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Cette année nous n’avons pu que passer 2 jours et demi chez Jean, dans son domaine de garrigue. Moment important, le cavage, c’est-à-dire la récupération du charbon en fin de cuisson. Je n’avais pas eu l’occasion d’y assister les fois précédentes. Intéressant de voir comment son équipe, les forgeron-es et métallurgistes, répartissent les bouts de charbon en marguerite autour de la meule. La terre noire est très poussiéreuse, l’usage de masques est salvatrice.

Extraction du charbon, mise en tas des incuits, tamisage de la terre et dépôt de celle-ci en couronne tout autour, les gestes sont précis, on sent l’expérience de chacun.

Puis le geste valorisant de la mise en sac et de tous ces sacs qui s’alignent, preuve de la bonne cuisson de la charbonnière.

Cambous est un un site archéologique, proche du village de Viols-En-Laval dans l’Héraut. Ce site est remarquable par son village néolithique, avec des fonds de cabanes bien conservées. Une maison de cette époque a été reconstitué, avec un toit en chaume, qui sont des roseaux de sagnes.

Le lieux sert pour des expérimentations archéologiques en plus de son caractère touristique et patrimonial.

Au mois de mai, du 6 au 13/14, je conduirai une charbonnière d’environ 6 stères. Nous seront toute une équipe, des archéologues, étudiant-es et bénévoles. Le 13 sera la journée Faites de la préhistoire, avec des animations, dont René et ses techniques du feu et Martine la vannière sauvage.

Plus d’informations : https://www.prehistoire-cambous.org/evenements/

Il est courant, ou tout moins possible, en se promenant dans nos garrigues de trouver des cercles de fer rouillé. Pour la plupart en piteux états, ces ronds sont des restes de four à charbonner. Chaque cercle correspond à un élément de ces fours. Viroles, couvercles ou simple anneau, ils rappellent que les structures étaient à plusieurs niveaux.

Ces dispositifs datent, pour certains, des programmes développés par Vichy, l’État français qui remplaça la République, pour répondre au besoin d’énergies suppléant le manque de pétrole pendant la Seconde Guerre mondiale.

La cuisson en four est plus simple que celle en meule et a pu être mis en œuvre par des ouvriers non qualifiés. Mais certains s’y sont frottés à la technique traditionnelle de la meule.

Dans cette période difficile pour la France et surtout pour les Françaises et Français, des initiatives étatiques ont essayé de combler le manque de ressources. Ainsi un mouvement de jeunesse mis en place par le régime de Vichy, a été créé dès l’été 1940, le 25 juillet, Les Compagnons de France. Cette association paramilitaire indépendante, se voulait de former des jeunes de 14 à 19 ans pour le renouveau des forces vives du pays. Près du Pic-St-loup, il existe un petit village, Viols-en-Laval, connu aujourd’hui pour son site archéologique de Cambous. Dont le nom provient du château de cette petite commune. C’est dans cette demeure que s’installe une petite troupe des Compagnons de France.

Maréchal nous voilà..pas !

Ces jeunes formés, dans une ambiance entre scoutisme et militarisme, avaient un uniforme et saluaient le bras tendu. Le caractère fasciste du gouvernement impose de fait ces comportements. L’un de ses cadres, qui portait le nom en résonance de Pierre Compagnon, déclara que « Le mouvement n’est ni fasciste ni phalangiste, il est français». En 1942, plusieurs rentrèrent dans la Résistance.

Installé au château de Cambous, les jeunes gens participaient aux travaux agricoles, vendanges et aides aux fermiers et viticulteurs.

Et puis ils ont été charbonniers. A la traditionnelle, en meule, ce qui laisse à penser qu’ils avaient un maitre charbonnier pour les conseiller.

