Charbon de bois

Une rencontre passionnante avec un charbonnier des garrigues ardéchoises. Jean, qui porte le nom prédestiné de Chaudière, a un petit coin de paradis non loin des gorges de l’Ardèche et du Rhône. Une capitelle à laquelle est collée un mazet, marque l’histoire de cet endroit où une cabane camarguaise et un préau permettent d’accueillir amis et visiteurs. Puis tout au fond une petite clairière révèle l’emplacement de ses charbonnières. Faulde plate, tas de terre noire, l’ambiance au parfum de fumées lourdes démontre que l’activité de carbonisation est bien réelle.

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Jean est issu d’une famille dont la production de charbon de bois a été l’occupation pour les frères. Après un parcours professionnel qui l’a un peu éloigné des volutes de fumées, Jean est revenu à la carbonisation en meules pour démonstration. Il accueille chaque année, vers le mois de Mai, les visiteurs qui viennent voir sa « danseuse », une belle charbonnière.

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Jean est une personne fort sympathique, qui aime les bonnes choses et qui sait en faire profiter les autres. Sa prochaine cuisson aura lieu la semaine du 13 au 22 mai 2016 (cf préprogram ci dessous).

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chez Jean Chaudière Quartier Bois Redon route de Bidon 07700 Bourg Saint Andéol

Vendredi 13 mai 2016 de 8h à 12h

Commentaires sur l’activité

Projection d’un film (17 minutes)

Montage photos

Participation des élèves de BSA au montage d’une meule de bois.

Recommandations :port de vêtements de coton et de chaussures fermées.

Vendredi 20 mai 2016 de 8h à 14h.

Cavage :extraction partielle du charbon de bois. Entretien et observation avec les forgerons/couteliers sur leurs activités de métallurgie du fer.

Mise en pratique autour de la forge pour réaliser de petits objets métalliques :clous,piques à cheveux…

Les activités forge seront encadrées par les associations :  « Au pied de L’Enclume »et« La Tête en friche ».

Le référent sera Jean Chaudière animateur patrimoine du « Regrelh Occitan »

Recommandations :équipement de sécurité(vêtements de coton,chaussures fermées toile ou cuir si possible. Nous fournirons des tabliers de protection en cuir des lunettes de protection. Et surtout être discipliné et respectueux des consignes qui seront données.

Dimanche 22 Mai « Fête de la charbonnière »

avec la participation des forgerons , repas festif le midi.

Les gorges de l’Ardèche sont farouches, tortueuses et profondes. La rivière a creusé un magnifique canyon dans les masses calcaires.

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L’eau a dissout dans des parties plus intimes de nombreuses grottes.  Si ces gorges sont très connues et sur fréquentées avec comme point d’orgue l’arche du Pont d’Arc, un élément fait parler de lui, un peu indirectement, c’est le charbon de bois.

Comment ça ?

L’une des plus merveilleuses grottes ornées du monde, avec les témoignages dessinés par des hommes (et/ou femmes et enfants) il y a 36 000 ans, recèle un art pariétal unique dont une bonne partie est dessiné au charbon de bois. La grotte Chauvet, écrin de chefs d’œuvres de l’art pariétal, où pour la première fois dans la chronologie de l’histoire de l’Homme, celui ci s’exprime au travers de symboles qui ont formes animales. La course des chevaux, les lions qui attaquent les bisons et les rhinocéros laineux à bande noire sont autant de merveilles révélés par la capacité d’artistes primitifs, maitre du fusain, a reproduire leur commun de chasseurs. Jouer avec les aspérités, durcir le trait, estomper celui ci s’il faut ou dessiner un œil autour d’un détail de calcite ovale montre que ces hommes ont du bien des fois dessiner pour s’exercer auprès de leurs feux avec les restes carbonisés des bois. Ils avaient compris que le HB, mine tendre, est meilleurs pour dessiner. Cela accroche mieux sur la parois dégagée de sa couche de glaise. Ils ont carbonisé du Pin Sylvestre, tendre et marqueur.

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Dans une encoignure de draperie calcaire, j’ai « vu » cet homme de l’Aurignacien, affuter son fusain. Il en reste des traces qui me sont aussi émouvantes que les splendides animaux dessinés. Ces artistes ont créés en exploitant des retraits de parois ou des bosses. Du grand art. Si les matériaux utilisés se partagent entre des pigments naturels et le charbon de bois, il y a, avec ce dernier, des morceaux à terre qui sont restés tel quel. Vestiges d’activités, ligne droite entre les paléolithiques et les graffeurs modernes.

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Panneau de la galerie de l’Aurignacien. Je pense que la phrase: « les Aurignaciens maitrisaient parfaitement la combustion du bois » n’est pas exacte. Ou c’est la maitrise du feu ou la carbonisation du bois…

Le charbon de bois prend ici toute sa mesure dans l’évolution de l’Homme. Issu de cette maitrise qui a bouleversé notre vie d’être humain, celle du feu, il est avec la taille des silex un des premiers « objets » novateurs. Il se place au tout début de notre capacité de transmettre, matériellement à contrario du langage, des sensations et des formes d’autres êtres vivants. En l’associant au pigment naturel, l’Homme invente une forme de communication et pour la première fois crée ce qu’on appelle aujourd’hui de l’Art.

