formes coniques, bien sur je fais allusion aux pyramides. Les volcans sont essentiellement coniques, les pyramides itou et les meules de charbonniers de même. Formes la plus stable dans la nature que l’homme ancien a reproduit pour son usage. En pierre, immense et à degrés, en bois, petite ou à étage. Les pyramides sont des tombeaux, les charbonnières le début de l’activité industrielle humaine.

Par Ricardo Liberato — All Gizah Pyramids, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2258048

L’Égypte ancienne est une référence dans les civilisations fondatrices de nos développements modernes. Les dynasties ont marqués notre Histoire par leurs puissances et leurs rayonnements. Outils, armes, matériel sophistiqué, il en fallait pour construire ces pyramides et temples.

Dans le fameux trésor de Toutankhamon, l’or est à profusion, l’argent très utilisé aussi mais le fer rare. Une simple boite avec quelques outils et surtout avec l’extraordinaire dague en fer météorite. Superbe travail de forgeron. Il avait donc cet artisan du charbon de bois. Mais à la réflexion, les berges du Nil ont une ripisylve très peu fourni en arbre donc en bois. Les palmiers ne sont pas des arbres mais des plantes sans cambium.

Les hiéroglyphes et de nombreux dessins sur les murs des temples et tombes, montrent des personnages en activités, souvent en agriculture. Quid des charbonniers ?

Avec Arthur, l’égyptologue en devenir, nous nous sommes posés la question. Sa connaissance des langues antiques de l’Égypte lui a permis de trouver un petit texte qui parle des charbonniers. Un scribe décrit à son fils tous les métiers, qu’il s’emploie a dévaloriser, pour que celui-ci prenne sa suite.

Pas très reluisant le métier de charbonnier. Par contre il nous donne une indication précieuse dans ce texte, il parle des roseaux coupés dans le Nil. le bois n’est pas cité. Est-ce que les égyptiens anciens utilisaient le charbon végétal, faute de bois, ou bien importaient-ils le charbon de bois ? Voilà de quoi donner matière a travailler pour nos chercheurs en égyptologie.

Tous mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année !

A l’an que ven que se siam pas mai que siguem pas mens !

Peut être que les fils d’Horus disaient comme ça :

Si j’éprouve des intérêts pour le volcanisme islandais, qui à ce jour du 16 novembre 2023, est en pleine activité, c’est lors d’une promenade en Auvergne que j’ai rencontré un volcan ami.

J’ai été saisi par la ressemblance forte de la structure des orgues basaltiques avec nos meules de charbonnières.

Rappel de la construction d’une meule de bois en prévision de la carbonisation. Un pilier central sur le quel nous appuyons des buches de bois en cercle tout autour de l’axe du poteau. Une première rangée à même le sol puis un deuxième étage avec la même ordonnance et si besoin un troisième et ainsi de suite jusqu’à l’épuisement du stock de bois. Les bûches, que nous appelons « grand homme », sont légèrement penchées vers le centre. La forme est caractéristique et bien connue.

Meule de 15 stères

Et Dame Nature nous montre encore une fois qu’elle a tout inventé. Une cheminée centrale, un refroidissement lent du magma, du basalte qui se fige en prisme, les orgues basaltiques s’assemblent bien ordonnées.

Volcan d’Usson, village de la reine Margot.

Il est des sites où la structure est plus complexe. Les orgues basaltiques ne se forment qu’en souterrain, dans la partie cachée sous terre d’une éruption. En effet pour prendre la forme de tuyaux généralement octogonaux, les cristaux et leur agglomération ont besoin d’un refroidissement lent. Le temps passant, l’érosion ou un mouvement du sol va découvrir ces agencements naturels.

Hljoðaklettar, Islande.
Aldeyjarfoss, Islande

Là s’arrête la comparaison, si le basalte est de teinte sombre, ce n’est pas du charbon.

Les 14 et 15 octobre, le site néolithique de Cambous aux maisons imposantes, recevait un grand nombre d’activités orientées préhistoire.

Notre ami René, le king du feu, a comme toujours, capté l’attention des visiteurs avec son fabuleux stand des techniques du feu. Planqué dans la maison néolithique reconstituée, attention la porte est basse, il a pu démontrer toute sa science de l’allumage.

Dans la cabane il y avait aussi des étudiantes qui montraient le fonctionnement d’un métier à tisser proto-historique. Elles avaient aussi une superbe jarre dans laquelle elles réalisaient de la teinture végétale. René n’a pas pu s’empêcher de les allumer !