Le chantier se situe à Valboissière dans la commune de Brissac. Le journal Le Petit Méridional en a fait l’écho dans un article qui vante les qualités saines de ces jeunes hommes. Un chantier de carbonisation était aussi en activité à Viols-le-Fort de la mi-janvier à début mars. Il rapporta 6 000 et 1 000 fr.

La photo 2 montre le portage du bois avec la fourche, la cabra.

Difficile de savoir s’ils ont apprécié ce type d’activité. La discipline un peu rude dans ce mouvement et les contraintes du travail de carbonisation, ne devait pas être ce que cherchent des jeunes à cet âge.

Dans cette période de guerre, le château de Cambous a accueilli diverses troupes. Ce sont des militaires belges qui occuperont en premier ce lieu. Puis les Compagnons de France de 1940 à 1942 suivi de militaires français dont le célèbre général de Lattre de Tassigny. A la suite de la guerre, en 1950, les 24 baraquements construit servirent de logements aux enfants juifs pour leur formation et transit vers Israël.

L’historique du château et de son utilisation est tiré de la publication de Christian PIOCH, « Le château de Cambous et les Compagnons de France (1940-1942). « Dans Études Héraultaises, 1964.

Rendez-vous important à Cambous. J’aurai le plaisir de conduire une charbonnière avec les archéologues du site en mai 2023. Mais ceci est une autre histoire…

LES CHARBONNIERS, la meule.

Nous nous sommes retrouvés, charbonniers, forgerons, métallurgistes et autres artisans des savoir-faire ancestraux chez Jean, en Ardèche, comme chaque année en mai.

Il y avait la traditionnelle meule des forgerons et de Jean, une cuisson dans un four métallique et ma charbonnière en fosse circulaire.

J’écrirai un peu plus tard deux autres articles concernant ces deux façons de carboniser.

La meule était plus plate cette année, ou plutôt moins bombée. Recouverte de la terre noire, elle avait un bel aspect. La couverture végétale était non pas de buis mais de ramilles écrasées. Le buis a sérieusement disparu à cause de la pyrale. Montée lors du weekend, l’allumage de la meule a eu lieu le lundi matin. Les bois sont posés sur des palettes, technique mise au point l’année dernière, pour limiter les incuits des bois qui touchent le sol.

Comme on a affaire à des forgeron-e-s, une solide échelle en fer avec une rampe a été construite pour monter au sommet de la meule.

L’allumage est toujours le moment le plus rassembleur. Grosse fumée, photogénique pour les badauds, un peu moins agréable pour celles et ceux qui alimentent le feu.

Le maitre surveille, bien que Krem, forgeron de métier, soit tout à fait capable d’assumer cette cuisson. La passation est en marche, voire effective.

Cette année la meule a fonctionné au turbo, le tirage a été violent. Le fait d’avoir des palettes, donc un plancher ouvert doit influencer sur la conduite du feu. La cuisson a été assez courte, 4 jours et nuits.

Puis dimanche le charbon a été cavé, récupéré. Un peu plus d’une tonne, assez pour alimenter les forges et bas-fourneaux jusqu’à l’année prochaine.

Rendez-vous le 9 avril à Sanilhac-Sagrie pour la fête de la Réserve Naturelle des gorges du Gardon. Il y a trois ans j’ai restaurer une faulde, emplacement de charbonnière, dans un chemin qui descend au Gardon.

Cette année avec la charcoal team, Nathalie, Martine et René nous reprenons nos activités ensemble. Démonstrations et partage dans les domaines de la teinture végétale, l’art du feu, la vannerie sauvage et le charbon de bois.

Nous ne serons pas seul, regardez le programme ci-dessous.

Merci à Pauline et à son équipe de la réserve, de nous avoir invité pour cette manifestation.

Autre rendez-vous du 14 au 22 mai chez Jean en Ardèche.

Charles Schlosser, charbonnier de longue date et animateur d’un groupe actif de charbonniers en Alsace, vient de sortir un magnifique livre en cette fin d’année.

