A la demande de la Société Languedocienne de Préhistoire, SLP, je vais réaliser une charbonnière à l’entrée du village néolithique de Cambous. Les archéologues vont étudier le déroulement du processus de carbonisation et de l’étude des charbons produits. Nous avions déjà collaboré au même endroit en mai avec un petit manque de temps de cuisson qui n’avait pas permis la carbonisation complète. Cette fois ci nous allons prendre une bonne semaine pour aller jusqu’au bout.
Vendredi 27: mise en place du site et arrivée du bois. Samedi 28 : montage de la meule charbonnière. Dimanche 29 : allumage. Puis du lundi à certainement jeudi, carbonisation et conduite du feu et extinction. Weekend du 5 et 6 octobre nous caverons et récupération du charbon.
Pendant ce dernier we il y aura la rénovation du toit de la maison néolithique et différentes conférences.
En fait c’est la 20è édition de sa fête de la charbonnière dans son joli coin de garrigue vers Bourg-St-Andéol.
Toute l’équipe était là, les métallurgistes et les forgerons (femmes et hommes). Nous ne sommes passés que pour trois jours. Noé devait être là aussi car ça été le déluge de pluie et même de la grêle. Expérience difficile mais intéressante pour la conduite de la meule charbonnière. En gros, une meule gorgée d’eau ça fume, ça fume, ça fume.
La meule était un peu plus pointue que les autres années. Mais en déposant la terre sur le bois grâce à des paniers en osiers, celle-ci a bien tenu.
Nous n’avons pas pu rester pour caver, soutirer le charbon de bois. La forme finale est parfaite. La terre gorgée d’eau a accéléré le processus de carbonisation par secteur et a permis au final une bonne répartition. Peut être a t’elle collé un peu si pas assez sèche ? Bravo les charbonnier-es, vu les conditions mouillées.
Attention, rendez-vous nationaux à ne pas rater (rien à voir avec les jeux olympiques !!) :
Notre ami Jean, charbonnier de l’Ardèche, réalisera sa vingtième charbonnière avec tous ses amies, du 11 au 20 mai, dans son terrain de garrigues à Bourg-St-Andéol.
L’équipe de forgeron-es, métallurgistes et autres artisans, animeront comme chaque fois la semaine. Des personnes très sympathiques et surtout très compétentes dans leurs domaines, un plaisir de les rencontrer. Pour notre part avec Martine, nous y seront qu’en début de semaine car un autre événement nous attends un peu plus loin, voir ci-dessous. Et avec Jean nous allons trouver le temps de faire de l’huile de cade.
C’est en Bretagne que ce passera l’autre rencontre qui n’a rien à voir avec le charbon mais qui me tient à cœur. Je vais présenter mon exposition « L’Île d’Enfer » à la fête maritime de Binic, le fête de la morue (hé oui!). Rendez-vous du 9 au 12 mai. L’Île d’Enfer c’est par ici : https://ile-denfer.eu/
Petit séjour en Anjou, pas loin de la Loire avec ses châteaux, dans la petite ville de Villaines-Les-Rochers, capitale de la vannerie. Dans la rue principale les maisons accolées à une sorte de colline plate ont toutes des extensions troglodytiques. Creusées dans le tuffeau, ces petites pièces servaient d’habitations et de réserves. La région est riche de cette architecture souterraine. Nous sommes donc ici pour la semaine, Martine à un stage de tressage de l’osier chez Romand’art avec Catherine et Christophe, de véritables artistes de la vannerie https://www.vannerie-romand-art.com/vanniers-villaines-les-rochers/https://www.vannerie-romand-art.com/vanniers-villaines-les-rochers/
Cette région est faite d’alternance de champs et de petit bois. La toponymie du coin nous renseigne sur une activité qui bien sur déclenche chez moi un intérêt premier. Au détour d’un virage, un panneau indique « La charbonnière ». Ce lieu-dit abrite trois maisons dont une revendique le nom.
Dans la ville de Villaines, il y a aussi dans la route qui part vers Azay-Le-Rideaux, un emplacement qui porte aussi la désignation de charbonnière. Je n’ai pas réussi a trouver des explications mais il est facile de comprendre que l’activité du charbon de bois était bien présente dans ce territoire comme partout ailleurs.
Les 14 et 15 octobre, le site néolithique de Cambous aux maisons imposantes, recevait un grand nombre d’activités orientées préhistoire.