Martine, la vannière immortelle, présentait une superbe collection d’objets en vannerie. Des moules de poterie, en jonc, montraient comment nos ancêtres lointains utilisaient le tressage des végétaux. Des visiteurs ont travaillé certains végétaux sous la direction de Martine. Elle démontre ainsi que la vannerie très ancienne et quasi la même qu’aujourd’hui.

Pour ma part, j’ai accueilli tout au longs de ces deux journées, en compagnie de mon collègue ardéchois Jean, avec sa compagne Anne-Marie, un public continu. Beaucoup d’intérêts ont été exprimé par ces visiteurs avec une forte envie qu’on ouvre la meule.

Ce fut chose faite dans l’après midi du dimanche. L’extinction n’étant pas terminée il a fallut jouer aux pompiers avec les reprises de feu.

Il y avait dans le site un grand nombre de stands et d’animations, dont de la métallurgie. Le charbon produit par ma charbonnière Ar-Nhette servira aux expériences des archéologues dans les recherches sur le travail des métaux. Le site de la Société Languedocienne de Préhistoire : https://www.prehistoire-cambous.org/

5 jours et 4 nuits passés auprès de ma charbonnière Ar-Nahette à Cambous.

L’allumage, moment très important, a duré 3 h. Le tirage était faible, pas de vent, une douceur incroyable. Cela n’aide pas finalement, la cuisson commence mollement et le restera jusqu’à la fin. dérèglement climatique qui s’impose même là…

Puis c’est parti pour plusieurs jours. J’ai la compagnie d’Arthur, un futur égyptologue déjà confirmé, qui me donne un bon coup de main.

Les nuits sont aussi douces et parfois un peu longues. Sommeil coupé, un petit feu de bois pour seul compagnon. Les sangliers ne viennent même pas nous voir. J’aurai tant aimé avoir la visite d’un loup. Par contre la grande ourse, Jupiter et Vénus nous accompagnent avec en fond la voie lactée, un délice !

Fumées jaunes, fumées bleues, le processus se déroule. Toujours un peu poussif, on ouvre bien en bas. Manque un peu de vent. Arthur pose un hamac, ça va mieux que mal assis dans les chaises de camping. Faudra prévoir un rocking chair pour la prochaine fois.

La meule se tasse, les couronnes de trous sont de plus en plus basses. La conduite du feu parait lente, alors qu’elle demande une attention permanente.

Grâce au kit solaire de COOPDEA, nous avons une lampe électrique qui éclaire toute la nuit. Pratique et souple, il nous permet de recharger nos téléphones et lampes sur batteries.

A suivre, les journées de l’archéologie et territoires …

Nous avons, Arthur, Simon et moi, monté la meule de bois. Mais avant tout j’ai voulu mettre des branches au sol pour isoler le bois de la terre. Cette terre de la faulde est souple et les rondins de bois s’enfoncent un petit peu. Du coup la cuisson pourrai être mauvaise à cet endroit et provoquer de nombreux incuits.

Mikado géant.

L’apprentissage est dur mais passionnant. Le jeux de kapla en grandeur réelle. Le bois n’est pas optimum pour ce genre de réalisation. Trop tordu et gros, faut jouer pour équilibrer la pyramide.

Finalement nous nous en sortons pas mal.

6 m3 ou stères.

Demain paille et terre…

Aujourd’hui a était le jour des travaux les plus éreintants.

Agrandissement de la faulde. Avec un niveau et un bastain comme pour du béton.

Avé le caritou…trois pierres au centre, tradition.

Livraison de 6 stères de chênes verts, environ 4 T, voire un peu plus. C’est Cédric Lavabre de Sainte-Croix-De-Quintillargues qui les livre. La terre vient aussi de Sainte Croix. Un, mon, village charbonnier ça ne se refait pas !! Mais c’est Frédéric, employé de la commune de Viols-En-Laval, qui a fait le transport.

C’est d’ailleurs avec lui et Arthur, un jeune archéologue, que nous avons rangé le bois. Merci à vous deux !

Encore plus de terre autour, elle servira pour le recouvrement de la meule, et le bois bien rangé en rond, le charbonnier peut aller se reposer tranquille.

