Autre

Il est courant, ou tout moins possible, en se promenant dans nos garrigues de trouver des cercles de fer rouillé. Pour la plupart en piteux états, ces ronds sont des restes de four à charbonner. Chaque cercle correspond à un élément de ces fours. Viroles, couvercles ou simple anneau, ils rappellent que les structures étaient à plusieurs niveaux.

Ces dispositifs datent, pour certains, des programmes développés par Vichy, l’État français qui remplaça la République, pour répondre au besoin d’énergies suppléant le manque de pétrole pendant la Seconde Guerre mondiale.

La cuisson en four est plus simple que celle en meule et a pu être mis en œuvre par des ouvriers non qualifiés. Mais certains s’y sont frottés à la technique traditionnelle de la meule.

Dans cette période difficile pour la France et surtout pour les Françaises et Français, des initiatives étatiques ont essayé de combler le manque de ressources. Ainsi un mouvement de jeunesse mis en place par le régime de Vichy, a été créé dès l’été 1940, le 25 juillet, Les Compagnons de France. Cette association paramilitaire indépendante, se voulait de former des jeunes de 14 à 19 ans pour le renouveau des forces vives du pays. Près du Pic-St-loup, il existe un petit village, Viols-en-Laval, connu aujourd’hui pour son site archéologique de Cambous. Dont le nom provient du château de cette petite commune. C’est dans cette demeure que s’installe une petite troupe des Compagnons de France.

Maréchal nous voilà..pas !

Ces jeunes formés, dans une ambiance entre scoutisme et militarisme, avaient un uniforme et saluaient le bras tendu. Le caractère fasciste du gouvernement impose de fait ces comportements. L’un de ses cadres, qui portait le nom en résonance de Pierre Compagnon, déclara que « Le mouvement n’est ni fasciste ni phalangiste, il est français». En 1942, plusieurs rentrèrent dans la Résistance.

Installé au château de Cambous, les jeunes gens participaient aux travaux agricoles, vendanges et aides aux fermiers et viticulteurs.

Et puis ils ont été charbonniers. A la traditionnelle, en meule, ce qui laisse à penser qu’ils avaient un maitre charbonnier pour les conseiller.

Le chantier se situe à Valboissière dans la commune de Brissac. Le journal Le Petit Méridional en a fait l’écho dans un article qui vante les qualités saines de ces jeunes hommes. Un chantier de carbonisation était aussi en activité à Viols-le-Fort de la mi-janvier à début mars. Il rapporta 6 000 et 1 000 fr.

La photo 2 montre le portage du bois avec la fourche, la cabra.

Difficile de savoir s’ils ont apprécié ce type d’activité. La discipline un peu rude dans ce mouvement et les contraintes du travail de carbonisation, ne devait pas être ce que cherchent des jeunes à cet âge.

Dans cette période de guerre, le château de Cambous a accueilli diverses troupes. Ce sont des militaires belges qui occuperont en premier ce lieu. Puis les Compagnons de France de 1940 à 1942 suivi de militaires français dont le célèbre général de Lattre de Tassigny. A la suite de la guerre, en 1950, les 24 baraquements construit servirent de logements aux enfants juifs pour leur formation et transit vers Israël.

L’historique du château et de son utilisation est tiré de la publication de Christian PIOCH, « Le château de Cambous et les Compagnons de France (1940-1942). « Dans Études Héraultaises, 1964.

Rendez-vous important à Cambous. J’aurai le plaisir de conduire une charbonnière avec les archéologues du site en mai 2023. Mais ceci est une autre histoire…

Dans le magnifique roman de Jean Giono « Le Grand Troupeau », paru en 1931, dans lequel, pacifiste convaincu, l’auteur rappelle les horreurs de la guerre, les charbonniers sont présents.

Cet immense troupeau, qui descend des herbages de montagnes, dans des conditions terribles où les bêtes meurent est comparable à la masse des jeunes soldats envoyés au front comme chair à canon.

L’actualité nous plonge ou replonge dans ces funestes dessins des générations pleines de vie, qui aujourd’hui sont fauchées pour d’inutiles conquêtes de tyrans égocentriques.