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Pour qui, pour quoi, il est un peu trop facile d’y voir de la spiritualité, des dieux dans le représentation des lions. La seule chose que partage l’art et la spiritualité c’est l’imagination, infinie pour la première et recroquevillée pour la deuxième. Le tracé d’une courbe du dos d’un bison, les babines retroussées d’un félin ou les formes clownesques d’un Mammouth sont l’affirmation du début de l’Ère humaine, l’Anthropocène. Au début était le charbon de bois.

http://www.cavernedupontdarc.fr/

LE CHARBONNIER EST IL UN POLLUEUR?

cop21-tousensemble_ohhureLa cuisson d’une charbonnière est surtout caractéristique par les fumées qui s’en dégage. Au départ, pour l’allumage, de grosses volutes de fumées blanches enveloppent la meule et le charbonnier a les yeux qui piquent. Puis c’est la conduite du feu à l’intérieur de la meule avec des petites ouvertures par où s’envolent des fumées d’abord jaunes, puis blanches et enfin bleues. Le charbonnier sent (et respire) ces fumées et évalue en fonction de l’épaisseur de celles ci et surtout de leurs couleurs comment agir.

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De vieux charbonniers avaient cette réflexion : seul Dieu sait ce qu’il se passe à l’intérieur (de la meule).

Mais allons voir par nous même. Dans la pratique de la cuisson à la meule, l’énergie de démarrage provient de la combustion du bois, qui est vert. La température qui gagne l’ensemble du bois entassé provoque l’asséchement des buches par évaporation. La grosse fumée blanche en est la conséquence. A partir de 280° le bois va libérer des gaz inflammables qui vont booster la chaleur pour en arriver à la pyrolyse à 500° et donc la transformation de toute matière organique en gaz et en partie en goudron. Le bois devient charbon de bois, avec des proportions carbone – éléments volatiles (hydrocarbures et goudrons lourds) qui tournent autour de 85 à 90% de C.

Quels gaz sont produits ? Jusqu’à 200° le bois perd de l’eau. Il faut 300° pour enflammer le bois. Dans la période de monter en température (la meule est allumée avec du bois sec) la phase jusqu’à 270/280° va donner avec la vapeur d ‘eau mais aussi du CO2 plus quelques autres gaz. Il faut dépasser les 280° pour que les gaz méthane, éthane et éthylène provoque une réaction exothermique et voir la t° grimper. Au delà de 380° les fumées jaunes sont le signe d’une grande proportion d’hydrocarbures.

Tout ceci s’en va dans l’air…

La charbonnier est il un faiseur de gaz à effet de serre ? La carbonisation d’une meule de 10 stères de chêne vert, d’un poids d’environ 8 T, donne dans les 800 kg de CO2 et 560 kg de CO (monoxyde de carbone)*.

Un arbre de 80 ans, rare dans nos garrigues, a absorbé environ 3,7 T de CO2.

En terme de volume l’empreinte carbone est équilibrée mais la restitution dans l’atmosphère du stockage de l’arbre est immédiate. A l’époque où les rotations de coupes étaient de la fréquence des vingt ans, le rapport était plus équilibré. Nos arbres des garrigues dépassent les 50 ans d’âge.

Certains expriment le fait que 4m3 de bois rejettent 280 kg de CO2 par rapport au pétrole qui en équivalence serait d’une tonne et donnerai 2,5 T .

Vivement que je roule au gazogène !

Chiffres tirés du livre « Guide le Carbonisation » Briane, Doat, Riedacker. Edisud 1985

*a vista de nas!

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Les vaches produisent 26 millions équivalent CO2 comme 15 millions de voitures par an. Finalement le charbonnier, même s’il mange des fayots, est moins polluant.

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Dans notre Monde qui poussent les exclus a s’affirmer dans des actes désespérés…désespéramment meurtriers, où les règles de la croyance spirituelle sont déréglées et les actes lourds d’inconséquences, le charbonnier a depuis longtemps porté le fardeau du rôle de l’étrange étranger. Perdu dans sa forêt, lieu de toutes les méfiances, sale et noir comme le Malin, il a souvent été porteur de soupçons dans ces rites incompréhensibles mêlés de fumées anxiogènes. Peu instruit et souvent parlant une autre langue, un dialecte tel un code trompeur, le Maitre du feu ne peut être que le compagnon du Diable.

Le charbonnier a un « catéchisme » précieux pour régir son action dans l’ordre de Dieu. Sa foi est reconnue par sa rencontre avec le maitre de l’Enfer qu’il va déstabiliser. Un jour le Diable rencontre un charbonnier et pense trouver là un compagnon:

– Que crois-tu, lui demande le Diable ?
– Toujours je crois ce que l’Église croit!
Le diable insista :
– Mais à quoi l’Église croit-elle ?
L’homme répondit :
– Elle croit ce que je crois!
Le Diable eu beau insister, il n’en tira guère plus et se retira confus devant l’entêtement du charbonnier »

C’est un benêt, un être simple, qui ne se pose pas de questions théologiques. Avoir une conviction qui peut pousser à l’extrémisme?

En 1740, dans les réminiscences des guerres de religions, les autorités feront une transformation de cette historiette en remplaçant le Charbonnier par le Calviniste.