La charbonnière que je vais conduire à Cambous à toutes les allures du « comme avant ». Bien que cela se passe dans les journées de l’archéologie, plutôt orientées protohistoire, cette forme de charbonnière en meule correspond aux périodes antiques (à confirmer) et médiévales. Il serai intéressant d’approfondir la réflexion de toutes ces techniques de fabrication du charbon de bois et leurs différentes apparitions dans le temps. Quid des premières charbonnières, meules ou fosses ?

Un emplacement a créer, la faulde, pas d’électricité et peut être pas d’eau. Mais coté électrique j’ai la ressource de l’ONG COOPDEA avec un kit solaire (ceux expédiés en Ukraine).

Juste à coté du village néolithique.

Ce matin, débroussaillage et coupe des branches surplombantes. Puis livraison d’une terre tout venant pour mettre le sol plus ou moins à l’horizontale. La faulde doit être assez grande pour contenir la meule de bois et plate pour l’équilibre de l’ensemble. La terre est fournie par Laurent Salvi, le neveu de Louis, mon maitre charbonnier. Le transport est fait par Frédéric, employé communal de Viols-En-Laval.

La faulde made in Martial est prête !

Frédéric a aussi coupé les enchantillons (petits rondins de bois) avec sa machine à ruban. Un bon point car c’est une des coupes les plus longues à faire.

Demain livraison du bois et terre de recouvrement.

Frédéric à la manœuvre.
Faulde en kit.

C’est où, c’est là :

Si le ciel nous tombe pas sur la tête (citation historique !!), j’aurai l’occasion de réaliser une charbonnière sur le site du village préhistorique de Cambous du 6 au 15 octobre.

Cette cuisson s’inscrit dans le cadre des journées « Archéologie et Patrimoine » qui auront lieu les 13, 14 et 15 octobre. Avec de très nombreuses animations et expositions dans les communes de Viols-En-Laval et Viols-Le-Fort.

En attendant d’avoir le programme détaillé, voici celui de Cambous :

Manque les ateliers vannerie et techniques du feu, Martine et René.

Ces journées sont réalisées par diverses associations et institutions et pour ma part je collabore avec la Société Languedocienne de Préhistoire https://www.prehistoire-cambous.org/

Cambous, un village néolithique exceptionnel avec la reconstitution d’une maison de cette période.

Il y avait donc trois charbonnières au colloque des charbonniers d’Europe. L’une était la meule de bois à carboniser et plus important, deux femmes charbonnières, qui se sont attelées à la conduite du feu dans la meule.

Ces deux personnes ont une longue expérience dans ce domaine. Maitresse d’œuvre dans le déroulement de l’activité, elles ont été aidé pour le montage par une grosse équipe de bénévoles.

Cette meule suisse est assez étonnante pour nous autres, pauvres charbonniers du sud. Les moyens mis a disposition sont énormes, machines, coupe du bois et autres engins dépassent largement nos faibles moyens.

Le bois a carboniser était du hêtre. Je n’ai vu le montage de la meule que par des photos et c’est très similaire à nos pratiques. La couverture générale est en branches de conifère, la tête vers le bas. Le plus étonnant est la carapace, je n’hésite pas a utiliser ce mot plutôt que couverture, de fraisil (terre ? + poudre de charbon). Un camion plein de ce matériaux qui date de plusieurs décennies et récupéré à chaque fin de cavage.

Une bétonnière mélange cette poudre avec de l’eau…maçon nous voilà ! Les padawans déposent en couches épaisse ce mélange, au moins 20 cm à la base. Les deux Jedis féminins, affinent la couverture avec leurs bottes. L’Étoile de la Mort ( Death star) prend forme. L’utilité de cette carapace bunker, nous explique Doris, est sa résistance aux vents et à la pluie, qui peuvent être très forts dans cet endroit. Inutile de se prendre la tête avec des paravents, notre problème récurant.

Les deux charbonnières sont Doris Wicki et Heidi Moy. Deux femmes volontaires qui ont conduit la carbonisation et uniquement à elles deux. Je n’ai malheureusement pu assister qu’au début du travail. L’allumage est beaucoup plus simple que chez nous mais par contre il y a un cérémonial très sophistiqué.

Deux pelles de braises suffiront pour démarrer. Perché au sommet de la meule, tout un aréopage de personnalités, discourent avant que Doris monte avec la première pelle. Une fois celle-ci vidée dans la cheminée, Doris redescend avec agilité sur la grosse échelle et sa compagne de travail lui donne une autre pelle chargée de braise. Une fois vidée, c’est au tour d’un verre de schnaps d’être versé dans le trou. Tout ce beau monde se congratule puis quitte le sommet pour retrouver la foule au pied de la meule. Un beau spectacle accompagné par les sonneurs de cloches avec leur musique un peu particulière, bling blong !