Dans le chapitre « Julia se couche », l’auteur décrit la solitude des femmes restées à la maison dans l’angoisse de leurs maris, amis, amants, parents.

Le tout début du chapitre nous enivre des paysages montagneux de la Provence :

« Ça sera du beau temps clair cette nuit, dit Julia, l’air a beaucoup de volonté et on voit Sainte-Victoire. »

Le vent d’Alpe venait de prendre le dessus d’un crépuscule embarrassé de nuées, et maintenant, les bords du ciel étaient minces et comme l’aiguisé d’une faux. Du coté du soleil couché, le dos de Lure, avec ses fumées de charbonnières, montait, dans une verdure céleste, belle comme une eau de pré….

Plus loin c’est Verdun qui sert de décors, tragique et qui me touche personnellement à double titre. Mon grand père y était, gazé il aurait pu disparaitre et moi ne pas naitre. Et deuxièmement Giono décrit de sa belle plume, la comparaison entre la bataille et quelque chose d’assez rare, l’enflammement d’une meule charbonnière. Cela peut arriver, qu’une charbonnière prenne feu, suite à un mauvais contrôle de la cuisson. La couverture terreuse qui recouvre le bois en fusion doit être régulièrement tassée pour éviter une ouverture à l’air libre. Car l’apport de l’air et de son oxygène enflamment spontanément la meule de bois et rien ne peut l’arrêter. C’est la perte totale pour le charbonnier. Giono a certainement vu se désastre, tant autant dans sa présence au front que dans les bois de sa Provence en compagnie des charbonniers.

 » Ça faisait du bruit du coté de Verdun! C’était noir comme du café avec des tressauts de feu comme une charbonnière qui s’enflamme… » In chap. Le Premier Cercle.

Puis vers la fin du roman, Giono dans la description d’une bataille, revient sur cette image qu’il a du voir de nombreuses fois, celle d’une charbonnière en activité. « le jour est venu tout d’un coup. le mont Kermmel fume de tous les cotés comme une charbonnière ». 5924 soldats français sont morts dans cette bataille, dernière tentative allemande de briser les lignes alliées en 1918.

Un très beau roman

Dans les témoignages que j’ai pu avoir des « anciens », l’horizon ponctué de fumées, indiquait les charbonnières en activité. Aujourd’hui quand on voit une fumée, souvent les canadairs arrivent.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Grand_Troupeau

Maudite soit la guerre.

Aurora bella

J’avais eu le bonheur de réaliser une charbonnière en Islande à l’hiver 2013/14 (https://www.altimara.eu/blog/2013/12/28/au-jour-le-jour/). Des aurores boréales m’accompagnaient parfois, grand plaisir des régions nordiques.

Avec quelques personnes que j’accompagnais ces dernières semaines en terre de glace, nous avons eu droit au grand spectacle du ciel en fanfare. Nous étions captivés…

Cela a commencé par des apparitions à l’horizon.

Puis l’éther s’est embrasé.

L’artiste Pierre Soulages est connu pour ses œuvres à dominance noire. Il rejoint en ça les charbonniers, diables noirs, alchimistes de l’absence de couleurs.

Rodez accueille son enfant peintre dans un magnifique musée aux façades rouillées.

Évidemment le fusain est à l’honneur, nul vrai artiste ne peut pas l’employer.

Trois études. 1941-1942

Tout près, un autre musée présente sa magnifique collection de statues menhir. A visiter aussi.

Saint-Sernin-Sur-Rance

https://musee-soulages-rodez.fr/

https://musee-fenaille.rodezagglo.fr/

Charles Schlosser, charbonnier de longue date et animateur d’un groupe actif de charbonniers en Alsace, vient de sortir un magnifique livre en cette fin d’année.

« Le charbonnier, une longue histoire« , I.D. l’Édition, un livre qui se veut à la fois évocation historique, technique et humaine (sic).