Pourtant les Francs Maçons vont s’inspirer de son rituel, secret, la loge charbonnière est un endroit mystèrieux. Les Carbonaris combattrent l’autorité religieuse à contrario de la maxime de « la Foi du Charbonnier ». Ils ont été porteurs de libertés humaines, d’égalités sociales et de fraternités dans le refuge des forêts profondes. Laïques et républicains, unis dans leurs isolements et forts de leurs qualités comme dans l’histoire de « Charbonnier et maitre chez soi », qui remet en cause les rois et les privilèges.

Le charbonnier représente dans son isolement, la crainte de l’autre par les communautés établies, la peur du différent et aussi parfois celle de l’émigré. Par contre Italien, il sera protéger pendant la dernière guerre mondiale. Espagnol, il sera accueilli dans sa fuite.

Aujourd’hui, dans notre trouble national, peut on faire un rapprochement avec ces suicidaires assassins et dire qu’ils ont la Foi du Charbonnier?

Voyons ce que dit Brassens:

Le Mécréant

Est-il en notre temps rien de plus odieux
De plus désespérant, que de n’pas croire en Dieu ?

J’voudrais avoir la foi, la foi d’mon charbonnier
Qui est heureux comme un pape et con comme un panier

Mon voisin du dessus, un certain Blais’ Pascal
M’a gentiment donné ce conseil amical

 » Mettez-vous à genoux, priez et implorez
Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez  »

La suite en musique: Le Mécréant

Et vive la musique et l’esprit libre de l’Universalisme

 

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En cette fin du mois d’octobre, dans la petite ville catalane de Forallac près de Gérone, se déroule la « Festa de la Carbonera ». C’est la vingtième édition et je viens juste de l’apprendre. Le défournage est ce dimanche 1 novembre. A voir l’année prochaine.

Le programme: la-carbonera-de-forallac

Une vidéo longue: Carbonera Forallac 1

Une vidéo courte: Forallac

Une télé: EspaÏ Terra

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A Menton, dans une très belle randonnée sur les crêtes des montagnes marquant la frontière entre l’Italie et la France, j’ai eu le plaisir de trouver une ancienne charbonnière. Les flancs de ces débuts des Alpes, en bordure de la Méditerranée, sont très pentus avec des sommets qui dépassent rapidement les 1000 m. Nous avions déjà « conquis » le col du Berceau dans une rando précédente et notre objectif était les hauts sommets du Grand-Mont, 1379 m. La balade complète débute par un dénivelé vertigineux avec un sentier qui serpente en appuis sur des petits murs de soutènement. Au premier col, le fort de la Penna, datant de la ligne Maginot fait face à la ligne de crête franco-italienne. Les vestiges de bunkers et autres joyeusetés de guerre barrent le passage. La végétation est typiquement méditerranéenne et en cette période les feuilles se colorent de magnifiques couleurs d’automne pour les végétaux à feuilles caduques tels les arbres à perruques ou Fustet (Cotinus coggygria, teinture végétale orangée).

Toutes ces montagnes ont subi des incendies dans différentes périodes et la repousse lutte contre le pâturage assez extensif dans ces vallons. Aussi lorsque nous sommes arrivés dans un lieu différent et fortement boisé j’ai commencé à regarder plus spécialement le sous bois. La meilleure indication a été le taillis et la formation de nombreuses « mattes* », d’aspect anciens. Aussitôt une aire plate en bordure du chemin m’a révélé les vestiges d’une charbonnière. La terre noire a confirmé cette utilisation, ainsi qu’un muret de soutènement de la « faulde* ». Pas de reste de cabane à proximité.

Je n’ai pas vu d’autres emplacements mais sans vraiment chercher. Ce chemin conduit jusqu’au beau village de Castellar, il y a là certainement des anciens qui doivent se rappeler de ces charbonniers.

Ensuite la rando grimpe sérieusement au sommet et un chemin retour par le coté italien permet d’admirer un vaste panorama vers le Mercantour et la cote méditerranéenne. Conseil, prévoir de l’eau, des bonnes chaussures et du temps env. 8h.

Le topo: le Grand Mont.

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*La faulde: l’aire de charbonnage. La végétation s’implante difficilement car le charbon empêche la germination.

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Le mur de soutènement pour avoir l’horizontalité de la faulde. A gauche, une *matte, bouquet de rejets à partir d’une souche.

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Les pressophiles, collectionneurs de fer à repasser, recherchent toujours des modèles anciens. Voilà que je viens de me voir offrir un fer à braises tout neuf. Acheté dans un marché de Guinée, à Macenta, il est dans son carton d’origine. C’est un modèle chinois, évidement, qui permet à toutes ces personnes, privées d’électricité, de pouvoir repasser. Finalement cela semble être assez courant dans les pays en voie de développement. 

Ce fer est un peu petit, la finition inexistante, il a même fallut que je perce un trou pour fixer la poignée car celui d’origine est décalé.

Merci à Stéphane, habitant de Macenta, qui s’est occupé de l’achat.

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Le samedi 12 septembre nous avons participé au 100 ans de la mairie de Lavérune. Une journée très menacée par les orages qui nous ont obligé à nous réfugier sous le préau à l’arrière de la mairie. Finalement un bel emplacement plein de charme et très passager. De nombreux participants étaient costumés à l’ancienne et il a été sympa d’échanger en se prenant un peu au jeu et de se croire il y a 100 ans.