Notre ami René, le king du feu, a comme toujours, capté l’attention des visiteurs avec son fabuleux stand des techniques du feu. Planqué dans la maison néolithique reconstituée, attention la porte est basse, il a pu démontrer toute sa science de l’allumage.
Dans la cabane il y avait aussi des étudiantes qui montraient le fonctionnement d’un métier à tisser proto-historique. Elles avaient aussi une superbe jarre dans laquelle elles réalisaient de la teinture végétale. René n’a pas pu s’empêcher de les allumer !
Martine, la vannière immortelle, présentait une superbe collection d’objets en vannerie. Des moules de poterie, en jonc, montraient comment nos ancêtres lointains utilisaient le tressage des végétaux. Des visiteurs ont travaillé certains végétaux sous la direction de Martine. Elle démontre ainsi que la vannerie très ancienne et quasi la même qu’aujourd’hui.
Pour ma part, j’ai accueilli tout au longs de ces deux journées, en compagnie de mon collègue ardéchois Jean, avec sa compagne Anne-Marie, un public continu. Beaucoup d’intérêts ont été exprimé par ces visiteurs avec une forte envie qu’on ouvre la meule.
Ce fut chose faite dans l’après midi du dimanche. L’extinction n’étant pas terminée il a fallut jouer aux pompiers avec les reprises de feu.
Il y avait dans le site un grand nombre de stands et d’animations, dont de la métallurgie. Le charbon produit par ma charbonnière Ar-Nhette servira aux expériences des archéologues dans les recherches sur le travail des métaux. Le site de la Société Languedocienne de Préhistoire : https://www.prehistoire-cambous.org/
5 jours et 4 nuits passés auprès de ma charbonnière Ar-Nahette à Cambous.
L’allumage, moment très important, a duré 3 h. Le tirage était faible, pas de vent, une douceur incroyable. Cela n’aide pas finalement, la cuisson commence mollement et le restera jusqu’à la fin. dérèglement climatique qui s’impose même là…
Puis c’est parti pour plusieurs jours. J’ai la compagnie d’Arthur, un futur égyptologue déjà confirmé, qui me donne un bon coup de main.
Les nuits sont aussi douces et parfois un peu longues. Sommeil coupé, un petit feu de bois pour seul compagnon. Les sangliers ne viennent même pas nous voir. J’aurai tant aimé avoir la visite d’un loup. Par contre la grande ourse, Jupiter et Vénus nous accompagnent avec en fond la voie lactée, un délice !
Fumées jaunes, fumées bleues, le processus se déroule. Toujours un peu poussif, on ouvre bien en bas. Manque un peu de vent. Arthur pose un hamac, ça va mieux que mal assis dans les chaises de camping. Faudra prévoir un rocking chair pour la prochaine fois.
La meule se tasse, les couronnes de trous sont de plus en plus basses. La conduite du feu parait lente, alors qu’elle demande une attention permanente.
Grâce au kit solaire de COOPDEA, nous avons une lampe électrique qui éclaire toute la nuit. Pratique et souple, il nous permet de recharger nos téléphones et lampes sur batteries.
A suivre, les journées de l’archéologie et territoires …
Nous avons, Arthur, Simon et moi, monté la meule de bois. Mais avant tout j’ai voulu mettre des branches au sol pour isoler le bois de la terre. Cette terre de la faulde est souple et les rondins de bois s’enfoncent un petit peu. Du coup la cuisson pourrai être mauvaise à cet endroit et provoquer de nombreux incuits.
L’apprentissage est dur mais passionnant. Le jeux de kapla en grandeur réelle. Le bois n’est pas optimum pour ce genre de réalisation. Trop tordu et gros, faut jouer pour équilibrer la pyramide.
Aujourd’hui a était le jour des travaux les plus éreintants.
Agrandissement de la faulde. Avec un niveau et un bastain comme pour du béton.
Livraison de 6 stères de chênes verts, environ 4 T, voire un peu plus. C’est Cédric Lavabre de Sainte-Croix-De-Quintillargues qui les livre. La terre vient aussi de Sainte Croix. Un, mon, village charbonnier ça ne se refait pas !! Mais c’est Frédéric, employé de la commune de Viols-En-Laval, qui a fait le transport.
C’est d’ailleurs avec lui et Arthur, un jeune archéologue, que nous avons rangé le bois. Merci à vous deux !