Neuf chapitres qui nous permettent de naviguer dans les différentes facettes de ce dur métier, des techniques de carbonisation et de tout ce que la charbon de bois a généré dans nos sociétés et nos esprits. Légendes et art sont aussi présentés avec, proximité oblige, des textes en allemand.

Je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer Charles Schlosser, nous avons échangé des messages dans lesquels on se sent en harmonie et je suis très heureux d’avoir un tout petit peu contribué à son livre avec deux photos.

Pour commander ce livre c’est ici : https://www.id-edition.com/collections/lalsace-aux-mille-visages/products/le-charbonnier-une-longue-histoire

Un conte impliquant un charbonnier et un roi, Henri IV. Cela se passe évidemment dans la sud-ouest, avé l’accent !

Le charbonnier de Capchicot

Le sud-ouest recèle un certain nombre de sites qui évoquent le souvenir du roi Henri IV. Parmi eux, se trouve le château de Capchicot, domaine du charbonnier.

Lorsqu’il séjournait dans la région, le jeune Henri de Navarre s’écartait peu de Nérac et de Casteljaloux où le retenait sa passion de la chasse.

Un jour, le roi s’étant égaré, vint, à la nuit tombante, frapper à la porte du charbonnier et demander l’hospitalité. Le charbonnier qui ne connaissait pas son hôte se méfiait tout de même de ce visiteur, mais il finit par lui faire manger du sanglier en lui recommandant bien de n’en parler à personne car le  » Grand Nez  » (c’est ainsi que l’on appelait familièrement le roi) était très jaloux de ses chasses réservées.

Le lendemain matin, en déjeunant, Henri remit la conversation sur les privilèges du roi. Le charbonnier se plaignait alors de ce qu’il trouvait encore plus dur : les droits d’entrée qu’il devait acquitter chaque fois qu’il apportait son charbon en ville, et l’inconnu lui prédit qu’il serait bientôt débarrassé de ce tribut.

Le charbonnier ayant manifesté le désir de voir le roi qu’il ne connaissait pas, le visiteur lui offrit de l’emmener jusqu’à Durance où le roi devait se rendre ce jour là. Le charbonnier accepta et tous deux partirent donc sur le même cheval, le charbonnier se serrant contre le Prince. Chemin faisant, Capchicot demanda :  » mais comment reconnaîtrais-je le roi ? C’est bien simple lui répondit Henri, tu verras, tout le monde se découvre devant lui, lui seul garde sa coiffure. « 

La foule était déjà compacte dans les murs de Durance lorsque le roi, avec son singulier page, arriva au milieu de la petite cour dans une explosion d’applaudissements.  » Et bien charbonnier lui dit-il avant de le faire descendre, tu le connais maintenant le roi ? Pér aquère luts répondit Capchicot sans s’émouvoir, es jou ou bous lou rey ? (Par cette lumière, c’est moi ou vous le roi?) et, revenant de sa surprise, le charbonnier lui rappela :  » Labets, oublides pas lou carboun!  » (Et bien, n’oubliez pas le charbon!)

Quelques jours plus tard, Henri IV reçut Capchicot au château de Nérac et lui accorda le privilège de pouvoir vendre son charbon exempt de tous droits. L’histoire dit même qu’il lui aurait octroyé la belle demeure de Capchicot, château que l’on peut encore admirer de nos jours.

Capchicot 47420 Allons

Merci à Agnès de nous faire découvrir cette histoire.

Visite de Hespa, atelier de teinture végétale près de la ville de Selfoss. Gudrun se passionne pour cette technique. Elle utilise des plantes locales comme le lichen, les lupins ou la rhubarbe et aussi des plus exotiques comme les cochenilles ou l’indigo. Une belle rencontre avec qui partager des affinités de savoir faire. Sa laine noire teintée avec des racines de raisin d’ours est exceptionnelle. Toutes ses laines sont superbes, on peut aussi les commander avec le site de « Triscote ».

Un fer à braise en exposition dans l’atelier.
https://www.icelandcolors.com

A Reykjavik nous avons visité une jolie expo avec des bois flottés.

