Bois d’Islande, bois flotté, bois planté

Projet Ekokolakaka

Le volcan Sundhnúkagígar nous accompagne en créant un épais voile qui enveloppe toute la côte sud. Parfois le brouillard se déchire et laisse passer des rayons de lumière dans l’atmosphère bleue de la fumée volcanique. Fumée bleue comme celle des charbonnières, étrange !

La qualité de la cheminée de gros calibre limite notre propre production de fumée. Plutôt foncée au démarrage des gaz de carbonisation.

L’atelier presse. Des bouts de tuyaux, de vieilles bouteilles et quelques morceaux de fer : ultra simple !

Après toutes ces épreuves il était temps de faire nos Kolakaka. Voici la recette : prenez 8 parts d’une belle poudre noire de lupins carbonisés. Cette plante qui est passée dans notre four, s’écrase facilement et donne une poudre légère comme une aurore boréale…noire. Mélangez avec de la hveiti à 20 %, qui a été dilué auparavant à 10 % avec l’eau du Mýrdalsjökull, une eau qui peut avoir 1000 ans d’âge. Après c’est tout simple, un bout de tuyaux et paf trois coups avec le marteau de Thor (prononcez Ssor !).

Le marteau de Þor à l’arrière plan !!

Et voilà nos kakas (gateaux) carbonisés (Kola).

Pour Kidda et Siggi, c’est une grande découverte. Ils ont trouvé un bon moyen de valoriser ces lupins envahisseurs. L’atmosphère de mise en place de cet atelier a été des plus agréables. Chaleur de l’accueil, qualité des mains d’œuvre, résultats au delà de nos espérances et surtout bienveillance des personnes qui ont cru jusqu’au bout au projet et ceci dans un environnement exceptionnel entre océan et glaciers. Nous avons eu de nombreuses visites de la part de personnes intriguées et vite convaincues de la faisabilité et l’utilité du projet. D’autres ateliers vont certainement voir le jour ici et tout autour du pays.

Le nom du projet est : Ekokolakaka ou 4K. Et non pas Kaka-Kola comme certains l’ont suggéré !! Du charbon écologique, matière renouvelable, lutte contre plantes invasives et capture de CO2. Si on y rajoute bonne ambiance et produit circuit court, nous avons réussi une belle expérience concrète.

Merci à Kidda et Siggi d’avoir cru en nous, de nous avoir autant donner d’amitiés et de nous permettre de réaliser ce projet qui me tenait tant à cœur.

C’est l’heure du grand exercice de la carbonisation, le four va-t-il fonctionner comme espéré !!

Préparation avec découpe du bois flotté. Les fermiers possèdent plusieurs km de plage noire où les arbres provenant soit de Sibérie, soit du golfe du Mexique s’échouent en quantité. Ce bois a été une ressource primordiale pour les habitants depuis la colonisation. Il compense le manque d’arbres dans ce pays. La première cuisson se fera avec ce bois pour obtenir une bonne énergie avec des hautes températures pour nettoyer les barils des huiles et peintures. Le stock de lupins est prêt aussi.

Nous remplissons le four dans un paysage très ouvert.

Le four est prêt. Allumage par le haut comme il se doit par Kidda, la marraine du projet et fermière qui nous accueille.

Le feu et la glace, le cliché typique définissant l’Islande.

Premier résultat…totale satisfaction, du pur charbon de bois flotté….parfait !

Deuxième cuisson avec du lupin cette fois ci :

Plus que parfait !

Nous avons changé de place avec un petit look de western !

Maintenant nous allons faire des kaka !! exactement des kolakaka !! À suivre …

Visite de Hespa, atelier de teinture végétale près de la ville de Selfoss. Gudrun se passionne pour cette technique. Elle utilise des plantes locales comme le lichen, les lupins ou la rhubarbe et aussi des plus exotiques comme les cochenilles ou l’indigo. Une belle rencontre avec qui partager des affinités de savoir faire. Sa laine noire teintée avec des racines de raisin d’ours est exceptionnelle. Toutes ses laines sont superbes, on peut aussi les commander avec le site de « Triscote ».

Un fer à braise en exposition dans l’atelier.
https://www.icelandcolors.com

A Reykjavik nous avons visité une jolie expo avec des bois flottés.

Je profite de mon court séjour pour compléter ma collection de photos de bois planté. Arrivés par la mer, ils s’échouent lors des tempêtes. Les islandais habitant les bords de mer, la plupart, plantent ces bois à l’envers, les racines vers le ciel.

J’ai fait de même aujourd’hui !

Vient il de Sibérie ?

Voir d’autres articles sur ces bois des mers: Mes performances, bois d’Islande, bois flotté, bois planté. A gauche dans la deuxième cartouche.

Nouvelle d’Islande, les bois flottés qui arrivent pour la plupart de Sibérie via le courant nord atlantique, ont été dans les siècles passés difficiles un matériau de premier choix. Le pays manque dramatiquement de ressources naturelles pour la construction dont le bois.

