four à chaux

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Le village de Lagrasse dans l’Aude est connu pour son abbaye et ses moines intégristes. La vie est douce au milieu de cette garrigue et le village ne manque pas de charme avec ses ruelles pavées et son avenue bordée de platane. Si le coté spirituel du lieu me laisse froid je suis par contre chaud pour la visite au four à chaux.

De nombreuses restanques abandonnées rappellent le temps des activités agricoles du passé sur ces coteaux un peu abrupts de la vallée de l’Alsou qui se jette dans l’Orbiou. L’ancienne voie romaine est bordée de capitelles qui marquent les emplacements des terrasses autrefois cultivées. Un certain nombre font l’objet de restauration. Le clapas, tas de pierres, est conséquent et montre le travail qu’il a fallut produire pour rendre ces parcelles exploitables.

Un peu plus bas, sur le bord d’un chemin, on peut découvrir un ancien four à chaux. La garrigue s’est refermée sur ce four comme sur tout le reste de la colline. Ce n’est donc plus une garrigue à proprement parlé, trop fermée.

A moitié creusé dans les strates de calcaire, il a une forme de niche. Différents couleurs montrent que ce four a bien cuit, certainement plusieurs fois. Les traces noires en sont la preuve. La couleur rouge claire est le reste de l’enduit d’argile pour étancher la parois.

Une petite partie de la charge a calciner est restée au fond. La dernière cuisson n’a pas été complète et tout le calcaire n’a pas été transformé en chaux vive.

Quelques restes d’habitation en maçonnerie, une sorte de mazet, démontre que la construction avec du liant maçonné dure moins longtemps que les constructions en pierres sèches.

Cabane dite de l’Hermite.

Il existe une association qui est à l’origine des restauration des capitelles, Canta Pèira. Reste à voir où étaient les charbonnières, c’est sur qu’il y en avait.

Nous sommes allés voir l’exposition « Rituel grecs » au musée St Raymond de Toulouse.

Bien sur le charbon de bois est présent. Un Thymiaterion Apulien du IVe Siècle avant notre ère, c’est à dire un brûle-encens. Dans divers rituels cet objet était utilisé pour brûler des résines. Dans la coupelle du haut des braises de charbon sont déposées avec les encens qui vont diffuser ainsi leurs odeurs.

Puis le maquillage des dames c’est le charbon végétal qui est employé. C’est la première fois que ce type de charbon est cité dans tous les musées que j’ai pu découvrir.

Au sous sol du musée, les fouilles sur place ont révélé des vestiges de construction et une nécropole. Avec entre autre un four à chaux antique. Comme il se doit à Toulouse, le parement est en briques. La forme générale est quand même identique à ceux de nos garrigues, avec un foyer central et un mur circulaire.

Musée à visiter, l’expo se termine en Mars. Rituel grecs

Parmi les activités dont il reste beaucoup vestiges en garrigue il y a celle des chaufourniers. La production de chaux pour la construction mais aussi l’agriculture a nécessité le montage de fours en pierres sèches pendant plus d’un millénaire. Ces fours partiellement détruits sont reconnaissables par leurs formes en « fer à cheval ».

Notre projet (cf. https://www.altimara.eu/blog/?p=2134), porté par la section patrimoine du foyer rural, est d’abord de construire un four dit « ramier » (technique romaine?) puis de réaliser une cuisson. Cette première étape s’est concrétisée ce week-end avec la fin de la construction de la structure. 

Nous avons eu le renfort des grands spécialistes de la pierres sèches, l’équipe de « Nages, Garrigues et Pierres Sèches » et de la présidente du Collectif des Garrigues. Une très bonne collaboration que l’apparition de la neige n’a pas ralentie. Des savoir faire croisés ont permis à chacun de progresser dans une technique que nous découvrons tous ensemble.  Une main d’œuvre enthousiaste, l’envie de réussir ce challenge ont fait de cette journée une réussite. Nous l’avons complétée par la visite d’un autre four exceptionnellement bien conservé dans le versant nord de la Suques.

Photos: La charge de pierres calcaires en forme de dôme. le tube servira à introduire une sonde thermique.

Le four fini avec la couverture de pierrailles et de terre.

Nous devons faire différentes expériences de cuissons pour déterminer comment alimenter en bois ou fagots le foyer. Quelle quantité? Comment approcher la gueule du foyer à 900° sans se brûler? Des questions pour l’instant sans réponses précises.

la suite dans l’année 2018.

titre-noirAnimation avec le groupe de la section patrimoine du foyer rural Les Quintillades.

Dans la continuité de notre expérience de vouloir faire une cuisson de calcaire dans un four à chaux ramier, nous avons organisé une journée de rencontre avec d’autres passionnés, des membres du Collectif des Garrigues.

Après la visite de l’écosite des charbonnières de Sainte-Croix-de-Quintillargues, dans lequel il y a plusieurs fours, nous avons construit en grande partie le four expérimental.

Nos amis des associations de pierres sèches de Nages et du Menhir, associés à d’autres personnes et nous même, ont rapidement monté la voute en encorbellement. Cette voute servira de foyer à feu pour la calcination. Des pierres « roulantes », c’est à dire issu de pierrier, ont été déposé dessus et tout autour, pour faire la charge à transformer en chaux vive. img_20161210_152418970_hdr

Prochaine étape, remonter un peu plus le mur de confinement et finir de monter la charge de pierres.

Un projet collaboratif à partager au maximum.

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sigle noirLa section patrimoine du foyer rural Les Quintillades a repris ses activités. Cette année nous continuons notre recherche et valorisation des fours à chaux des garrigues. Ces fours à chaux sont tout au long du parcours du Sentier des Charbonnières de l’écosite de Sainte-Croix-De-Qintillargues. Il y a deux fours anciens qui sont présentés, un four un peu à l’extérieur du chemin et un four que nous construisons. L’objet de cette construction est de pratiquer une cuisson expérimentale pour retrouver les gestes des anciens. Ce sont des fours ramiers, c’est à dire que l’on utilisait de la ramille (fagot de branches) pour avoir les 900° degrés nécessaires. La calcination du calcaire ne se produit qu’à partir de cette température qu’il faut garder jour et nuit, sans arrêt. Un dur labeur avec une approche difficile de la gueule du foyer, à cause de la t°, et la quantité astronomique de fagots qu’il faut pour aller jusqu’au bout. Ce type de four n’a plus été utilisé depuis la moitié du 19ème siècle car ils ont été remplacé par des four bâtis beaucoup plus productifs. Nos anciens avaient des gestes qui se sont perdus malgré les nombreuses publications qui parlent technique de la pierre mais pas des hommes, les chaufourniers.

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Nous avons donc œuvré à la remise en état du chemin des charbonniers. Celui ci parcourt la colline où se situ l’écosite et en fait quasiment le tour avec de multiples branches. Souvent appareillé avec de beaux murs de soutènements, ils sont les vestiges les moins perçus comme tel car on les suit sans se rendre compte du travail accompli à l’époque.

Aujourd’hui certains de ces chemins servent de parcours pour la randonnée du sentier des charbonnière. Depuis que nous les avons re-ouvert, l’érosion a fait son travail de sape, souvent bien aidé par les sangliers.

Ces chemins ont vu passé des mulets, des charrettes et des gros 4×4 genre Dodge recyclés de l’armée, pour le transport des sacs de charbon. Les Dodges eux ont servi à la fin de l’activité pour descendre le bois coupé par les bouscatiers, au village où les charbonnières étaient cuites.

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Photos extraites de l’excellent livre de Danielle Musset: « De mémoire de charbonniers« , Alpes de Lumière.

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