Encore plus de terre autour, elle servira pour le recouvrement de la meule, et le bois bien rangé en rond, le charbonnier peut aller se reposer tranquille.
La charbonnière que je vais conduire à Cambous à toutes les allures du « comme avant ». Bien que cela se passe dans les journées de l’archéologie, plutôt orientées protohistoire, cette forme de charbonnière en meule correspond aux périodes antiques (à confirmer) et médiévales. Il serai intéressant d’approfondir la réflexion de toutes ces techniques de fabrication du charbon de bois et leurs différentes apparitions dans le temps. Quid des premières charbonnières, meules ou fosses ?
Un emplacement a créer, la faulde, pas d’électricité et peut être pas d’eau. Mais coté électrique j’ai la ressource de l’ONG COOPDEA avec un kit solaire (ceux expédiés en Ukraine).
Ce matin, débroussaillage et coupe des branches surplombantes. Puis livraison d’une terre tout venant pour mettre le sol plus ou moins à l’horizontale. La faulde doit être assez grande pour contenir la meule de bois et plate pour l’équilibre de l’ensemble. La terre est fournie par Laurent Salvi, le neveu de Louis, mon maitre charbonnier. Le transport est fait par Frédéric, employé communal de Viols-En-Laval.
Frédéric a aussi coupé les enchantillons (petits rondins de bois) avec sa machine à ruban. Un bon point car c’est une des coupes les plus longues à faire.
Demain livraison du bois et terre de recouvrement.
Si le ciel nous tombe pas sur la tête (citation historique !!), j’aurai l’occasion de réaliser une charbonnière sur le site du village préhistorique de Cambous du 6 au 15 octobre.
Cette cuisson s’inscrit dans le cadre des journées « Archéologie et Patrimoine » qui auront lieu les 13, 14 et 15 octobre. Avec de très nombreuses animations et expositions dans les communes de Viols-En-Laval et Viols-Le-Fort.
En attendant d’avoir le programme détaillé, voici celui de Cambous :
Ces journées sont réalisées par diverses associations et institutions et pour ma part je collabore avec la Société Languedocienne de Préhistoirehttps://www.prehistoire-cambous.org/
Cambous, un village néolithique exceptionnel avec la reconstitution d’une maison de cette période.
Quel bonheur de se promener dans un bel endroit et de tomber sur des fours de carbonisation. La balade a commencé par une montée assez raide vers les falaises surplombant le petit village d’Eyzahut. Ce micro village domine la plaine de la vallée du Rhône vers Montélimar. Un passage par une superbe arche, le trou du furet, permet l’accès sur les hauteurs. De l’autre coté nous dominons le village médiéval de Poët-Celard. Toute la splendeur de cette Drôme à lavande se dévoile de ce point de vue.
La descente nous a donc réservé la bonne surprise d’un emplacement de fours en fer. Deux fours de type magnien, certainement des vestiges de chantier de la dernière guerre mondiale. Rien de bien nouveau dans cette rencontre si ce n’est un grand plaisir de se trouver dans un lieu où des collègues ont œuvré.
Ces découvertes ont le charme de donner une ambiance dans laquelle je me sens intégré et joyeux d’y être (voir https://www.altimara.eu/blog/2015/12/30/les-petits-fours/).
Cette année nous n’avons pu que passer 2 jours et demi chez Jean, dans son domaine de garrigue. Moment important, le cavage, c’est-à-dire la récupération du charbon en fin de cuisson. Je n’avais pas eu l’occasion d’y assister les fois précédentes. Intéressant de voir comment son équipe, les forgeron-es et métallurgistes, répartissent les bouts de charbon en marguerite autour de la meule. La terre noire est très poussiéreuse, l’usage de masques est salvatrice.
Extraction du charbon, mise en tas des incuits, tamisage de la terre et dépôt de celle-ci en couronne tout autour, les gestes sont précis, on sent l’expérience de chacun.
Puis le geste valorisant de la mise en sac et de tous ces sacs qui s’alignent, preuve de la bonne cuisson de la charbonnière.
Mois de mai, mois des charbonnières. Pendant que je conduirai la mienne à coté du Pic-St-Loup, Jean et son équipe auront la leur dans le petit coin de garrigue ardéchoise comme chaque année. Faites fête au charbon de bois et aux charbonnièr-es !