Toutes les deux heures, nos dames, versent un sac de copeau dans la cheminée. Cela reste un petit mystère que je n’ai pas encore très bien compris. Certainement que c’est le processus d’allumage qui est progressif et dure toute la nuit. Au petit matin la meule fume tranquillement, les premiers trous en couronnes sont formés, la carbonisation est enclenché.

Au début du montage de la meule, un socle de rondins de bois posée en étoile, isole les bois a carboniser du sol. D’après les photos exposées, la meule sera tassée avec une pointe en sont milieu. Nous retrouvons là le même schéma de nos charbonnières. Par contre de grosses flammes sortent par les trous du bas, ce que nous n’avons jamais…ou bien c’est foutu !

C’est dommage que je n’ai pas pu rester pour suivre toute la carbonisation. J’aimerai voir son évolution même si ce n’est guère différent des miennes. La différence est nettement sur les moyens employés. Nous sommes là sur de l’artisanat haut de gamme à la limite de l’industriel.

À suivre, le gazogène des Markus…

Le monde des charbonniers, et même charbonnières, car j’ai découvert deux femmes charbonnières, est extraordinaire et toujours surprenant.

Nous voilà dans une petite commune de la Suisse alémanique, c’est à dire germanophone, au village d’Erlinsbach, non loin de la frontière allemande. Une région industrialisée mais le village a gardé ce coté alpin avec de belles forêt.

Là, une association de plus de 500 personnes, nous ont accueilli pendant trois jours et demi. Nous ! 300 charbonniers, principalement allemands et aussi slovaques, italiens, anglais et bien sur français. Et donc deux femmes, qui étaient chez elles et qui seront les maitresses charbonnières de la meule construites sur place. https://www.850-johr-speuz.ch/

L’organisation, dirigée par son président, Markus Lüthy, avait mis les les petits plats dans les grands, avec un service digne des plus grands restaurants. Ils nous avaient concocté un programme culturel et festif très intense.

L’équipe organisatrice avec Susanne (béquilles) et Markus.

Ce rassemblement est dans le fonctionnement de l’association européenne des charbonniers, l’EKV. Tous les deux ans, les membres de l’association se retrouvent pour l’assemblée générale quelque part en Europe, accueilli par une structure locale de charbonniers. Les Allemands étant les plus engagés dans cette tradition, avec de nombreuses associations, sont les plus représentatifs. Le prochain rassemblement sera en Bavière dans deux ans.

Les deux nouvelles reines entourent la charbonnière Doris Wicki.

Karl Joseph Tielke, est actuellement le président de l’EKV. Une personne sympathique dont j’ai eu très grand plaisir à rencontrer. https://www.europkoehler.com/index.cfm

Le bureau de l’EKV avec Karl Joseph (chapeau) et Charles (bonnet).

Fanfare de l’armée Suisse, groupes musicaux divers, cors des Alpes et une surprise de taille, 20 bonhommes qui agitent de grosses cloches. Parait que c’est très traditionnel, et très bruyant, cela s’appelle les sonneurs de cloches…meuh !

Et de belles rencontres, avec l’association alsacienne Les Charbonniers du Fleckenstein dirigée par Charles Schlosser, là aussi quelqu’un de très attachant comme tout le groupe.

Avec la reine charbonnière d’Alsace, Amélie.

Un énorme merci à toute l’équipe suisse et à toutes les personnes que j’ai rencontré qui me laissent un excellent souvenir de ce séjour.

Suite avec la charbonnière des deux charbonnières…

Remerciements sur la scène avec un hommage à Louis Salvi, mon maitre charbonnier ✝︎.

L’EKV, association européenne des charbonniers, a publié un livret sur les charbonnières en fosse. Nous sommes quatre rédacteurs a y avoir contribué.

« A propos de la carbonisation du bois dans les fosses« .

Les différents articles sont pratiquement tous relatant des expériences, dans des fosses plutôt classiques en rond. Et souvent associé à des archéologues. Ce qui fut mon cas en Hollande, avec une équipe de chercheuses (https://www.altimara.eu/blog/2021/11/04/archeo-et-fosse/).

Dans mon article, en français et en allemand, je parle de mes différentes cuissons en fosse. Une des plus vieilles technique de carbonisation que l’homme avait mis au point pour la production de charbon de bois en quantité. C’est tout au moins ma conviction.