« Le charbonnier, une longue histoire« , I.D. l’Édition, un livre qui se veut à la fois évocation historique, technique et humaine (sic).

Neuf chapitres qui nous permettent de naviguer dans les différentes facettes de ce dur métier, des techniques de carbonisation et de tout ce que la charbon de bois a généré dans nos sociétés et nos esprits. Légendes et art sont aussi présentés avec, proximité oblige, des textes en allemand.

Je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer Charles Schlosser, nous avons échangé des messages dans lesquels on se sent en harmonie et je suis très heureux d’avoir un tout petit peu contribué à son livre avec deux photos.

Pour commander ce livre c’est ici : https://www.id-edition.com/collections/lalsace-aux-mille-visages/products/le-charbonnier-une-longue-histoire

Superbe accueil par Paul Klaasen à Ulft, à l’est de la Hollande. Nous avons posé notre campement dans un champs, entre une ferme et une friche industrielle transformée en lieu d’art. Des lapins gambadent dans l’herbe fraiche, des hérons cherchent le vers de terre et des faucons font le saint esprit avant d’être chassés par les corbeaux, c’est très champêtre…hollandais quoi !

Au travail, 15 stères de bois, env. 10 T et 120% d’humidité….

Blanchette, non ce n’est pas une chèvre des garrigues, mais le surnom neigeux de ma charbonnière. De la neige et du charbon, le blanc contre le noir, le yin contre le yang (le yin étant le noir). La neige a un peu perturbé le montage de la charbonnière, juste du retard. La pluie s’invite, nous allons avoir droit aux cinq éléments.

Qu’en était il de nos anciens, soumis aux dictas et caprices météo. Pendant un certain temps, les braves bergamasques retournaient chez eux en hiver. Puis quand les familles ont commencé à s’installer, le charbonnage a été annuel. Les maçons disent: « béton d’hiver, béton de fer ». Pour les charbonniers, dans ces mois froids, les arbres ont l’avantage d’avoir moins de sève, ils sont donc plus « secs ». Je rappelle que l’on carbonise du bois vert, faute de temps pour le faire sécher en amont. La pluie et la neige n’ont guère d’influence sur le processus de carbonisation. Seul le charbonnier subit le froid, autour de sa meule qui bout à 500° mais dont l’extérieur est juste tiède. Dans la petite cabane, il y avait parfois un petit fourneau. Le tuyau sortait par un coté. Ça fumait dans la cabane et ça fumait au dessus de la charbonnière.

J’ai mis un toit à ma cabane, les bois sont en rond autour du pieu central. La meule va sortir de terre.

 

L’Héraultais du jour.

Invité par A. Blin, l’animateur de la matinale sur France Bleu Hérault, j’ai pu en cinq petites minutes parler de ma passion de charbonnier. Très sympathique et chaleureux, Antoine Blin m’a permis, dans ce court temps, de faire découvrir aux auditeurs mon expérience de maitre charbonnier.

A écouter: https://www.francebleu.fr/emissions/l-heraultais-du-jour-a-blin/herault/charbonnier-l-un-des-plus-vieux-metiers-du-monde-existe-encore-dans-l-herault 

A Bourg-St-Andéol, il y a une entreprise de fabrication de charbon de bois. La cuisson se pratique avec de grands fours en fer. Les cuves sont d’énormes cloches avec un gros couvercle sur le haut. 4 cheminées évacuent une épaisse fumée dans un bonne odeur de carbonisation extrêmement forte. Le tout est assez artisanal et fonctionne parfaitement. L’entreprise est familiale avec le père qui a passé la main au fils, la famille Moulin, Marc et Frédéric.

Le charbon de bois est exclusivement tiré du chêne vert. Toutes les guinguettes de l’Ardèche en veulent car la cuisson des aliments avec ce charbon est sans commune mesure avec le charbon de supermarché.