Une époque aussi marquée par le Grande Guerre. A cette période on ne souriait pas mais le temps a adouci les peines.

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Alberto, le spécialiste de la chaux, a animé tout au long de la journée avec Nathalie, la dame des teintures végétales qui a centré son animation avec le « garou » (la plante daphnée), Martine qui a réalisé un beau panier pour quatre bouteilles, et René qui a soufflé plus que de nature car le temps humide n’aidait pas a l’allumage de braises. Tout ceci a donné un collectif d’animation apprécié par un certain nombre de visiteurs. C’est la première fois que nous sommes cinq dans une manifestation hors Lo Garou. A renouveler car encore une fois les participants, animateurs(trices) et visiteurs, ont partagés des moments forts en échanges entre la transmission de connaissances « vernaculaires » et l’intérêt ou la découverte de ces savoir faire par le public.

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Et la rencontre entre le carbonari anticlérical et le curé a eu lieu pour un échange animé sur… les techniques de carbonisation

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En Mauritanie une plante des marais , la Typha dite aussi quenouille ou massote (wikipedia), est devenue une plante invasive.

220px-Illustration_Typha_latifolia0 Elle envahie une grande partie de l’embouchure du fleuve sénégal dans la région de Rosso (wikipedia). Plusieurs organismes de recherche dont l’ong GRET ont réussis à transformer ce fléau en avantage pour la population. Les plantes sont carbonisées puis agglomérées en briquettes. Le biochar est en pleine expension  en Afrique. Des ONG comme Pro-Natura ou GRET (leur site) sont à la pointe de ces réalisations.

Article à lire dans le Monde: en-mauritanie-une-plante-nuisible-devient-source-d-energie

Retour en terres occitanes avec ce samedi 12 septembre une journée d’animation pour les 100 ans de la mairie de Lavérune, Hérault. Nous seront toute une équipe à présenter nos savoir faire avec retour aux années 1915. Nathalie se parera des couleurs tinctoriales de nos garrigues, Martine osera l’osier, René boutera le feu à l’ancienne, Alberto fera le show chaux et moi je serai le carbonari de service.

Le programme

Début des visites à 10h. Lavérune est à l’Ouest de Montpellier entre Juvignac et St Jean de Védas. Comment venir

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Ô surprise, dans un restaurant perdu au milieu d’une coulée de lave, à Húsafell, je m’assois à une table et là une photo de charbonnière est juste au dessus de moi…

le fermier Thorsteinn a été photographié par Þránd­ur Thorodd­sen, cinéaste/photographe, en 1954, pendant une cuisson. Apparemment c’est avec du bouleau que ce charbonnier travaille. On retrouve là la même forme de cuisson à l’air libre puis recouvrement par de la terre comme à Skatafell.

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Depuis longtemps je cherche du sel noir d’Hawaï. Ce sel est extrait de l’eau du Pacifique dans l’île de Molokaï. Il est ensuite mélangé à du charbon actif qui lui donne sa couleur noire. Recherché pour sa qualité gustative moins agressive que le sel standard des salins on ne le trouve en épicerie bio que difficilement.

Le descriptif de la plupart des revendeurs sur internet de ce produit est complètement farfelu. Certains décrivent ce sel comme mélangé avec des scories volcaniques. Ils n’ont certainement jamais mâché des scories car il ne leur resterai pas beaucoup de dents. Un autre parle d’un mélange, à l’état naturel, de sel et de charbon. Curieuse combinaison de Mère nature!

En Islande une nouvelle entreprise de produits naturels a développé une série de sels aromatisés. L’un d’eux et noir et se nomme: Black Lava Salt. Extrait de l’océan, il est finement mélangé au charbon actif.

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Le site de l’entreprise: sel noir d’Islande

A gouter !

La Chine développe une industrie du Biochar pour améliorer les nouvelles et actuelles terres agricoles. Cette technique, issue des usages des Indiens d’Amazonie, va certainement prendre de l’ampleur dans les décennies à venir. Le Biochar est un charbon végétal, c’est à dire réalisé par carbonisation des végétaux non ligneux, herbes, feuilles, résidus de coupes de céréales, etc. Il apporte des qualités, entre autre, phytosanitaires et de résilience d’eau. Les plantes cultivées dans des terrains « biocharsidés » poussent plus vigoureuses.

Pro-Natura organise dans le cadre de COP 21 une rencontre avec l’université de Nankin qui est leader dans ce domaine.

La lettre d’information: Chine_leader_du_biochar_2015

 

Lors d’une mission ébola en Guinée, dans la ville de Macenta, mon fils à pu voir une boutique bien intéressante. La repasseuse utilise encore un fer à repasser au charbon de bois. Une technique du 19e siècle qui avait changé le procédé du repassage car pour la première fois on ne mettait plus le fer dans le feu mais le feu dans le fer. Une technique performante qui généra un grave problème car le charbon incandescent exhalait de l’oxyde de carbone. Aussi beaucoup de lingères, métier féminin, contractaient  la tuberculose.

Les collectionneurs de fer à repasser s’appellent des « pressophilles » ou des « siderophilles ». J’en suis un modeste car je n’ai que 3 fers à braises.

