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Les guerres liées au pétrole et en règle générale à l’énergie et à son accès (ou son profit) sont omniprésentes. Le charbon de bois, l’une des plus anciennes énergies que l’humanité exploite, a génèré aussi des tensions.

Dans les pays où l’utilisation du charbon de bois est très présente, rappel 60% de la population mondiale cuisine au charbon, la maitrise du commerce de ce charbon est parfois source de problèmes. En Afrique, un article du « Monde », fait état d’un trafic illégal sur la production et la vente du charbon dans la République Démocratique du Congo. Article du Monde payant: charbon rdc.

Charbonniers Afrique  (Éthiopie)

Plus près de nous mais dans des temps plus anciens, nos charbonniers, en toute légalité, se sont retrouvés dans un conflit très dur avec les paysans. J’ai souvent entendu dire que bergers et charbonniers sont les pires ennemis. L’explication la plus simple est que les moutons mangent la repousse des taillis d’arbres et empêchent son développement. Pas d’arbres, pas de bois, pas de charbon. Et si il y a interdiction de paissance, les bêtes n’ont pas assez d’espaces où trouver à manger. Sylva vs patus. L’histoire nous donne un version un peu plus élaborée.

Les trois zones, ager, patus et sylva, c’est à dire la répartition des champs, du parcours et de la forêt sur un même territoire, ont varié dans l’histoire au gré des activités agricoles, de la surpopulation ou désertification rurale et bien sur du contexte de sécurité ou pas.

A la Révolution, les droits seigneuriaux, qui donnaient la main mise aux puissants sur le bois, sont abolis.  Le ramassage du bois mort, la glandée et bien d’autres ressources forestières à usages domestiques, comme les champignons ou les châtaignes, étaient très importants dans le monde rural. Les coupes de bois et la fabrication du charbon se libéralise sans guère de contrôles. Les autorités essayaient tant bien que mal de cadrer ces activités. Pour limiter l’inflation des prix du charbon de bois et préserver les ressources, il était organisé dans notre région languedocienne, une attribution par ville des secteurs de production. Les nouveaux riches se sont accaparés les terrains de la noblesse, passés en biens nationaux et revendus. Sous le premier empire, Napoléon a mis les forêts sous tutelle des ministères d’État et non plus sous gouvernance locale. Les relations administratives entre les citoyens et les élus du terrain sur les questions forestières sont rompues.

La déforestation est massive, les collines et les montagnes perdent une grande partie de leur couvert forestier. Cette déforestation va être en partie due par le développement des forges à martinet, grandes consommatrices de charbon. Dans les années 1820, l’industrie métallurgiques a un fort besoin de charbon, que les mines ne peuvent pas alimenter faute de moyens de transport. Aussi les industriels vont mettre en place dans les forêts de lourdes équipes de charbonniers. Ceux ci coupent et carbonisent, c’est leur métier.

Parallèlement l’État, sous Charles X, crée le code forestier. Ce code va fortement limité la liberté et les usages liés à la forêt. Les animaux sont interdits de paitre et les contrevenants, berger ou éleveurs, lourdement sanctionnés. Les gardes forestiers se retrouvent face à des paysans mécontents. Malgré ou à cause de la présence des gendarmes et de la troupe, cela va s’envenimer avec des arrestations, emprisonnements et parfois des morts. Cette « révolte » est particulièrement vrai en Ariège, où sont les grandes forges. Ce mouvement de révolte occitane est (peu) connu comme « La Guerre des Demoiselles ».

Ce curieux nom provient du fait que les paysans se déguisaient avec des châles et habits de femmes tout en se noircissant la figure pour ne pas être reconnus.

Dans cette période difficile et dans l’été 1829, les charbonniers ont subit les foudres paysannes. Considérés comme collaborateurs, ils ont été chassé, leurs cabanes brulées et ont même été menacé par des tirs au fusils. En 1830, une trentaine de charbonniers dans la forêt domaniale de Saint-lary, près de St-Girons, sont expulsés et certains blessés.

Le conflit va s’arrêter de lui-même faute de combattants. La campagne se désertifie tout simplement. Les charbonniers vont revenir dans nos forêts pour un siècle de plus. Un peu plus tard les forges, qui se modernisent, et la métallurgie vont s’alimenter en charbon de terre plus facilement quand le réseau du transport par train se met en place.

La Guerre des Demoiselles: ici