Privé de garrigues en ces temps de confinement, j’ai passé des heures à regarder une Charbonnière sous la forme d’un petit oiseau. La mésange charbonnière (Parus Major), parus, du latin parra, à la trouble signification d’oiseau de mauvaise augure. Il parait qu’elles sont très agressives envers les autres piou piou. Major car elles sont les plus grandes des mésanges.

Mésange charbonnière.

L’ornithologue qui a donné le nom à ce bel oiseau, a marqué un bon point en la qualifiant de charbonnière. Il a certainement assimilé la tête noire de l’oiseau à celles des charbonniers.

Mes anges charbonnières !!

Du coup j’en ai profité pour observer tous les autres oiseaux autour de chez moi. Manque une photo du Petit Duc, arrivé le 22 mars, du Pouillot qui chante au dessus de notre terrasse, de la belle Huppe Fasciée, du beau Pic Vert et d’autres qui tournent sans arrêt au dessus de nos têtes. Plus quelques autres invités à découvrir dans le diaporama ci-dessous.

Bonne surprise et un chouette cadeau d’anniversaire que j’ai eu le plaisir d’avoir et de déguster, un vin du sud au doux nom de « Charbonnière ».

La volonté des producteurs a été de dénommer ce vin du nom de la parcelle d’où il est issu. C’est donc un ancien emplacement d’une charbonnière qui rappelle que comme de partout cette activité était présente ici aussi.

Du charbon au vin, une belle suite et un plaisir à partager.

vin de légende ?

Ce vin est un de ceux produit au Domaine de Sulauze, près de Miramas dans les Bouches du Rhône, https://www.domainedesulauze.com/.

A boire modérément, attention à la gueule de « charbon de » bois…

Mon ami et complice des animations, René, l’homme du feu, a chez lui une belle assiette décorée. En effet le dessin représente le montage d’une meule charbonnière. Que ce doit être plaisant de manger dans une telle assiette…

René a des origines du Morvan. Là-bas la forêt est plus importante que dans nos garrigues. Le dessin montre des arbres de futaie et non des mattes comme il y en a ici.

Si le village de Sainte-Croix-De-Quintillargues a pour origine le nom d’un gallo-romain qui était certainement Quintilius, l’origine antique est donc bien présente. Quintilius n’est pas le seul a avoir laissé des traces, nous avons dans la surface de la commune de nombreux vestiges de charbonnières et four à chaux. Deux activités très pratiquées dans ces périodes anciennes.

L’activité charbonnière, indispensable pour la forge, est l’objet d’études pour mieux identifier sous quelle forme elle était pratiquée. Cuisson en fosse ou en meule?

La meule, qui est la meilleure productrice de charbon de haute qualité, c’est à dire riche en carbone, semble apparaitre plus tardivement. Certaine dénomination parle de « meule suédoise améliorée ». Cela veut il dire que cette technique nous est venue du grand nord. Les vikings, avec leurs expéditions de pillages, du IX au XI è, auraient aussi apporté cette façon de faire? Les North Men, Normands, avaient plus d’un tour dans leurs besaces.

En Islande j’ai vu des fouilles qui ont mis à jour la cuisson dans des trous ou fosses.

Revenons à nos « Romains ». La langue latine, matinée de créole gaulois dans nos contrées, a donné beaucoup de noms de lieux dans nos régions. Mais qu’en est il des charbonniers et du charbon?

Agnès T. m’a envoyé cette jolie liste. Un certain monsieur Philibert Monet, en 1637, a écrit l' »Abrégé du parallèle des langues françoise et latine ». Philibert_Monet

Charbon, piece de braise, piece de bois…reduite en braise. = Carbo. Ardens carbo. Ignitus carbo. Candens carbo.

Charbon, piece de braise esteinte. = Carbo. Exstinctus carbo. Mortuus carbo. Emortuus carbo. Exstincta pruna.

Charbon, petit tronçon de bois, coupé en long, cuit au feu et à la fumée pour faire braise. = carbo. Coctus carbo. Coctilis carbo. Coctiuus carbo.

Charbon de bois rond. = Carbo ex caudice. Carbo ex folido stipire.