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Un joli fer à braise en Guinée Conakry

Un site de référence: musée des fers à repasser

J’ai découvert une association humanitaire qui propose des actions avec du charbon « vert ». Plus précisément il s’agit de fabriquer et d’utiliser le « biochar » pour améliorer la qualité des sols. En effet le biochar donne dans des sols pauvres et secs un plus par ses qualités sanitaires et de résilience d’eau. Cette technique de mélange de terre locale avec du charbon végétal permet de multiplier les rendement et donne de meilleurs légumes.

Cette ONG est Pro-Natura et se définie comme: Pro-Natura se mobilise pour aider à résoudre les problèmes sociaux, économiques et environnementaux qui affligent les communautés rurales dans les pays en développement. In http://www.pronatura.org

Au sein de cette association internationale des expert ont développé un carbonisateur utilisable de partout.

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Le BIOCHAR ou agrichar ou « terra prêta » de son nom d’origine qui provient des grands brulis des amérindiens dans les forêts équatoriales est tout simplement un charbon issu de végétaux non ligneux en général. Tous les résidus de coupes d’herbes, de branchages ou de feuilles diverses peuvent être carbonisés.

 

Le biochar comme tout charbon de bois, va capter aussi les gaz. Ainsi dans la terre le CO2, en parti responsable du réchauffement climatique, est emprisonné à quasi perpétue. Le coté environnemental de ce principe est important dans la diffusion de cette technique agricole.

 

Mon four à biochar est moins sophistiqué mais il n’utilise aucun autre source d’énergie que le bois et le gaz issu de la carbonisation.

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Pour faire un don à Pro-Natura: http://www.pronatura.org/?page_id=1028

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Un petit tour en Italie, juste le long des cotes de Ligurie, loin des montagnes de nos Bergamasques, mais avec aussi des mémoires charbonnières. J’y ai vu la « Val Carbonata » et la rue « Carbonia ». Le carbonaio est un personnage très présent dans l’activité rurale italienne. Les cultures en terrasse le long de la cote méditerranéenne avec de magnifiques olivettes et des vignes sont prédominantes. Elles ne laissent pas la place à la coupe de bois et sa carbonisation. Mais dès que l’on monte dans les reliefs côtiers le boisement est important. Il y a juste au nord de Gênes un petit village où a été tourné un documentaire avec deux anciens charbonniers ligures. Un film réalisé par une équipe de l’université du Mirail à Toulouse: les Charbonniers de l’Antola/ Jean-Paul Métailié, Guiseppina Poggi.

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Une autre étude de l’université de Corse, cite la venue de charbonniers issus de la jolie ville de Lucques (Lucca, où est née Puccini). Extrait: À ceux-là s’ajoutaient des bergers sardes, mais également des charbonniers et bûcherons ; ceux-ci, originaires de Lucques, étaient assignés à des travaux particulièrement pénibles en forêt de Vizzavona ou dans l’Alta Rocca (Levie). Encore largement saisonniers, ces travailleurs étaient remarquablement organisés, à l’image des charbonniers lucquois groupés en « brigades » et dirigés par un « caporal ». In: Histoire et mémoires des immigrationsen région Corse Synthèse du rapport final – avril 2008. Jean-Michel Géa, Didier Rey, Pierre Bertoncini, Vannina Marchini, Marco Ambroselli, Yannick Solinas

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Le réseau des locations à la ferme propose aussi une description de cette activité. agriturismo.com/le-charbonnier.

Enfin ce beau pays a, un peu plus au nord carrément un monument aux charbonniers. C’est dans la commune de Bondone, 677 habitants, que le sculpteur Don Luciano Carnessali a oeuvré avec un bronze magnifique.

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Dall’art. 1 commi 9 e 10 dello statuto del Comune di Bondone: «Il mestiere del carbonaio con la vita quasi sempre all’aperto, oltre ad una resistenza non indifferente alle fatiche fisiche chieste dagli scavi per l’apprestamento delle piazzole per le carbonaie, della preparazione della legna, dal suo trasporto e accatastamento, dalla copertura della catasta stessa con zolle e terra, dalle veglie e sveglie notturne per curare il processo di carbonizzazione che poteva durare fino a 5 o 6 giorni, richiedeva anche una particolare maestria nel saper guidare l’andamento della combustione in modo di non farla ardere, il che avrebbe ridotto la legna in cenere, ma di farla procedere come un lento braciere. Nelle carbonaie si accatastavano in genere dai 30 ai 40 quintali di legna, da cui si ricavavano dai 6 agli 8 quintali di carbone.» Alla voce: « il carbonaio » di questa enciclopedia è riportata testualmente l’originale in dialetto e la traduzione in italiano della poesia sul carbonaio di Gianpaolo Capelli.

Il y a une fête patronale le 8 septembre qui était l’occasion (peut être est ce toujours le cas) pour toutes les familles dispersées dans les bois de se retrouver.

