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Depuis plusieurs jours j’ai le plaisir d’accueillir deux stagiaires. Pierre et Thibault, en fin d’études d’ingénieurs à l’école EPF, ont choisi l’ONG COOPDEA pour réaliser leurs stages en entreprise.

Ils vont partir au Togo pour mettre en place des unités de carbonisation de charbon végétal. L’opération se déroulera avec une association locale.

Formation aux différents types de fours dans un premier temps. Du plus basique au plus gros.

Fabrication de galettes d’écochar, avec broyage des végétaux carbonisés.

Puis à la presse pour obtenir les galettes ou briquettes que nous appelons écochar.

Malgré le froid piquant, j’ai repris les cuissons. Avant cela j’ai modifié les tuyaux des gaz des tonneaux. Des tubes de 18 et 20 mm, car avec les anciens moins gros ils avaient tendance a se boucher avec la suie. J’ai positionné un bouchon sur chacun qui laisse une ouverture possible pour ramoner.

Ça marche du feu de dieu…ou du diable !!

Du biochar à foison

Dans un article du journaliste Jacques Deveaux, à France info, nous pouvons prendre connaissance des chiffres affolants de la consommation de charbon de bois en Afrique.

Il est dit que, au Congo, la consommation réelle du charbon de bois dépasse largement la production forestière nationale, ce qui veut dire que les coupes sauvages non autorisées sont 20 fois supérieures au chiffre officiel. 300 000 personnes travaillent dans ce secteur d’activité en toute illégalité.

La conséquence est une déforestation incontrôlée qui échappe aux plans de gestion forestière.

La cuisine au charbon de bois, une réalité. Éthiopie

Les chiffres sont incroyables, au Cameroun la consommation est de 356 000 tonnes de charbon de bois. Si j’applique la règle de 20% de carbonisation du poids originel du bois cela fait 1 780 000 tonnes de bois coupé.

Qui plus est, une grande partie de la production, surtout au Nigeria, part sur les marchés européens, là aussi sans contrôle.

L’Afrique ne doit plus être le continent des fantasmes occidentaux, l’Eden où la nature généreuse est sans limite. Les populations locales utilisent le charbon de bois car c’est l’énergie la moins chère et ils n’ont pas accès à d’autres énergies faute de revenus. Le pillage des ressources naturelles par les grandes entreprises occidentales, et maintenant asiatiques, donnent le mauvais exemple.

L’avenir ? Éthiopie

Le Maroc, mais aussi de petites initiatives partout en Afrique, cherchent à mettre en place des solutions moins destructives, comme les fours. Avec l’association COOPDEA et la production de galettes végétales par les résidents, nous essayons d’apporter notre contribution à un espoir d’une meilleure qualité de vie pour les Africains et la planète.

www.francetvinfo.fr/monde/environnement/cop24/en-afrique-le-charbon-de-bois-reste-le-combustible-des-familles_3095465.html

Au Jardin de Fontanès, jardin maraicher où nous avons notre four pilote, nous avons pratiqué des tests de culture avec biochar.

Le biochar étant de la poudre de charbon végétal, utilisé de plus en plus dans divers endroits du Monde. Cet ajout fortifie les qualités du sol en stockant dans les nombreuses alvéoles du charbon de l’eau et autres nutriments. Il agit comme une éponge qui petit à petit régurgite son stock. Dans les sols les plus pauvres son action est très réelle. La biomasse augmente de plusieurs dizaines de pourcentages dans ces terrains biochardisés.

En fonction des sols, le pourcentage de mélange varie. Il est aussi a ajuster en fonction des légumes ou végétaux que l’on fait pousser. Nous avons peu de retour d’expériences exploitables, aussi nous avons partagé dans trois zones des mélanges avec 300gr, 500gr et 1 kg. Les légumes sont des salades, du cerfeuil et des oignons.

Les cerfeuil ont rapidement montré une croissance plus généreuse, les oignons sont plus denses et les salades ont eu un beau développement. Le résultat est prometteur.

Kevin, le maraicher, veut maintenant cultiver plus de parcelles en biochar pour 2021. Les fours vont bien fonctionner ce printemps et fin d’hiver.

Lien pour demande charbon écologique

Article biochar précédent : biochar

Le charbon a mauvaise presse et c’est tout à fait justifié. L’utilisation des ressources fossiles provoque l’accélération du changement climatique et participe à son dérèglement.

Le charbon est multiple. Il peut être issu de terre, de bois, d’os, d’hydrocarbure, etc. Celui qui nous intéresse est d’origine végétale et à contrario du fossile, pétrole, asphalte, il est une énergie renouvelable. Les herbes, les arbres, les végétaux sont des êtres vivants, qui naissent, qui poussent et qui meurent. Cette biomasse, plus ou moins bien exploitée, nous donnent la possibilité de créer du charbon neutre, sans grand impact de notre environnement.

Le charbon dit végétal, est plutôt produit à partir de déchets verts, souvent sous valorisés, voire problématique quand il faut gérer l’accroissement des décharges de nos consommations exponentielles. La carbonisation génère des gaz. La plus grosse proportion est inflammable et utilisable soit pour maintenir la pyrolyse soit pour du biogaz.