Coupeau de bois, trenche de bois coupée, pour le charbon. = Talea carbonaría.

Tas de coupeaux rangez pour faire charbon. = Aceruus confertarum talearum carboni coquendo.

Enduire de boue, a guise de fourneau, les coupeaux de bois entassez pour la cuite de charbon. = Confertas taleas luto carminare. In camini speciem. in fornacis morem, turbinatum acernum talearum lutare, luto illinere.

Charbonner, noircir de charbon. = Carbone denigrare quidpiam. Carbone insuscare. Nigritiem carbone inducere.

Charbonner, escrire quelque chose avec charbon. = Carbone scríbere, describere aliquid.

Charbonnier, qui fait ou vend du charbon. = carbonarius.

Charbonniere, lieu ou se fait le charbon. = Officina carbonaria. Coquendi carbonis officina.

AVE !

 

Visite de la très belle cité d’Albi, dans le Tarn, avec sa merveilleuse cathédrale. Nous avons « rencontré » le grand peintre de la ville, Toulouse-Lautrec, dans le musée qui lui est dédié. Un certain nombre de ses œuvres sont réalisées au fusain.

Le fusain, charbon de bois utilisé depuis la préhistoire dans l’art pariétal, est le plus vieux instrument de communication que l’homme a utilisé.

Le fusain est devenu un nom générique pour désigner tous les charbons de bois qui servent a dessiner. C’est à l’origine le nom de l’arbrisseau, Fusain d’Europe « Euonymus europaeus » (wiki). Aujourd’hui les « fusains » sont essentiellement issus de saules.

Toulouse-Lautrec n’est pas le seul a être présenté avec des œuvres au fusain dans ce musée (museetoulouselautrec) situé dans le palais de la Berbie. Une visite a ne pas manquer.

« Je boirai du lait le jour où les vaches mangerons des vignes ! » Toulouse-Lautrec.

Le charbon de bois est vraiment une matière étonnante. Voilà que ses qualités d’absorption des gaz, que l’on connait plutôt pour les masques à gaz ou le filtre de la hotte de cuisine, a été repris par un designer anglais pour le confort de toutes et tous.

La culotte au charbon de bois libère du danger d’empester un lieu par un pet mal venu. Ami des flatulences, voici l’arme pour être à l’aise en sociétè, les sous vêtements « Shreddies ». « Paul O’Leary, un designer britannique, a eu l’idée de créer des sous-vêtements qui absorberaient les odeurs de pet. » La suite: « Ceux-ci sont faits en Zorflex, un tissu à base de carbone, qui est normalement utilisé pour les uniformes de guerre chimique. Le Zorflex, en plus d’avoir un nom de méchant, est censé absorber des odeurs 200 fois plus fortes qu’un prout de base. »

Pour tous ceux (et celles) qui sont un peu coincés en collectivité, mettez des slips Shreddies….

L’article complet dans madmoiZelle: http://www.madmoizelle.com/shreddies-lingerie-anti-prout-211274

Un texte du début 19ème siècle sous forme de fable. Charbonnier contre meunier, le noir et le blanc…le Ying et Yang et ça cogne.

Cette fable m’a été révélé par Agnès de Normandie, une aficionados (ou -da?) du charbon de bois. Merci.

Fable de Antoine Arnault 1812

Les charbonniers, les meuniers, et le marguillier.
Fable XIII, Livre V.