Contact 06 89 41 68 54

 

Charb, dessinateur et rédacteur en chef de Charlie Hebdo, assassiné en 2015, s’appelait Stéphane Charbonnier. L’auteur des irrévérencieux  Maurice et Patapon avait donc un nom qui est assez répandu en France.

 

D’après le site « nom-famille.com » , il existe 12 194 personnes qui ont ce nom de famille. Ce qui le place à la 391ème place dans l’ensemble des noms français.

Le département où il y en a le plus est le 42, la Loire.

Si l’on rajoute le nom de Carbonnier, cela donne 1779 de plus.

Personnellement je ne m’appelle pas Charbonnier, mais Acquarone. Mon ascendance pré-italiennne aurait pu me donner un Carbonari…

Charbonnier,un nom directement lié à l’activité charbonnière, un bel encrage dans notre territoire.

Répartition des personnes au nom de Charbonnier (in www.nom-famille.com)

Balade en forêt de Chaux dans le Jura.

Près de la ville de Dôle, un peu au Sud, s’étend à perte de vue une immense forêt, très dense avec de grands arbres, des chênes filiformes. C’est de toute beauté, et dans cet écrin de verdure, un ou plutôt des lieux de charbonniers et de « charbonneries ».

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À partir du village La-Vieille-Loye, on entre dans ce couvert végétal, aux superbes couleurs d’automne à cette époque. Là il y a un ensemble de vieilles maisons, au nom très imagé de « Baraques 14 ». 4 maisons sont alignées avec deux cabanes de fours à pain et un rucher. Parmi ces maisons l’une m’a spécialement attiré, celle du charbonnier. Une vraie maison dite baraque du charbonnier. De couleur jaune paille, elle inspire un certain romantisme. Comparée à nos cabanes en pierres sèches, elle semble plus luxueuse, douce illusion car le travail était aussi pénible. Un panneau indique qu’elle date du XVII ème et que son toit est fait de planches de chênes, des bardeaux. La construction des murs est en bois et en terre dite en mottes et à enroulement. Une technique reprise aujourd’hui en éco-construction.

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Un jardin potager ou de « simples » est juste à coté. Tout ceci semble idyllique, reste à voir sur la réalité des vécus locaux. En tout cas un bel endroit, où sont des installations artistiques intégrées à la forêt, un lieu a visiter et nous verrons par la suite que la richesse charbonnière est incroyable dans ce coin du Jura. A suivre…

Le four à pain

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Berta Tarragò , réalisatrice de spectacles vivants, m’a demandé de participer à son prochain événement qui va se dérouler au Pic-St-Loup en octobre 2014.

Cette collaboration provient de notre rencontre lors de la visite du Pic que j’ai guidé et où nous avons échangé sur l’histoire locale et les traditions dans les garrigues.

Evidemment j’ai mis en avant le passé, si présent, des charbonniers. Après la visite de l’écosite de Ste Croix de Quintillargues, Berta a totalement adopté l’idée que cette transformation de la matière, bois/charbon, qui s’appuie sur un élément important du patrimoine vernaculaire est à intégrer au spectacle.

_MAC4888Berta et Thierry dans l’écosite des charbonnières

Thierry, le plasticien, a proposé de mettre en valeur cette référence par des têtes grosses, portées sur le dos, qui seront carbonisées. Le projet a pris corps, …avec une grosse tête, et s’articule sur une sorte de procession à la montée du Pic. 120 porteurs(euses)

ou pèlerins(ines) vont présenter un long cortège avec chacun sa grosse tête noire sur le dos.dessin3 dessin1-1

120 têtes de 1 m2 à carboniser

J’ai proposé alors de faire un essai avec une tête en osier. Martine et Danielle, les vannières, ont produit d’abord de petits masques que j’ai carbonisé. Puis  Martine est passé au format supérieur. Prochain post, la montée au Pic avec cette grosse tête en osier.

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tete24 février. J’arrête le compteur de la partie blog Islande: 886 visites