LE CHARBONNIER EST IL UN POLLUEUR?
La cuisson d’une charbonnière est surtout caractéristique par les fumées qui s’en dégage. Au départ, pour l’allumage, de grosses volutes de fumées blanches enveloppent la meule et le charbonnier a les yeux qui piquent. Puis c’est la conduite du feu à l’intérieur de la meule avec des petites ouvertures par où s’envolent des fumées d’abord jaunes, puis blanches et enfin bleues. Le charbonnier sent (et respire) ces fumées et évalue en fonction de l’épaisseur de celles ci et surtout de leurs couleurs comment agir.
De vieux charbonniers avaient cette réflexion : seul Dieu sait ce qu’il se passe à l’intérieur (de la meule).
Mais allons voir par nous même. Dans la pratique de la cuisson à la meule, l’énergie de démarrage provient de la combustion du bois, qui est vert. La température qui gagne l’ensemble du bois entassé provoque l’asséchement des buches par évaporation. La grosse fumée blanche en est la conséquence. A partir de 280° le bois va libérer des gaz inflammables qui vont booster la chaleur pour en arriver à la pyrolyse à 500° et donc la transformation de toute matière organique en gaz et en partie en goudron. Le bois devient charbon de bois, avec des proportions carbone – éléments volatiles (hydrocarbures et goudrons lourds) qui tournent autour de 85 à 90% de C.
Quels gaz sont produits ? Jusqu’à 200° le bois perd de l’eau. Il faut 300° pour enflammer le bois. Dans la période de monter en température (la meule est allumée avec du bois sec) la phase jusqu’à 270/280° va donner avec la vapeur d ‘eau mais aussi du CO2 plus quelques autres gaz. Il faut dépasser les 280° pour que les gaz méthane, éthane et éthylène provoque une réaction exothermique et voir la t° grimper. Au delà de 380° les fumées jaunes sont le signe d’une grande proportion d’hydrocarbures.
Tout ceci s’en va dans l’air…
La charbonnier est il un faiseur de gaz à effet de serre ? La carbonisation d’une meule de 10 stères de chêne vert, d’un poids d’environ 8 T, donne dans les 800 kg de CO2 et 560 kg de CO (monoxyde de carbone)*.
Un arbre de 80 ans, rare dans nos garrigues, a absorbé environ 3,7 T de CO2.
En terme de volume l’empreinte carbone est équilibrée mais la restitution dans l’atmosphère du stockage de l’arbre est immédiate. A l’époque où les rotations de coupes étaient de la fréquence des vingt ans, le rapport était plus équilibré. Nos arbres des garrigues dépassent les 50 ans d’âge.
Certains expriment le fait que 4m3 de bois rejettent 280 kg de CO2 par rapport au pétrole qui en équivalence serait d’une tonne et donnerai 2,5 T .
Vivement que je roule au gazogène !
Chiffres tirés du livre « Guide le Carbonisation » Briane, Doat, Riedacker. Edisud 1985
*a vista de nas!
Les vaches produisent 26 millions équivalent CO2 comme 15 millions de voitures par an. Finalement le charbonnier, même s’il mange des fayots, est moins polluant.