Charbon de bois

Mon ami et complice des animations, René, l’homme du feu, a chez lui une belle assiette décorée. En effet le dessin représente le montage d’une meule charbonnière. Que ce doit être plaisant de manger dans une telle assiette…

René a des origines du Morvan. Là-bas la forêt est plus importante que dans nos garrigues. Le dessin montre des arbres de futaie et non des mattes comme il y en a ici.

Toujours aussi sympathique cette manifestation dans la scierie de Campredon (Commune de Ferrals-les-Montagnes). Nous nous sommes retrouvés entre passionnés du bois et de son utilisation. Puis le public a défilé pendant ces deux jours.

J’ai réalisé une cuisson de meule charbonnière avec une première pour moi, la carbonisation de cyprès… Le bois était sec, en buches de diamètre de 10 cm. Avec un volume faible mais suffisant pour les deux jours de démonstration. Bien que anhydre ce bois génère une fumée très dense, au grand plaisir des autres exposants, avec une forte odeur. L’allumage a été rapide et j’ai pu mesurer la température, 540°, au bout de seulement une demi heure.

Pendant ces deux jours, j’ai eu le plaisir d’échanger avec des personnes fort intéressées. En autre un ancien berger qui, du coup, va essayer de carboniser un tas de branches de Douglas. Mais aussi une dame, grand mère, qui veut montrer à ces petits enfants comment cela se pratique. Elle a pris tous les renseignements et photos possibles. Va t’elle réussir sa meule? Je lui souhaite. Et ainsi de suite avec aussi un grand intérêt par l’écochar et les briquettes de charbon végétal.

Dimanche en fin d’après midi, je sentais que la cuisson avait bien fonctionné et j’ai décidé alors de démonter la meule pour le plus grand plaisir des participants. Une belle réussite, seule les parties basses des buches au contact de la terre n’ont pas totalement carbonisées comme d’habitude. Le reste est superbe, avec une teinte noire bleutée, très brillante du à l’arrosage pour éteindre les braises.

En duo, Martine la sorcière a animé un bel atelier de fabrication de balais en genêt.. à balais. Un savoir faire qui donne de beaux résultats que sont ces balais, super efficaces sur des surfaces difficiles.

Beaucoup de plaisir par l’ambiance de la manifestation, des organisateurs adorables, j’aimerai que ce soit toujours comme ça dans toutes les manifestations.

Merci aux organisateurs et bénévoles de la Festa Del Bosc. Merci à Benjamin et Arnaud.

Les 14, 15 et 16 septembre, il y aura la fête du bois à Ferral-Les-Montagnes.

J’y réaliserai la cuisson d’une petite meule pour démonstration. Ce sera aussi l’occasion de faire fonctionner le four à charbon végétal.

Martine animera un atelier de fabrication de balais avec du genêt.

Cette festa est très animée et pleine de ressources. L’ambiance est conviviale, j’avais adoré la précédente édition (2016).

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la récolte du charbon issu de la cuisson de « Blanchette », la charbonnière du mois de mars, a donné une quantité satisfaisante. Après étouffement des braises, j’ai pu remplir de grosses poubelles et des sacs. Au total environ 15% du volume initial. J’ai laissé de nombreux restes pour créer un fraisil, mélange de terre et de charbon, pour une éventuelle future charbonnière.

CHARBONNIÈRE EN FÊTE.

28 avril au 8 mai

Nous nous retrouverons au beau maset de Jean, dans les garrigues rhodaniennes, pour une nouvelle rencontre autour du charbon de bois.

Je vais tenter une cuisson en fosse, c’est à dire dans un trou creusé sous forme rectangulaire à la méthode romaine.

J’aurai aussi mon nouveau four à charbon végétal et la production de charbon parfumé…aux herbes de Provence.

Puis les copains vont démontrer leur savoir faire, forge, réduction de métaux et la belle meule a carboniser.

Marseille et son extraordinaire musée du MUCEM. Une œuvre qui abrite des œuvres diverses au gré des expositions qui y passent.

