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Un texte du début 19ème siècle sous forme de fable. Charbonnier contre meunier, le noir et le blanc…le Ying et Yang et ça cogne.

Cette fable m’a été révélé par Agnès de Normandie, une aficionados (ou -da?) du charbon de bois. Merci.

Fable de Antoine Arnault 1812

Les charbonniers, les meuniers, et le marguillier.
Fable XIII, Livre V.

Entre nos frères les meuniers
Et nos frères les charbonniers
J’ai vu régner longtemps une haine assez forte.
À quel propos ? C’était… que le diable m’emporte,
Si plus qu’eux-mêmes je l’ai su !
Eh ! n’est-ce pas souvent pour un malentendu
Qu’un premier combat se donne ?
Le tort en est à tous, comme il n’est à personne,
Au second, où l’on rend ce que l’on a reçu,
Où l’on se bat du moins parce qu’on s’est battu.
Mais revenons au fait : ainsi qu’on peut le croire,
Chaque héros dans sa valeur,
Se signalant pour sa couleur,
Criait haro sur l’autre, et tombait, dit l’histoire,
Charbonnier sur la blanche et meunier sur la noire.
Par la seule nature armés,
Les voyez-vous en cent manières
Les bras tendus, les poings fermés,
Venger l’honneur de leurs bannières ?
Que de coups donnés et rendus !
Que de flots de sang répandus
Par tous ces nez cassés des mains de la victoire !
Chantre de Jeanne et de Bourbon,
C’est ta voix qui devrait transmettre la mémoire
De tous ces preux couverts de gloire et de charbon,
Couverts de farine et de gloire !
Certain jour cependant que ces poudreux guerriers
Se reposaient sur leurs lauriers,
Un philosophe, un philanthrope,
Un marguillier, mortel ennemi des combats,
Tenta de mettre un terme à ces trop longs débats.
D’un manteau neutre il s’enveloppe ;
Et le voilà, du matin jusqu’au soir,
De l’un à l’autre camp sans cesse en promenade ;
Qui va, vient et revient, en courtier d’ambassade,
Du noir au blanc, du blanc au noir.
Or, à son drap qui n’est noir, ni blanc, mais pistache,
Tantôt le blanc, tantôt le noir laisse une tache.
Comme on en murmurait d’un et d’autre côté :
« Charbonniers et meuniers, dit-il, parlons sans feinte :
Voit-on les deux partis, sans prendre un peu la teinte
Des gens à qui l’on s’est frotté ? »

Jamais meunier et charbonnier ne s’accordent en leur métier

Estampe de David H. 17e siècle

Le marguillier, soit en latin médiéval le matricularius, est d’abord celui « qui tient un registre ou un rôle (matricula) ». La première fonction connue du matriculaire, officier de la religion chrétienne – religion attentive à la pauvreté christique – était d’immatriculer les pauvres de l’église, c’est-à-dire de les inscrire sur le registre d’aumône. La seconde est l’administration des registres de ces pauvres personnages. Il existait donc, dans chaque paroisse, un marguillier qui avait la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l’Église. Il servait d’aide au sacristain. Ce n’est pas une profession mais une charge.