Il est courant, ou tout moins possible, en se promenant dans nos garrigues de trouver des cercles de fer rouillé. Pour la plupart en piteux états, ces ronds sont des restes de four à charbonner. Chaque cercle correspond à un élément de ces fours. Viroles, couvercles ou simple anneau, ils rappellent que les structures étaient à plusieurs niveaux.
Ces dispositifs datent, pour certains, des programmes développés par Vichy, l’État français qui remplaça la République, pour répondre au besoin d’énergies suppléant le manque de pétrole pendant la Seconde Guerre mondiale.
La cuisson en four est plus simple que celle en meule et a pu être mis en œuvre par des ouvriers non qualifiés. Mais certains s’y sont frottés à la technique traditionnelle de la meule.
Dans cette période difficile pour la France et surtout pour les Françaises et Français, des initiatives étatiques ont essayé de combler le manque de ressources. Ainsi un mouvement de jeunesse mis en place par le régime de Vichy, a été créé dès l’été 1940, le 25 juillet, Les Compagnons de France. Cette association paramilitaire indépendante, se voulait de former des jeunes de 14 à 19 ans pour le renouveau des forces vives du pays. Près du Pic-St-loup, il existe un petit village, Viols-en-Laval, connu aujourd’hui pour son site archéologique de Cambous. Dont le nom provient du château de cette petite commune. C’est dans cette demeure que s’installe une petite troupe des Compagnons de France.
Ces jeunes formés, dans une ambiance entre scoutisme et militarisme, avaient un uniforme et saluaient le bras tendu. Le caractère fasciste du gouvernement impose de fait ces comportements. L’un de ses cadres, qui portait le nom en résonance de Pierre Compagnon, déclara que « Le mouvement n’est ni fasciste ni phalangiste, il est français». En 1942, plusieurs rentrèrent dans la Résistance.
Installé au château de Cambous, les jeunes gens participaient aux travaux agricoles, vendanges et aides aux fermiers et viticulteurs.
Et puis ils ont été charbonniers. A la traditionnelle, en meule, ce qui laisse à penser qu’ils avaient un maitre charbonnier pour les conseiller.
Le chantier se situe à Valboissière dans la commune de Brissac. Le journal Le Petit Méridional en a fait l’écho dans un article qui vante les qualités saines de ces jeunes hommes. Un chantier de carbonisation était aussi en activité à Viols-le-Fort de la mi-janvier à début mars. Il rapporta 6 000 et 1 000 fr.
Difficile de savoir s’ils ont apprécié ce type d’activité. La discipline un peu rude dans ce mouvement et les contraintes du travail de carbonisation, ne devait pas être ce que cherchent des jeunes à cet âge.
Dans cette période de guerre, le château de Cambous a accueilli diverses troupes. Ce sont des militaires belges qui occuperont en premier ce lieu. Puis les Compagnons de France de 1940 à 1942 suivi de militaires français dont le célèbre général de Lattre de Tassigny. A la suite de la guerre, en 1950, les 24 baraquements construit servirent de logements aux enfants juifs pour leur formation et transit vers Israël.
L’historique du château et de son utilisation est tiré de la publication de Christian PIOCH, « Le château de Cambous et les Compagnons de France (1940-1942). « Dans Études Héraultaises, 1964.
Rendez-vous important à Cambous. J’aurai le plaisir de conduire une charbonnière avec les archéologues du site en mai 2023. Mais ceci est une autre histoire…
De passage dans cette belle région aux grands noms de domaines viticoles, je ne pouvais pas rater un village qui s’appelle CHARBONNIÈRES.
L’activité du charbon de bois a totalement disparu et je n’ai pas trouvé de vestiges non plus. Ce petit village, environ 300 âmes, est constitué de 4 hameaux.
Les habitants ont un gentilé assez original. Ils se sont nommés dans un premier temps, les « Charboutis » puis ils ont adopté un nom très particulier, celui de Leunais-aise. Celui-ci provient d’un surnom un peu moqueur de Lunès de charbonnières.
D’après un certain Pierre Plavinet, le nom est associé à celui que l’on donne localement aux emplacements des charbonnières, les fauldes, sous le vocable populaire de lunes charbonnières.
Les charbonniers et la lune, c’est vrai que la pleine lune permet la surveillance de la meule sans apport de lumière. La nuit, le noir l’emporte, le charbonnier sélénite, tourne tel un chat noir autour de l’incandescente charbonnière toute de noir vêtue.
Nous nous sommes retrouvés, charbonniers, forgerons, métallurgistes et autres artisans des savoir-faire ancestraux chez Jean, en Ardèche, comme chaque année en mai.