Entre nos frères les meuniers
Et nos frères les charbonniers
J’ai vu régner longtemps une haine assez forte.
À quel propos ? C’était… que le diable m’emporte,
Si plus qu’eux-mêmes je l’ai su !
Eh ! n’est-ce pas souvent pour un malentendu
Qu’un premier combat se donne ?
Le tort en est à tous, comme il n’est à personne,
Au second, où l’on rend ce que l’on a reçu,
Où l’on se bat du moins parce qu’on s’est battu.
Mais revenons au fait : ainsi qu’on peut le croire,
Chaque héros dans sa valeur,
Se signalant pour sa couleur,
Criait haro sur l’autre, et tombait, dit l’histoire,
Charbonnier sur la blanche et meunier sur la noire.
Par la seule nature armés,
Les voyez-vous en cent manières
Les bras tendus, les poings fermés,
Venger l’honneur de leurs bannières ?
Que de coups donnés et rendus !
Que de flots de sang répandus
Par tous ces nez cassés des mains de la victoire !
Chantre de Jeanne et de Bourbon,
C’est ta voix qui devrait transmettre la mémoire
De tous ces preux couverts de gloire et de charbon,
Couverts de farine et de gloire !
Certain jour cependant que ces poudreux guerriers
Se reposaient sur leurs lauriers,
Un philosophe, un philanthrope,
Un marguillier, mortel ennemi des combats,
Tenta de mettre un terme à ces trop longs débats.
D’un manteau neutre il s’enveloppe ;
Et le voilà, du matin jusqu’au soir,
De l’un à l’autre camp sans cesse en promenade ;
Qui va, vient et revient, en courtier d’ambassade,
Du noir au blanc, du blanc au noir.
Or, à son drap qui n’est noir, ni blanc, mais pistache,
Tantôt le blanc, tantôt le noir laisse une tache.
Comme on en murmurait d’un et d’autre côté :
« Charbonniers et meuniers, dit-il, parlons sans feinte :
Voit-on les deux partis, sans prendre un peu la teinte
Des gens à qui l’on s’est frotté ? »

Jamais meunier et charbonnier ne s’accordent en leur métier

Estampe de David H. 17e siècle

Le marguillier, soit en latin médiéval le matricularius, est d’abord celui « qui tient un registre ou un rôle (matricula) ». La première fonction connue du matriculaire, officier de la religion chrétienne – religion attentive à la pauvreté christique – était d’immatriculer les pauvres de l’église, c’est-à-dire de les inscrire sur le registre d’aumône. La seconde est l’administration des registres de ces pauvres personnages. Il existait donc, dans chaque paroisse, un marguillier qui avait la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l’Église. Il servait d’aide au sacristain. Ce n’est pas une profession mais une charge.

 

Pour la construction d’un moteur Sterling, moteur à air chaud ou à énergie extérieure, nous avons besoin de pièces à réaliser avec une fonderie maison. Le métal utilisé est de l’aluminium, qui a un point de fusion assez bas à partir de 700°.

Nous avons tout simplement fabriqué un foyer en plâtre dans lequel le charbon de bois est allumé. Une soufflerie externe entretien la cuisson. Un creuset en fer est placé au centre et dans lequel des morceaux d’alu sont déposés. La haute température provoque rapidement la fusion du métal. « Reste », opération un peu délicate, a verser le métal fondu dans le moule.

le charbon de bois convient très bien. Issu d’une de mes charbonnières, son haut taux de carbone donne la température voulue ainsi qu’une bonne tenue dans le temps.

Ah le Musée des arts et métiers de Paris est un des lieux à ne surtout pas rater dans la capitale. Ça fait pas très branché et c’est pourtant formidable. Qui n’a pas vu « Eole », l’avion chauve souris de Clément Ader, se doit d’aller admirer cette machine extravagante.

Ce musée recèle tout un ensemble d’inventions, qui laissent pantois devant l’ingéniosité humaine.  Dans tout ce monde de l’intelligence, des grandes et utiles machines, du pendule de Foucault, du mètre étalon, il y a bien sur un objet qui a attiré mon attention, un minot.

Un minot, c’est une ancienne mesure de capacité de matières sèches. C’est à dire un étalon pour déterminer un volume fixe. Concrètement un petit fut, qui à Paris était d’un pied cube, soit 34,3 dm³. Le minot de Paris, exposé au musée, est dit de charbon de bois.

Un minot est la moitié d’une « mine ». Ce qui donne en mesures anciennes à Paris: le muid de charbon de bois valait 4,1 m3, avec 20 mines par muid, 2 minots par mine, 8 boisseaux par minot. Soit 40 minots par muid.

A Toulouse, le muid était aussi de 4,16 hectolitre, mais le minot seulement de 2 boisseaux. Le boisseau étant la mesure de base, utilisé aussi pour le sel, le blé et autres denrées sèches.