Mes activités de charbonnier ne se résume pas qu’à « faire du charbon de bois ». J’ai la chance aussi de pouvoir en parler à un auditoire, d’exposer des photos ou de participer à des réalisations de médias. C’est avec la section patrimoine du foyer rural Les Quintillades que j’ai découvert puis développer la diffusion de ces nouvelles connaissances, tant par le savoir que par le savoir faire qui s’est affirmé. C’est aussi grâce à l’accompagnement, la fidélité et la complicité des autres membres de la section patrimoine. Avec un effet rayonnant car ils et elles sont devenus des animateurs admirés, au Garou par exemple, sur divers thèmes traitant des usages des garrigues.

Avec ALTIMARA, la professionnalisation a suivie. Mon ami René y participe avec sa grande connaissance des techniques d’allumage du feu.

J’ai donc aujourd’hui un peu plus de douze ans d’expérience dans le charbon de bois et j’ai comme l’impression que ce n’est que le début tellement il y a des éléments à découvrir.

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Une page du catalogue de mon exposition de photos géantes


Pages de expow

 

 

Tout a commencé en 2006,  sans cuisson dans l’écosite des charbonnières. Une maquette, le manifestation est en juin, les feux sont interdits.

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2007. Gros démarrage avec le tournage d’un film documentaire. Une jolie meule qui occupait toute l’aire de charbonnage BB1*. En tout bien tout honneur elle sera baptisée « Louisette ».

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2008. Je réalise une première charbonnière pendant la manifestation Lo Garou. Avec visite des anciens.

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2009. Lo Garou devient le Festival des Charbonnières. Et celle que je cuis prend le prénom de « Alinette ». Emplacement code BB2*.

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2010. C’était un 7 mars. A 17h30 la neige tombe, 30 cm. La cuisson donne un excellent charbon. Mademoiselle s’appelle Garoulette. Toujours BB2*.

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2011. Je reviens à BB1* où j’avais cuit ma première pour le film des migrants italiens.

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2012. Des scolaires viendront chaque année et cette fois c’est toute l’école de St Bauzille de Montmel qui débarque. Du CP au CM2 soit 80 enfants. Super.

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Avec la visite de maitre Louis. Pas de l’école de la République mais celle qui m’a formé à l’art du charbonnage. Il est venu voir ma « Doucette ».

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2013. Le printemps est là, ma belle s’appelle Violette.

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Et la pluie s’abat en force et nous oblige a annuler le festival. Mais Violette ira jusqu’au bout avec comme public deux personnes trempées mais heureuses. Charbonnière sous une treille.

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2014. Amourette » va charmer plus de 700 personnes

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2015. « Carbouniéte ». La dernière d’une belle série « les Garoulaïres ».

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BB2 et BB1 sont les noms d’emplacements de sites de charbonnières sur le sentier des charbonnières.

Un petit tour de France des villages ou lieux dit « charbonnières » ou assimilés.

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Commençons par un petit village dont les habitants ont la chance de s’appeler Charbonnier et Charbonnière.

Charbonnières est un petit village français, situé dans le département d’Eure-et-Loir et la région du Centre. Ses habitants sont appelés les Charbonniers et les Charbonnières.
La commune s’étend sur 20,9 km² et compte 267 habitants depuis le dernier recensement de la population. Avec une densité de 12,8 habitants par km², Charbonnières a connu une hausse de 2,7% de sa population par rapport à 1999.
Entouré par les communes de Authon-du-Perche, Soizé et  Les Autels-Villevillon, Charbonnières est situé à 3 km au sud-est d’Authon-du-Perche la plus grande ville des environs.
Situé à 224 mètres d’altitude, la Rivière La Sonnette est le principal cours d’eau qui traverse la commune de Charbonnières.
Charbonnières est une commune du parc naturel régional du Perche.
Le maire de Charbonnières se nomme Monsieur Pierre BOUDET.

Source

Une belle journée, un peu pluvieuse, dans le village de Combas, Gard, accueilli par la sympathique équipe de l’association de sauvegarde du bois des Lens. Organisé sous l’égide du Collectif des Garrigues et à ma demande de créer une carte inventaire des charbonnières en garrigues du Languedoc Oriental , nous avions avec Emile de l’assos du bois des Lens préparé un programme pour plusieurs groupes. Aussi nous nous sommes répartis à la fois en garrigue et dans le village. J’ai pris un groupe avec moi et nous sommes allés bartasser dans deux combes non inventoriées (Emile avec son assos ayant déjà fait un formidable travail de relevés auparavant dans d’autres combes). Alors que plus d’une vingtaine de sites charbonnières sont connues nous avons fait chou blanc. Un incendie a tout brulé il y a plusieurs année et la repousse est dense en chêne Kermès ou en arbousier mêlés de salsepareille. Une horreur détrempée par la pluie. Il y avait eu à ces endroits de très nombreuses faïsses (terrasses) pour des cultures à jamais disparues. Bilan une zone sans charbonnières, ce qui est aussi intéressant pour l’inventaire. Comme quoi il n’y a pas forcément des charbonnières de partout en garrigues et deux faciès proches étaient utilisés différemment.