Si ces bois de mer ont été ramassé avec des règles bien précises, aujourd’hui ces laissés de mer sont abondant sur les plages et peu utilisés. Les coupes et les abattages important en Russie, laissent échapper de plus en plus de grands arbres vers la mer via les fleuves.

La navigation a toujours redouté ces béliers flottants surtout dans ces mers souvent agitées.

Aujourd’hui les gardes côtes islandais nettoient l’océan des plus gros arbres qu’ils repèrent. L’équipage du garde côte Thor a réalisé une belle prise, un arbre de 15 m.

Ces bois flottés m’avaient permis de fabriquer du charbon de bois lors de l’événement culturel Fresh Winds, en réalisant une belle charbonnière, protégé du vent par des caisses de poissons: https://www.altimara.eu/blog/?p=205

Fin de séjour en terre boréale avec un bain dans une piscine d’eau chaude naturelle dans le Strandir.

Les bois flottés s’échouent par dizaines sur la plage qui sépare la piscine de l’océan arctique, ici groenlandaise. C’est l’occasion aussi de voir des icebergs qui dérivent comme les bois tout en se relaxant dans l’eau chaude…

Bientôt la Festa Del Bosc dans la montagne noire au nord de Carcassonne, on s’y retrouve pour une nouvelle charbonnière et des balais en genêt. A suivre !

Retour sur l’Islande et ses bois plantés. Ces restes de troncs qui ont voyagé pendant plusieurs années à l’horizontale sur l’océan et qui finissent la tête en bas (et donc les racines en l’air) dans les terrains des fermes.

Là nous sommes coté sud et ces arbres proviennent d’Amérique Centrale ou Sud via le Gulf Stream. La coté sud est bien moins fournie que le nord qui « profite » du fort courant sibérien qui charrie un grand nombre d’arbres de la Taïga.

Je vais reprendre mes cuissons de lupins bientôt.

C’est dans le sud, sur la plage du beau lagon glaciaire de Jökulsárlón, que j’ai vu un bois flotté au milieu des petits « icebergs ». Cette partie de l’Islande est léchée par le Gulf Stream qui réchauffe l’ensemble des cotes. Les bois flottés sont plutôt d’origine du golfe du Mexique. A contrario du coté nord où les bois, entrainés par le courant froid,  viennent de Sibérie. Bois exotique ou ordinaire, ce bois des mers a trouvé sa place entre noir et blanc, entre sable volcanique et glaces.

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Nouvelle saison en Islande.

Deux projets, l’un « comment utiliser les immenses champs de lupins d’Alaska » pour fabriquer des briquettes de charbon végétal. Une idée un peu folle que ce beau pays est capable d’accueillir.

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Et l’autre est la suite de la recherche des bois de mer, qui m’ont servi il y a trois ans pour réaliser une cuisson de charbonnière (cf Fresh Winds charbonnière Islande). Curieux bois qui proviennent essentiellement de Sibérie et qui se retrouvent plantés à l’envers. En voici un qui est échoué sur une plage de l’océan arctique.

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Au pays des bois flottés, il faut s’échouer sur une cote à nulle autre pareille. Des tas et des tas de bois. des longs, des courts, des droits, des tordus, etc. Le ramassage et l’empilement ont été exceptionnel. Que va devenir ce bois?

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Le courant marin froid vient de Sibérie. Il charrie des morceaux ou des arbres entiers qui traversent l’océan arctique pendant plusieurs années. Lors de tempêtes ces bois sont projetés sur les berges. La partie nord ouest de l’Islande est très fournie, il y a des échouages quasi quotidiens. C’est là aussi que certains ours blancs, en provenance du Groenland, arrivent transportés involontairement par des icebergs. Cas assez rare quand même. Il y a aussi des galets de granit groenlandais que les glaces déposent sur ces cotes.

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A la limite du cercle polaire arctique dans la baie d’Husavik, à la plage de Sjávarsandur, les bois flottés sont nombreux sur les plages. Quelques fois les troncs se retrouvent loin à l’intérieur des terres. Vestiges de tempêtes, peut être, ces bois sont certainement très vieux. Le bois des mers se conservant bien, il reste échoué sans trop se détériorer.

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Le site réputé pour ses phoques, Illusgastaðir, péninsule de Vatnsnes, est un bel endroit avec une multitude d’oiseaux différents. Parmi les rochers de ce bord de mer, de nombreux bois flottés s’y sont échoués. Près d’un vieux tronc, là depuis longtemps car en état de pourrissement, une cane Eider s’est mise à l’abri des vents parfois forts dans ce coin ouvert.

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Contre le corps de ferme, un arbre inversé, bois de mer

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Un autre est arrimé tel la poupe d’un bateau viking

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Un lieu étrange, l’activité volcanique devenue sculptrice, l’actualité rejoint le passé. Une éruption du volcan Katla, tant redouté, il y a plus de 1200 ans à généré une coulée de boue, un jokullhraup, qui a enseveli une belle forêt. Il y avait là des arbres de 500 à 600 ans. L’érosion a mis à jour les souches.