Donc le charbon de bois n’était pas vendu au poids mais au volume. Formule que l’on retrouve dans l’économie du bois où tout se négocie en volume comme le stère par exemple.

Minot pour le charbon, 1671

 

Musée des arts et métiers

titre-noirAnimation avec le groupe de la section patrimoine du foyer rural Les Quintillades.

Dans la continuité de notre expérience de vouloir faire une cuisson de calcaire dans un four à chaux ramier, nous avons organisé une journée de rencontre avec d’autres passionnés, des membres du Collectif des Garrigues.

Après la visite de l’écosite des charbonnières de Sainte-Croix-de-Quintillargues, dans lequel il y a plusieurs fours, nous avons construit en grande partie le four expérimental.

Nos amis des associations de pierres sèches de Nages et du Menhir, associés à d’autres personnes et nous même, ont rapidement monté la voute en encorbellement. Cette voute servira de foyer à feu pour la calcination. Des pierres « roulantes », c’est à dire issu de pierrier, ont été déposé dessus et tout autour, pour faire la charge à transformer en chaux vive. img_20161210_152418970_hdr

Prochaine étape, remonter un peu plus le mur de confinement et finir de monter la charge de pierres.

Un projet collaboratif à partager au maximum.

img_20161210_163012862_hdr

 

Étonnant architecte que celui des derniers rois de l’ancien régime, Claude-Nicolas Ledoux, innovateur et utopiste dans ces projets de construction. La Saline Royale de Chaux (Saline royale d’Arc-et-Senans, 1774-1779), est un formidable complexe de traitement de l’eau salée naturelle pour en recueillir le sel si précieux dans les temps anciens. C’est bien sur dans la forêt de Chaux (cf. article précédent) que ce trouve cette saline. Le bois de cette grande forêt a servi à alimenter les foyers pour cuire les immenses chaudrons dans lesquels la saumure s’évaporait. Cet homme, qui a imaginé et construit d’innombrables bâtiments, n’a finalement laissé que peu de traces car beaucoup de ces réalisations ont été démontées ou détruites.

Par contre, après la chute de l’ancien régime, il a rédigé un formidable ouvrage avec plein de plans de bâtiments. Et parmi ceux ci deux ont attiré particulièrement mon attention…

Tout d’abord « l’atelier des charbonniers », une sorte de pyramide ou de cheminée immense. La forme du bâtiment rappelle celle de la meule de bois a carboniser. Une belle allégorie.

_mar1643

img_20161031_163811594_hdr-2

Un bâtiment tout à fait extraordinaire, la cabane des charbonniers, qui s’est transformée avec un grand luxe. D’ailleurs il l’appelle  « logement des charbonniers ». J’en rêve!!! passer les colonnes comme un tribun romain…tout noir de charbon.

img_20161031_164124251_hdr-2

img_20161031_164901060_hdr-2

 

Claude-Nicolas LEDOUX, l’architecte

Photos des maquettes présentées au musée de la Saline d’Arc-et-Senans, à voir c’est étonnant.

 

 

sigle noirLa section patrimoine du foyer rural Les Quintillades a repris ses activités. Cette année nous continuons notre recherche et valorisation des fours à chaux des garrigues. Ces fours à chaux sont tout au long du parcours du Sentier des Charbonnières de l’écosite de Sainte-Croix-De-Qintillargues. Il y a deux fours anciens qui sont présentés, un four un peu à l’extérieur du chemin et un four que nous construisons. L’objet de cette construction est de pratiquer une cuisson expérimentale pour retrouver les gestes des anciens. Ce sont des fours ramiers, c’est à dire que l’on utilisait de la ramille (fagot de branches) pour avoir les 900° degrés nécessaires. La calcination du calcaire ne se produit qu’à partir de cette température qu’il faut garder jour et nuit, sans arrêt. Un dur labeur avec une approche difficile de la gueule du foyer, à cause de la t°, et la quantité astronomique de fagots qu’il faut pour aller jusqu’au bout. Ce type de four n’a plus été utilisé depuis la moitié du 19ème siècle car ils ont été remplacé par des four bâtis beaucoup plus productifs. Nos anciens avaient des gestes qui se sont perdus malgré les nombreuses publications qui parlent technique de la pierre mais pas des hommes, les chaufourniers.