 

Au bord d’un four à chaux de curieuse facture

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Le bartasse

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Le 14 février j’animerai avec le groupe « Cartogarrigue » du Collectif des Garrigues et le Collectif du bois des Lens, une sortie en garrigue pour inventorier le petit patrimoine, orienté charbonnières, à Combas (Gard).  Cette sortie s’inclue dans le programme des activités du groupe (Voir: http://www.wikigarrigue.info/wakka.php?wiki=CartoGarrigue). Elle me permet d’élargir le périmètre d’inventaire des charbonnières des garrigues qui est un projet à long terme. Le but étant d’avoir une vision aussi large que possible de la répartition de cette activité et de pouvoir exploiter ce fond de carte comme support à la sociologie et l’économie de cette ressource qui a disparu. Dans cette journée les personnes intéressées seront formés à la reconnaissance des sites petits patrimoines, charbonnières, fours à chaux et autres, et aux relevés cartographiques. L’outil utilisé est le fond Open Street Map (cartographie participative).

2015-02-14 - Cartopartie charbonnières

Rendez vous au foyer de Combas. Co-voiturage depuis Ste Croix de Quintillargues 8h30.

Le charbonnier – El Faham de Mohamed Bouamari

film algérien 1973

Ce film, quasi documentaire (avec les textes en arabe d’où une interprétation au jugé…), montre l’évolution de la société algérienne et l’arrivée du modernisme. Le gaz remplace le charbon de bois et un pauvre charbonnier ne vend plus rien d’où une grande difficulté de vie dans sa maison isolée. Sa femme se révolte contre ce quotidien difficile et aspire à plus de liberté et de moyens.

A la fin du film la femme quitte son voile en signe de rébellion contre une société conservatrice, celle de son village en opposition avec la société progressiste d’Alger qui montre l’exemple de l’émancipation des femmes et des citoyens.

Donc un film d’actualité, au travers de l’activité du charbonnier. Il s’agit de petites charbonnières qui sont interdites car le charbonnier est poursuivi par un genre de policier ou garde champêtre. 1972 c’est dix après l’indépendance de l’Algérie qui en 1962 avait sonné l’arrêt de l’activité charbon dans mon village car le marché du Magreb était le dernier rentable à cette époque.

Tanit d’argent au Festival de Carthage en 1972

Prix de la Critique Internationale du 7e art à Ouagadougou en 1973

Prix de l’Office Catholique International de Berlin en 1974.

Pour Noël c’est un peu tard mais je vous recommande ce beau livre  » Charbonniers de Brocéliande, l’art de la Fouée ». De très belle photos en noir et blanc de Pascal Glais retracent une des dernières cuissons réalisée dans cette forêt mythique. Deux « anciens », dont une dame, témoignent de leurs vies rustres dans ces bois. Il y a évidemment beaucoup de points communs avec ceux d’ici hormis le fait qu’ils ne sont pas issus de la migration mais autochtones. Les meules sont similaires sauf la cheminée centrale dont on retrouve une technique, en triangle, du centre de la France.

« Charbonniers de Brocéliande : l’art de la fouée » est un projet porté par l’Association des Amis de la Bibliothèque de Paimpont, réalisé par Laurent Goolaerts agent du patrimoine à Paimpont, et Frédéric Chenu animateur Multimédia à la Médiathèque de Plélan le Grand.

Disponible  dans les librairies de Paimpont, Plélan, Guer et Ploërrmel, ainsi qu’à la mairie de Paimpont.

Le témoignage « cru » de ces deux personnages et l’ensemble des photos donnent un bel ouvrage que je vous recommande.

Association Les Amis de la Bibilothèque de Paimpont, 1 esplanade de Brocéliande, 35380 Paimpont (tél pour avoir le prix actuel 02.99.07.84.56). Bon de commande: http://foret-broceliande.fr/IMG/pdf/bdc-charbonniers.pdf.

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Photo Pascal Glais in Charbonniers de Brocéliande

Passage par la Bretagne, terre de l’enchanteur Merlin dans la grande forêt mystérieuse. Encore une fois l’imaginaire et les contes populaires ont donné cette image de crainte et de mystère des grandes forêts là où vivaient les charbonniers.

J’ai commandé un livre « Les Charbonniers de Brocéliande, L’art de la fouée » qui me semble passionnant. L’ouvrage est un dialogue entre des photographies de Pascal Glais prises en 1993 lors de la dernière fouée montée à Paimpont et des extraits de témoignages de Roger Guégan et Célestine Maleuvre derniers charbonniers à Paimpont. Il est à 15€ à commander ici: http://foret-broceliande.fr/Les-Charbonniers-de-Broceliande.

Allez, un petit texte en breton qui cite le charbon de bois: Gallout a reer gwelet e oa bet cheñchamantoù etre al liveoù izel, ma kaver ostilhoù bihan dreist-holl, hag al liveoù uhel ma ’c’h eo stank ar bili bras benet.

Orchestre en racines et troncs au Bar du Mont Salut à Ploemel. La ressemblance avec les bois flottés islandais est probante. Pêcheurs d’Islande?

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Une autre forêt toujours aussi magique, qu’avaient en tête ces hommes qui ont dressé autant de menhir… Carnac

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Visite de la grotte préhistorique de Niaux en Arièges. Dans ces longs couloirs, vastes galeries sans fin, les Magdaléniens ont, pendant plus de mille ans, dessiné de très beaux animaux et des signes géométriques. Le plus incroyable est le temps, mille ans, entre deux bisons qui se ressemblent fortement. Pourquoi les hommes ont conservé le même attrait pour cet animal dans ces montagnes loin des herbages où paissaient les bisons. Dans cette grotte ornée le charbon de bois était utilisé pour faire les esquisses puis les dessinateurs (homme ou femme?) finissaient avec de l’oxyde de manganèse qui est noir.