Il y avait la traditionnelle meule des forgerons et de Jean, une cuisson dans un four métallique et ma charbonnière en fosse circulaire.
J’écrirai un peu plus tard deux autres articles concernant ces deux façons de carboniser.
La meule était plus plate cette année, ou plutôt moins bombée. Recouverte de la terre noire, elle avait un bel aspect. La couverture végétale était non pas de buis mais de ramilles écrasées. Le buis a sérieusement disparu à cause de la pyrale. Montée lors du weekend, l’allumage de la meule a eu lieu le lundi matin. Les bois sont posés sur des palettes, technique mise au point l’année dernière, pour limiter les incuits des bois qui touchent le sol.
Comme on a affaire à des forgeron-e-s, une solide échelle en fer avec une rampe a été construite pour monter au sommet de la meule.
L’allumage est toujours le moment le plus rassembleur. Grosse fumée, photogénique pour les badauds, un peu moins agréable pour celles et ceux qui alimentent le feu.
Le maitre surveille, bien que Krem, forgeron de métier, soit tout à fait capable d’assumer cette cuisson. La passation est en marche, voire effective.
Cette année la meule a fonctionné au turbo, le tirage a été violent. Le fait d’avoir des palettes, donc un plancher ouvert doit influencer sur la conduite du feu. La cuisson a été assez courte, 4 jours et nuits.
Puis dimanche le charbon a été cavé, récupéré. Un peu plus d’une tonne, assez pour alimenter les forges et bas-fourneaux jusqu’à l’année prochaine.
Charles Schlosser, charbonnier de longue date et animateur d’un groupe actif de charbonniers en Alsace, vient de sortir un magnifique livre en cette fin d’année.
« Le charbonnier, une longue histoire« , I.D. l’Édition, un livre qui se veut à la fois évocation historique, technique et humaine (sic).
Neuf chapitres qui nous permettent de naviguer dans les différentes facettes de ce dur métier, des techniques de carbonisation et de tout ce que la charbon de bois a généré dans nos sociétés et nos esprits. Légendes et art sont aussi présentés avec, proximité oblige, des textes en allemand.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer Charles Schlosser, nous avons échangé des messages dans lesquels on se sent en harmonie et je suis très heureux d’avoir un tout petit peu contribué à son livre avec deux photos.
Belle semaine de charbonniers chez Jean. Cette année le bois était très sec malgré une météo un peu humide. La conduite de la carbonisation demande une attention plus soutenue car le bois sec accélère le processus. La veille est importante pour stabiliser la descente du feu. De plus le charbon semble plus friable.
Les forgerons métallurgistes ont œuvré, souvent tard !!, en effectuant des réductions de minerai de fer dans des bas fourneaux divers. Feu, flammes, cette création a un coté démoniaque bien sympathique et très attirant.
Merci à Jean et à toutes et tous, pour cette occasion magique de se retrouver malgré le contexte pesant des distanciations obligées.
l’équipe de St Guillaume a allumé le feu dans la marmite remplie de 4 stères de bois.
les bûches une fois déposées dans la « marmite », il est mis un cordon de terre dans les rainures des jonctions des viroles pour l’étanchéité.
La cuisson dure une quinzaine d’heures puis tous les évents et les 4 cheminées sont fermés.
la marmite va refroidir doucement et c’est après quelques jours que l’ouverture du four est réalisé quand tout est bien refroidit.
la récolte du charbon est de l’ordre de 250 kg. Le stère de hêtre sec est de l’ordre de 700 kg soit au départ 2800 kg de bois.
Les animateurs ont démontré leur savoir faire avec cette technique de cuisson au four métallique. Une jolie expérience que j’aimerai tant expérimenter en garrigue. Faut juste trouver un four en état de fonctionner ce qui est rare. Par contre maintenant je sais à qui m’adresser pour avoir des conseils.
J’avais eu l’occasion de voir le site des fours métalliques dans le forêt des Baumaises de la commune de St Guillaume (https://www.altimara.eu/blog/?p=2926). Ce village est au pied du Vercors, à coté du Mont Aiguille.
Ces fours ont été utilisé comme partout en France pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce sont des jeunes enrôlés dans des chantiers de jeunesse qui ont fait fonctionné ces marmites de 1940 à 1943.