Je remercie l’EKV, de m’avoir sollicité pour cette publication, ainsi que Charles Schlosser pour la traduction en allemand.

Possibilité de commander ce livret :

„Über die Verkohlung des Holzes in Gruben“ 

Wenn wir uns mit diesem Heft daran machen, praktische Verfahren der Verkohlung von Holz in Grubenmeilern experimentell zu beschreiben, begeben wir uns auf nahezu unbekanntes Land, denn die Technik der Grubenköhlerei ist schon lange aus der Übung gekommen. Und so verstehen sich auch die Beiträge dieses Heftes als Versuche mit offenem Ausgang, der Praxis der Grubenköhlerei auf die Spur zu kommen. 

Vorgestellt werden drei Versuche mit unterschiedlichen Varianten:

– Thomas Faißt, Baiersbronn, beschreibt das Grubenmeiler-Experiment im Campus Galli;

– Josef Gilch, Ebermannsdorf, stellt eine experimentelle Betrachtung über zwei Grubenmeiler in Ebermannsdorf vor; 

– Martial Acquarone, Ste Croix De Quintillargues (Frankreich) resümiert seine mehrjährigen Erfahrungen mit unterschiedlichen Varianten von Grubenmeilern.

Abgerundet werden dieses Praxisberichte durch eine Zusammenstellung von wichtigen Quellen der Grubenköhlerei in alten Fachbüchern zur Köhlerei.                                                                                     

Ich bin froh und dankbar über die Bereitschaft der drei Autoren, ihre Erfahrungen auf der Suche nach einer vergessenen (vielleicht sogar verlorenen) Technik der Köhlerei zur Verfügung und sich einer hoffentlich einsetzenden Fachdiskussion unter Expertinnen und Experten der aktuellen europäischen Köhlereiszene zu stellen. Einen grossen Köhlerdank für eure historische Neugier und das erkennbar gute Knowhow!!!

Das Heft kann beim Europatreffen in Erlinsbach direkt erworben oder bei mir bestellt werden (tielke-borchen@t-online.de). Der Preis beträgt 9,00 € zzgl. Versandkosten.

En Français (…approximatif) :

« Sur la carbonisation du bois dans les fosses »

Lorsque nous entreprenons dans ce livret une description expérimentale des méthodes pratiques de carbonisation du bois dans les fosses, nous entrons dans un territoire presque inconnu, car la technologie du charbon de bois est depuis longtemps hors d’usage. Les contributions à cette question sont donc considérées comme des tentatives illimitées pour aller au fond des pratiques de l’extraction du charbon.
Trois expériences avec différentes variantes sont présentées :

  • Thomas Faißt, Baiersbronn, décrit l’expérience sur les pieux sur le campus de Galli ;
  • Josef Gilch, Ebermannsdorf, présente une étude expérimentale de deux fosses à Ebermannsdorf ;
  • Martial Acquarone, Ste Croix De Quintillargues (France) résume ses nombreuses années d’expérience avec différentes variantes de fosses.

Ce rapport pratique est complété par une compilation de sources importantes sur la fabrication du charbon de bois dans des ouvrages anciens spécialisés sur la fabrication du charbon de bois.
Je suis heureux et reconnaissant de la volonté des trois auteurs de partager leurs expériences dans la recherche d’une technique oubliée (peut-être même perdue) de fabrication du charbon de bois et de participer à ce qui sera, je l’espère, une discussion spécialisée entre experts de l’actuel charbon de bois européen.
Le magazine peut être acheté directement lors de la réunion européenne à Erlinsbach ou commandé chez moi (tielke-borchen@t-online.de). Le prix est de 9,00 € plus frais de port.

C’est en Suisse, à Erlinsbach, que va se dérouler la 14e Rencontre européenne des charbonniers. Hé oui, nous avons une fédération de charbonnier-es en Europe, l’EKV. Les principaux animateurs sont des Allemands. Pendant trois jours nous allons mélanger nos expériences en carbone et nos saveurs fumantes.

Cette année ce sont des femmes charbonnières qui vont réaliser la carbonisation, avec une meule conséquente. Certainement bien ordonnée comme il se doit dans ce doux pays de l’ordre et du rangement.

Des réunions, des visites, des musiques et surtout de bons repas nous attendent.

Du 7 au 10 septembre. Reportage en vu !

https://www.koehlerfest-speuz.ch/willkommen

https://www.europkoehler.com/index.cfm