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http://www.grands-sites-ariege.fr/fr/detail/1/pr-sentation

Visite très intéressante aussi des forges de Pyrène. Comme beaucoup de forges anciennes, cet atelier utilisait la force de l’eau d’une rivière pour actionner un « martinet », sorte de grosse masse qui écrasait le fer à battre dans un bruit épouvantable. La consommation de charbon de bois pour chauffer le fer était énorme et atteignait les 2 tonnes par jour. Les charbonniers carbonisaient en continu dans les forêts environnantes.

Il y a un musée passionnant qui regroupe en présentation 120 métiers avec une très belle collection d’outils pour chacun d’entre eux.

http://www.grands-sites-ariege.fr/fr/forges-de-pyrene/detail/9/presentation-4

LE GRAND FOUR

Pour carboniser les têtes qui mesurent 68 x 81 cm, il nous faut construire un four de grande taille. Pour ce faire je vais utiliser une vieille cuve à mazout qui est dans ma cave. Mais il y a au moins deux construction possibles. La première, la plus simple, consiste à simplement entourer la cuve d’un isolant et de chauffer par dessous. La deuxième, un peu plus complexe, demande de créer un « sarcophage » autour, pour avoir une chaleur enveloppante.

Vu le volume de la cuve, je vais pouvoir y rentrer deux têtes en même temps.

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Ce mot « respe », peu commun, désigne deux éléments très différents mais qui ont un rapport avec le charbon de bois.

Une ancienne unité de mesure:

La respe est le nom d’une unité de mesure utilisée pour les haut-fourneaux. C’est une mesure de consommation de 110 l de bois torréfié (charbonné). Cela permet de réaliser les mélanges fer/charbon dans les étouffoirs. Autres mesures: poinçon = 2 ½ de respe et corde : 31 2/3 de respe

Mais c’est aussi un outil fort pratique (celui qui n’a jamais ensaché du charbon de bois ne peux pas savoir..mais s’en douter):

L’ outil permet d’ensacher le charbon de bois. De forme aplatie/ovale avec une pointe et un maillage ouvert, la respe sert à la fois de tamis pour éliminer les poussières et faire glisser les bouts de charbon dans les sacs. Traditionnellement en vannerie, on les a modernisé avec des tubes métalliques et grillage.respe2

La respe est la vannerie de forme allongée du coté gauche de la cabane.

Nous nous sommes donc lancés dans la fabrication de ce drôle de tamis-versoir. De longues branches de noisetiers servent au support périphérique de l’objet. Un dure bataille contre la flexibilité du bois ainsi que les cassures imprévues._MAC8226

Nous avons décidé de lui donner une forme de poire_MAC8228

et enfin les supports intérieurs sont mis en forme sur une planche à clous.
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Maintenant il faut attendre le séchage pour continuer.

 

Petit séjour dans les Maures et l’Estérel. Chaque sortie a débouché sur des vestiges de charbonnières, un peu au hasard mais qu’en on sait on trouve.

Dans un fascicule de présentation de la ville de Fréjus, il est décrit les environs de l’arrière pays, le massif de l’Estérel. L’historien démontre que ces collines étaient dangereuses car mal fréquentées. Il a écrit ceci: « Des populations, souvent marginales, habitaient ces montagnes: braconniers, bagnards fugitifs, charbonniers et bergers vêtus de peaux de bêtes… ». la mauvaise réputation des charbonniers est encore une fois mise en avant.

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Le chêne liège, un arbre assez incroyable. Massif de l’Estérel

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Au village Le-Plan-De-La-Tour à coté de La-Garde-Freinet, dans le massif des Maures, nous avons randonné dans une magnifique forêt de chênes lièges. Parti à l’aventure, je ne pensais pas trouver de site à charbon car le chêne liège me semblait ne pas se prêter à cette transformation. Et malgré tout nous sommes tombés sur une cabane de charbonnier avec une faulde, aire de charbonnage, bien dégradée. Là aussi mes anciens collègues ont peiné. Ont ils écorcé les bois avant de le cuire pour récupérer cette écorce quelque peu précieuse?

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Le sol étant granitique, nous sommes ici dans un maquis. la cabane est très similaire aux notre avec un seul mur pointu et la porte face à la faulde. Il y a sur l’arrière une petite pièce. Tout ceci semble abandonné depuis très longtemps. Quelques chênes vert sont présents et poussent en matte (taillis). Les chênes lièges sont uni-troncs, ils n’ont donc par servi directement au charbonnage.

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Un bel amadouvier qui au final est tout pourri de l’intérieur. Il ne pourra pas servir pour allumer du feu.

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Lien vers un article concernant les charbonnières dans cette région:

– Un intéressant témoignage aux Adrets-De-L’estérel http://www.marieadretsesterel.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=29:le-charbonnier&catid=6:nature&Itemid=29

Il est écrit que l’extinction dure 3 à 4 jours avec le retrait de la couverture végétale, « les rémanents« , pour faire rentrer la terre de couverture dans les interstices du charbon et ainsi accélérer le refroidissement. C’est une bonne technique que je découvre.