Il y avait donc trois charbonnières au colloque des charbonniers d’Europe. L’une était la meule de bois à carboniser et plus important, deux femmes charbonnières, qui se sont attelées à la conduite du feu dans la meule.
Ces deux personnes ont une longue expérience dans ce domaine. Maitresse d’œuvre dans le déroulement de l’activité, elles ont été aidé pour le montage par une grosse équipe de bénévoles.
Cette meule suisse est assez étonnante pour nous autres, pauvres charbonniers du sud. Les moyens mis a disposition sont énormes, machines, coupe du bois et autres engins dépassent largement nos faibles moyens.
Le bois a carboniser était du hêtre. Je n’ai vu le montage de la meule que par des photos et c’est très similaire à nos pratiques. La couverture générale est en branches de conifère, la tête vers le bas. Le plus étonnant est la carapace, je n’hésite pas a utiliser ce mot plutôt que couverture, de fraisil (terre ? + poudre de charbon). Un camion plein de ce matériaux qui date de plusieurs décennies et récupéré à chaque fin de cavage.
Une bétonnière mélange cette poudre avec de l’eau…maçon nous voilà ! Les padawans déposent en couches épaisse ce mélange, au moins 20 cm à la base. Les deux Jedis féminins, affinent la couverture avec leurs bottes. L’Étoile de la Mort ( Death star) prend forme. L’utilité de cette carapace bunker, nous explique Doris, est sa résistance aux vents et à la pluie, qui peuvent être très forts dans cet endroit. Inutile de se prendre la tête avec des paravents, notre problème récurant.
Les deux charbonnières sont Doris Wicki et Heidi Moy. Deux femmes volontaires qui ont conduit la carbonisation et uniquement à elles deux. Je n’ai malheureusement pu assister qu’au début du travail. L’allumage est beaucoup plus simple que chez nous mais par contre il y a un cérémonial très sophistiqué.
Deux pelles de braises suffiront pour démarrer. Perché au sommet de la meule, tout un aréopage de personnalités, discourent avant que Doris monte avec la première pelle. Une fois celle-ci vidée dans la cheminée, Doris redescend avec agilité sur la grosse échelle et sa compagne de travail lui donne une autre pelle chargée de braise. Une fois vidée, c’est au tour d’un verre de schnaps d’être versé dans le trou. Tout ce beau monde se congratule puis quitte le sommet pour retrouver la foule au pied de la meule. Un beau spectacle accompagné par les sonneurs de cloches avec leur musique un peu particulière, bling blong !
Toutes les deux heures, nos dames, versent un sac de copeau dans la cheminée. Cela reste un petit mystère que je n’ai pas encore très bien compris. Certainement que c’est le processus d’allumage qui est progressif et dure toute la nuit. Au petit matin la meule fume tranquillement, les premiers trous en couronnes sont formés, la carbonisation est enclenché.
Au début du montage de la meule, un socle de rondins de bois posée en étoile, isole les bois a carboniser du sol. D’après les photos exposées, la meule sera tassée avec une pointe en sont milieu. Nous retrouvons là le même schéma de nos charbonnières. Par contre de grosses flammes sortent par les trous du bas, ce que nous n’avons jamais…ou bien c’est foutu !
C’est dommage que je n’ai pas pu rester pour suivre toute la carbonisation. J’aimerai voir son évolution même si ce n’est guère différent des miennes. La différence est nettement sur les moyens employés. Nous sommes là sur de l’artisanat haut de gamme à la limite de l’industriel.
À suivre, le gazogène des Markus…