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Bien des objets en bois sont arrivés en Islande par la mer. Dans les plus célèbres, l’Histoire cite les bois du siège du premier homme d’importance a être venu s’installer dans ce nouveau pays. En 874, Ingólfur Arnarson, vient s’installer définitivement sur cette île. Il laisse le destin guider le choix de l’emplacement de sa ferme. Pour ce faire il jette à l’eau les montants sacrés de son « haut siège » (les öndvegissúlur), signe de sa position dominante dans cette société, et déclare qu’il s’installera où ces bois s’échoueront. Ceux ci seront retrouvés par une » mission » dans une baie où sont de nombreuses sources d’eaux chaudes, la baie des fumées: Reykjavik.

On apprend aussi que l’un des personnages importants de ces époques accoste au futur emplacement de la ville de Borganes, à l’Ouest, en suivant le cercueil de son père qui avait été jeté ds l’eau. Cet homme, du nom de Grímur Kveldúlfsson ou Skalla-Grímur (Grim le chauve) est connu pour sa force phénoménale. Il est forgeron. Ce qui vient à se reposer la question de quel charbon de bois il utilisait pour sa forge. Sa descendance verra avec son fils Egill Skallagrimsson, un des plus grand poète de l’Islande. Artiste mais aussi grand bagarreur aux multiples aventures.

Grim et son fils Egill présentés en scénette au musée des Viking de Reykjavik (http://www.sagamuseum.is/) Photo Mathilde Acquarone

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Et son Egill. Le charbon de bois est ici un mauvais bois mal cuit, une erreur, dommage car le reste est superbe.

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Bois flotté, bois de flottage, bois par flottage, la définition du bois qui flotte est diverse. Le bois flotté désigne plus les arbres, branches et même les planches qui naviguent quelques temps dans l’eau de mer. Le bois par flottage se réfère aux transport des grumes via les fleuves.

Les anglais disent: driftwood et en Islande il est appelé: rekaviður.

Perso,  je l’appelle « bois des mers »

L’importance de ces bois se retrouve dans la religion ancienne. Car après avoir construit le monde Midgard, Odin et ses frères Vé et Vili ont créé le premier homme Ask (le frêne) et la femme Embla (l’aulne ou l’orme) avec deux pièces de bois flotté. Odin donna la vie, Vé les cinq sens et Vili l’esprit.

 

640px-Odin,_Lodur,_Hoenir_skabe_Ask_og_Embla_by_FrølichLa version germanique par Lorenz Frølich (1895)

Visite de la ferme « viking » de Stong. Elle est la reconstitution d’une ferme du début du XIè qui a été détruite par une éruption du mont Hekla. Elle sert entre autre de décors pour des films historiques ou des séries comme Games of Thrones.

Les fermes en terres gazonées (et non en tourbe comme c’est souvent traduit) sont construites avec deux matériaux. L’un est l’isolant et se récupère sur place, c’est les plaques de terres herbeuses. D’une épaisseur dépassant parfois 1 m, les murs en terre sont d’excellent isolant dans ces lieux isolés et très froid en hiver (et aussi un peu en été). Mais ils n’ont aucune capacité de supporter du poids donc on ne peut poser dessus la charpente du toit. Les Islandais, du IXè au XIXè s. ont trouvé la solution en utilisant des poutres en bois de flottage qui servent de colonnes de support du toit. Une ossature en « bois debout » sert de squelette à la construction. Le toit est aussi végétalisé en essayant de trouver la bonne pente pour que l’herbe continue de pousser sans qu’il y ait d’infiltration des eaux dans l’habitation.

Ces constructions, qui sont toutes des fermes, ont étaient abandonné à partir du début du XXè s. et les murs en terre ont vite disparu faute d’entretien. Quelques unes ont étaient habité dans les dernières décennies et sont aujourd’hui précieusement conservées comme écomusée.

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L’océan arctique au nord de l’Islande est la mer du trajet de tous les bois qui proviennent de Sibérie. Les bois n’y sont plus ramassés comme dans les temps anciens aussi il y en a de nombreux dont certains de grandes tailles.

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Dans le sud, il ne faut pas rater la visite du musée de Skogar. Créé par Thordur, un homme passionnant sur l’histoire « domestique » du pays et un collectionneur important. Il a était le premier a se rendre compte que le peu d’objets vernaculaires allaient très vite disparaitre. Sa collection, aujourd’hui enrichie par d’autres structures, est exceptionnelle. La place du bois de flottage est importante comme elle a été importante dans le manque de matériaux pendant mille ans, laissés de mer, propriété des hommes isolés. Les fermiers marquaient d’un signe propre à eux les bois trouvés sur la plage.

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Le site du musée: http://www.skogasafn.is/

et des nouvelles photos d’Islande: https://picasaweb.google.com/Martiacq/FreshWindsMA#6040513693801058578

Visite de la maison de Willi, un Islandais très en accord avec la nature. Il y a quelques années nous avons conversé en langage Eider (le canard qui donne de si chaud duvet). En fait il m’a appris comment échanger dans le mode de conversation entre ces animaux. C’est à la fois parlé et gestuel.

Willi connait parfaitement son environnement et sa créativité est toute naturelle en osmose avec le milieu islandais._MAR0950

Voici quelques réalisations avec du bois de flottage. _MAR0954