Le biochar, charbon introduit dans les terres de cultures, est aussi une possibilité d’utilisation pertinente de ce carbone.

le charbon actif est indispensable pour tous les modes d’absorption en filtrage.

Regardons les études faites sur l’impact écologique de la carbonisation en meules (traditionnelles):

La transformation du bois en charbon de bois, impact écologique.

La montée en température du bois lors de la combustion, première phase du processus, donne des gaz inflammables. A partir de 280° ces gaz vont accélérer l’élévation de la chaleur, réaction exothermique, d’une centaine de degrés. La carbonisation est effective et seule le palier des 500° permet d’obtenir un charbon riche en carbone dans la norme européenne EN 1860-2 d’un minimum de 80%. Une cuisson bien menée en meule donnera un charbon à plus de 85%. En four, avec le recyclage des gaz et une température de plus de 700°, voir 1000°, le taux peut atteindre 90 % et +.

Dans le « Guide de la carbonisation « de Briane et Doat, édisud 1985, les différents éléments produits par la carbonisation sont les suivant:
1 T de bois sec ( 20% humidité sur brut ) donne :
– 310 kg de charbon de bois. Entre 25 et 30 % de la masse initiale.
– 280 kg d’eau. Beaucoup plus avec du bois vert qui est souvent le cas les charbonniers n’ont pas le temps d’attendre le séchage.
– Fraction condensable: acide ascétique 60 kg, méthanol 25 kg, etc.
190 kg de gaz : CO2 100 kg, CO 70 kg, H2 Hydrocarbures 20 kg.

L’association européenne des charbonniers EKV, dans une étude récente fournis les chiffres suivant concernant les gaz :
Lors de la carbonisation du bois, les valeurs de gaz d’échappement suivantes ont été déterminées dans des tas de bois de hêtre et d’épicéa :

Hydrogène (H2) : de 1,4 % à 7,6
Azote (N2) : de 59,7 % à 66,2
Méthane (CH4) : de 1,7 % à 2,7
Oxygène (O2) : de 0,4 % à 3,5
Dioxyde de carbone (CO2) : de 20,6 % à 23,3
Monoxyde de carbone (CO) : de 2,9 % à 6,9

Études réalisées par le Dr. h. c. Otto Wienhaus de Tharandt, professeur de chimie végétale et d’écotoxicologie. Le bois étant une matière première renouvelable, la combustion est considérée contre « neutre en CO2 «  car ce gaz est intégré à la biomasse des forêts durables. La carbonisation libère moins de CO2 que la combustion car ce gaz est fermement lié au charbon.
Les meules grâce à leur couverture de terre, filtrent en grande partie les gaz de pyrolyse. Les gaz toxiques comme le monoxyde de carbone et la diffusion des goudrons sont limités. Les analyses ont démontré que les hydrocarbures BTEX (benzène, toluène, éthylbenzène, xylène) ne vont pas au delà de 10 m autour de la meule.

Allumage : de la vapeur d’eau essentiellement.

Kevin, le maraicher BIO du Jardin de Fontanès, est très intéressé par l’ajout de biochar pour ses cultures. C’est dans ce jardin que nous avons installé nos fours gazogènes. Jusqu’à maintenant nous transformions notre charbon végétal en écochar, les galettes pour la cuisson. La production de biochar s’inscrit dans la même démarche car le produit à la base est identique.

J’ai moi aussi utilisé de la poudre de charbon cet été pour mes fleurs en terrasse avec un résultat qui va au delà de mes espérances. Deux graines de courges en ont profité pour se développer dans mes plantations extérieures.

Avec Kevin nous avons déterminé trois parcelles de 3 m2 chacune. Le mélange biochar est de 300 gr, 500 gr et 1 kg par m2. Kevin a passé le motoculteur pour mélanger. Ils vont planter des salades et nous aurons les résultats dans environ un mois.

biochar
1 kg – 500 gr – 300 gr
biochar

La production de charbon végétal reprendra fin octobre quand l’autorisation des feux sera de nouveau possible. En attendant le séchoir se remplit, en vu de produire de grandes quantités de charbon : végétal, biochar, écochar ou actif. L’hiver sera chaud !!

charbon vegetal

La vente en ligne sera très prochainement possible. Nous avons vendu la quasi totalité de notre stock d’écochar. Il reste quelques sacs pour de derniers barbecues.

Le site de notre ONG : https://coopdea.org/

Avec l’ONG COOPDEA, je continue la recherche et l’expérimentation de techniques de carbonisation adaptées aux pays à faibles ressources. La capacité de nos fours gazogènes étant limitée à 60 l, nous lançons un programme de construction d’un four de 200 l.

Notre objectif est de développer des capacités supérieures de production de charbon végétal à chaque cuisson. Cette réflexion fait suite à une demande de mise en place d’un centre de production dans un camp de réfugiés de 15 000 personnes.

la base du four reste le fût métallique de 200 L qui est le contenant le plus facile à trouver quelque soit l’endroit. Il sert cette fois de chambre de carbonisation, ce qui multiplie par 3 la capacité de matière végétale à carboniser (vs 60 L).

Le fût est placé dans un four en terre argileuse. La technique de construction est celle d’une multi couches de terre-paille, terre-sable. Des matériaux disponibles partout.

Nous sommes accueillis dans le magnifique jardin potager de Kevin « Les Jardins de Fontanés »