Je suis rentré en relation avec l’un des organisateurs, M. David Piccarreta. David m’a envoyé un livret qui décrit leurs activités avec une cuisson en 2010. L’utilisation d’un four Magnien d’origine est assez unique. C’est la chance des cette équipe dynamique.
Ils ont refait une cuisson, ce samedi 31 août, à laquelle je n’ai pu assister faute de disponibilité. Voici des photos très démonstratives de la mise en place. Dès que j’aurai celle de la cuisson, je les mettrai aussi en ligne.
Bravo à cette équipe, en espérant les rencontrer une prochaine fois.
Un vent à décorner les taureaux a retardé l’allumage des charbonnières. Jean, Krem et toute l’équipe avaient préparé la meule. Pour ma part, j’avais creusé courageusement un plus grand trou que l’année dernière à l’emplacement de la charbonnière en fosse. Elle était prête avec son bois sous la terre. Enfin et après accord des pompiers, nous avons allumé conjointement nos « fourneaux ». Carbonisation en marche !
Entre temps des classes scolaires nous ont rendu visite. Un atelier pain a aussi bien fonctionné avec le grand four et l’énergie de Lisa et Simon. Bien sur les marteaux n’ont pas arrêté de taper, actionné par les bras vigoureux des forgerons et forgeronnes. Une superbe structure en bambou a était construite en 3 jours, du beau travail. L’atelier vannerie a été un bon moment pour Martine qui a pu avec Simon, élève studieux et doué, fabriquer une grosse manne.
Cette fête de la charbonnière attire de nombreux jeunes qui veulent apprendre ou se perfectionner à la forge. L’ambiance est joyeuse et très amicale et les anciens, comme moi, apprécions cette énergie en éclosion.
Le besoin de transmission se concrétise et il est heureux de voir ces jeunes gens s’intéresser autant à ces vieux savoir faire. C’est assez rare et donc important de le signaler.
Encore une belle fête, une équipe hétérogène mais dynamique, de belles rencontres, la magie charbon a encore fonctionné.
Rendez vous les 27 et 28 avril à Caveirac, pas loin de Nîmes, dans une garrigue magnifiée, pour une nouvelle cuisson de charbonnière. J’ai répondu avec plaisir à l’invitation du président de l’association pierres sèches et garrigue de ce village.
Divers aspects des métiers et caractéristiques des garrigues seront présentés en même temps. René, le grand spécialiste du feu, animera son fameux atelier des techniques d’allumage du feu. Nathalie aura un atelier de teinture végétale et Martine créera de la vannerie avec des tiges d’oliviers.
la liste des intervenants est grande, de belles journées en vue.
Bienvenue à toutes et tous ceux qui veulent profiter de ce moment pour apprendre à « conduire le feu », c’est à dire « carboniser ».
À la demande de Pauline, conservatrice de la Réserve Naturelle Régionale (RNR) du Gardon, qui dépend du Conservatoire d’espaces naturels / Languedoc Roussillon, j’ai dirigé un chantier de restauration d’une loge charbonnière dans les gorges du Gardon.
Cette rivière, le Gardon, est très connue par le célèbre Pont du Gard qui l’enjambe. En amont de ce bel ouvrage antique, la rivière le Gardon coule tranquillement dans les méandres de splendides gorges assez profondes. De l’eau, des grottes et de la garrigue, le lieu a été largement exploité par les hommes depuis fort longtemps et l’activité charbonnière est très présente.
Dans sa mission de valorisation du site, la RNR aménage un sentier de découverte au lieu dit « la Baume ». Dans le parcours il y a une plateforme charbonnière qu’il fallait valoriser, d’où ce petit chantier de réhabilitation.
La loge, sans vestige de cabane ce qui est rare, se situe dans la descente vers la rivière, juste en bordure d’un chemin qui pendant très longtemps a été un axe de passage via un gué d’une rive à l’autre.
Durant les deux jours du chantier, nous étions en équipe mixte avec des techniciens du Conseil Départemental 30, Pauline et moi.
Dans un premier temps il nous a fallut remonter le muret de soutènement extérieur et couper la broussaille. Puis nous avons mis en place un escalier avec de grosses pierres et enfin niveler l’aire de charbonnage. La chance a été de trouver sous une bonne épaisseur de colluvions, de la terre noire en partie organique mais aussi et en partie issue de poussières de charbon.