img_20161022_162927654_hdr-2

Nous avons donc œuvré à la remise en état du chemin des charbonniers. Celui ci parcourt la colline où se situ l’écosite et en fait quasiment le tour avec de multiples branches. Souvent appareillé avec de beaux murs de soutènements, ils sont les vestiges les moins perçus comme tel car on les suit sans se rendre compte du travail accompli à l’époque.

Aujourd’hui certains de ces chemins servent de parcours pour la randonnée du sentier des charbonnière. Depuis que nous les avons re-ouvert, l’érosion a fait son travail de sape, souvent bien aidé par les sangliers.

Ces chemins ont vu passé des mulets, des charrettes et des gros 4×4 genre Dodge recyclés de l’armée, pour le transport des sacs de charbon. Les Dodges eux ont servi à la fin de l’activité pour descendre le bois coupé par les bouscatiers, au village où les charbonnières étaient cuites.

img_20161022_160814753_hdr-2

Photos extraites de l’excellent livre de Danielle Musset: « De mémoire de charbonniers« , Alpes de Lumière.

p1

Dans le post (article) « https://www.altimara.eu/blog/?p=1209 », j’ai présenté le village Charbonnières dont les heureux habitants se nomment Charbonnier (ière).

Il y a en France plusieurs villages portant ce nom:

pohkpoogefedqp7-725-220

Charbonnières, est un petit village français, situé dans le département d’Eure-et-Loir et la région du Centre-Val de Loire. Ses habitants sont appelés les Charbonniers et les Charbonnières.

Charbonnières, est une commune française située dans le département de Saône-et-Loire, en région Bourgogne-Franche-Comté. Ses habitants sont appelés les Leunais et les Leunaises ++

Charbonnières-les-Varennes est une commune française, située dans le département du Puy-de-Dôme en région d’Auvergne-Rhône-Alpes. Elle fait partie de l’aire urbaine de Clermont-Ferrand et du parc naturel régional des volcans d’Auvergne. Ses habitants sont appelés les Coupaux. ++

Charbonnières-les-Vieilles est une commune française, située dans le canton de Manzat, dans le département du Puy-de-Dôme en région d’Auvergne-Rhône-Alpes. Elle fait partie de l’aire urbaine de Clermont-Ferrand. ++

Charbonnières-les-Bains est une commune française située dans la métropole de Lyon en région Auvergne-Rhône-Alpes. Ses habitants sont appelés les Charbonnois, Charbonnoise. ++

Charbonnières-les-Sapins est une commune française située dans le département du Doubs en région Bourgogne-Franche-Comté. ++

capture-decran-2016-10-15-a-12-49-02

Charbonnier-les-Mines est une commune française, située dans le département du Puy-de-Dôme en région Auvergne-Rhône-Alpes. On parle là de mines à charbon, donc de mineurs et pas de charbonniers. gentilé: Charbonniercapture-decran-2016-10-15-a-13-11-38

capture-decran-2016-10-15-a-13-11-20

capture-decran-2016-10-15-a-13-09-03

Les plaques des villages sont extrait du site: http://www.communesdefrance.eu/index.html

Le sel noir fait recette en Islande.

Le sel islandais est issu de l’océan Atlantique, par traitement géothermique, c’est à dire par évaporation forcée de l’eau de mer au contact de la chaleur de l’eau chaude naturelle.

Le sel noir est inspiré du fameux sel d’Hawaï. Un sel mélangé de charbon actif, d’où la couleur noire.

Si le sel vient de l’océan, je ne sais pas encore d’où vient le charbon.

« Lava salt », « Volcano salt », le caractère volcanique sert d’argument de promotion. Aucun des deux éléments n’a d’origine volcanique.

IMG_20160705_101429104_HDR-2

IMG_20160705_101213118_HDR