La faulde, aire de charbonnage, est plus grande que celles que l’on trouve habituellement dans nos garrigues. D’un diamètre d’environ 7 m, elle a pu supporter de grosses meules. Les arbres, dans cette partie un peu fraiche, poussent très bien et donne un plus grand volume de bois que dans les parties sèches.
Cyril du CD30 et enfant de la région, nous a indiqué qu’il existe un grand nombre d’anciennes charbonnières dans les combes basses qui débouchent dans les gorges. Une noria de barques permettait le transport du charbon et d’autres matériaux via la rivière.
Il est toujours agréable de voir un endroit abandonné reprendre vie, et spécialement en garrigue où c’est quasi immédiat. C’est le genre d’intervention que j’apprécie fortement, agréable et dans un lieu superbe, plein de patrimoine vernaculaire. Nous avons formé une équipe efficace et sympathique, merci à toutes et tous.
Inauguration du sentier avec panneaux et livret explicatif cet été. Départ de la rando au village de Sanilhac-Sagriès (à proximité d’Uzés).
En ce début d’année, une visite agréable dans une superbe forêt du Trièves et en bordure du Vercors. La petite commune de St Guillaume peut s’enorgueillir de posséder un intéressant site de fours à charbonner. 4 fours métalliques, du type Magnien, avec deux étages (viroles) démontables, ont été déposés à flanc de montagne sur un replat. L’un d’eux à fonctionné en 2010 pour une démonstration souvenir de l’utilisation de ces fours en 1940 lors de chantier de jeunesse. Des bénévoles du village sur les conseils d’un charbonnier ardéchois (cf. https://www.altimara.eu/blog/?p=2462) ont retrouvés les gestes des jeunes charbonniers de la guerre. Depuis le site est interprété par deux grands panneaux qui donnent des explications de cette activité dans ce lieu.
Je serai ravi de participer à un nouveau fonctionnement de ce four.
La cuisson en meule semble apparaitre dans nos contrées au Moyen-Âge. Cette technique se serait développée dans les territoires du nord d’où son nom : la meule suédoise. Depuis l’antiquité et peut être même avant, la production du charbon en zone sud se réalisait en fosse, c’est à dire en creusant un trou dans le sol; trou carré ou plutôt rectangulaire, voire un simple creux concave de faible profondeur. De récentes fouilles de sites antiques donnent un peu plus de précisions de ces activités dans ces temps là. Jusqu’à récemment les archéologues n’avaient eu que peu d’intérêt pour ces charbonnières. Un colloque en 2013 a réuni un grand nombre de scientifiques spécialistes du charbonnage du bois. L’intérêt pour cet artisanat, du point de vue historique, est maintenant bien réel.
Confronter le savoir et le savoir faire est primordial pour avoir une réelle connaissance de cette pratique. Aussi j’ai réalisé une cuisson à la fosse lors de mon séjour à la fête de la charbonnière chez mon ami Jean en Ardèche.
De petites dimensions, 2 m de long et 0,50 m de profondeur, le creux a été facile à remplir de bois.
Puis j’ai recouvert l’ensemble de ramille de buis et de terre
La cuisson a duré 2 jours, malheureusement fortement perturbée par une grosse pluie
J’avais creusé trois « cheminées-sorties » : 2 de part et d’autre et une à l’extrémité. L’allumage a été assez laborieux à cause du manque d’énergie que la faible quantité de bois ne permettait pas de fournir. Le « feu » s’est ensuite bien déplacé le long de la fosse.
La quantité de charbon a été assez faible, pas assez de matière à carboniser, un manque d’inertie thermique et une grosse pluie qui a limité sa diffusion.
Le système a bien fonctionné, le procédé est bon, je renouvellerai l’expérience en 2019 avec une fosse plus importante et donc plus de bois.
A lire: Charbonnage, charbonniers, charbonnières, Confluence de regards autour d’un artisanat méconnu. S. Paradis-Grenouillet, S. Burri, R. Rouaud. Presse Universitaire de Provence. 2018.
j'ai eu l'occasion de participer à de très nombreuses manifestations ou rencontres, et aussi de présenter des conférences. Ma chance est d'être souvent accompagner par des passionné(e)s qui sont aussi animateurs(trices). Charbonnière, exposition photo, techniques du feu, vannerie sauvage, four à chaux, teinture végétale, savoir faire anciens, nous sommes toute une équipe qui peut animer dans une manifestation. Contact Martial, martialcharbon@altimara.eu Dossier complet: https://www.altimara.eu/blog/?page_id=143