L’exposition « Voyages imaginaires : Picasso et les ballets russes » est visible dans le fort St Jean attenant au MUCEM. Cette épopée théâtrale de Picasso est associée à d’autres artistes de renom. L’un d’eux est un marionnettiste futuriste Fortunato Depero. Il donne sa touche aux costumes de « Parade ».

Il dessine avec des fusains. Crayon de charbon de bois.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le MUCEM

http://www.mucem.org/programme/exposition-et-temps-forts/voyages-imaginaires-picasso-et-les-ballets-russes

 

 

 

Ouverture de la meule, décavage, il y avait encore des braises. Quelques « mouches » ou imbrulés, très peu, juste du coté nord. Par contre dans tout le reste le charbon est complet même au contact du sol. La difficulté avec une petite meule est le manque de puissance calorique. De plus avec des grosses bûches, la cuisson est moins bonne dans un petit volume. Malgré tout, avec la pluie et le vent, le résultat est satisfaisant.

Le charbonnier avant l’ouverture de la meule. Ai je réussi?

Défournage. Avec un râteau et une griffe.

L’or noir. Pour une Blanchette faut le faire…

Encore des braises, faut étouffer à plat. La mise en sacs se réalisera plus tard.

Fin de la saga Blanchette et ses charbonniers.

De la neige, en quantité, 40 cm, de la pluie mais pas de vrais froid. Une belle cabane étanche, des bâches style ZAD et une formidable équipe de fous de nature. Puis le dimanche, le soleil et un bon public en nombre suffisant. L’édition 2018 de la fête de la charbonnière m’a bien plu.

Autre article: foyer rural Les Quintillades

Avec René, l’expert en technique du feu, nous avons accueilli un groupe de jeunes mal-entendants de Institut National des Jeunes Sourds à Bordeaux, dans l’écosite des charbonnières. La visite s’est déroulée avec pour communiquer la langue des signes. Certains jeunes, bien appareillés aux oreilles, pouvaient discuter normalement. 

Nous avons commencé par une approche générale du milieu garrigue. Plantes odorantes, piquantes et toxiques, ça a impressionné ces adolescents en demande de découverte nature. Nous avons pu échanger sur la compréhension des origines des garrigues et de l’impact de l’activité humaine sur cette végétation.

Après un assez long trajet au travers des sentiers du site, nous nous sommes installés autour de Blanchette, ma charbonnière que j’avais monté la veille mais qui n’était pas allumée. Un petit feu de bois a bien enfumé tous le monde car les bûches étaient bien humides, une sorte de rappel de ce qui allait se passer quand j’allumerai la meule.

Puis René a démarré son atelier feu. Le pouvoir de « faire du feu » avec des pierres, des réflecteurs ou de curieux petit objets, est toujours captivant. Les jeunes se sont éclatés. J’ai pris en alternance l’autre demi groupe autour de la meule sur l’aire de charbonnage. La technique de carbonisation et les conditions de vie des charbonniers, avec la cabane en fond de décors, ont surpris ces sympathiques jeunes ainsi que leurs accompagnants.

Certains ont dessiné avec des fusains et m’ont offert, en signe amical, deux de leurs œuvres.

Fin de visite, ils étaient joyeux, si même pour quelques uns ce fut plus difficile à cause de leurs autonomies. Nous avons été surpris par leur attention, leur « écoute », qui a été constante tout au long de la journée. Les échanges ont été finalement faciles. C’était pour la majorité d’entre eux une grande découverte d’un milieu inconnu. Cela a été pour nous la découverte d’un public particulier et attachant. J’aimerai continuer, et René est aussi dans la même disposition d’esprit, a accueillir des jeunes et moins jeunes mal-entendants. Et développer un protocole d’animation patrimoine de pleine nature pour cet handicap.

Merci à ces sympathiques jeunes et leurs encadrants.

Photos René et Martial

http://www.injs-bordeaux.org/

 

Quand la cuisson de la meule a démarré, le charbonnier doit veiller sur elle jours et …nuits. Le danger est l’enflammement par écroulement de la couche de terre. En effet il y a des tassements et parfois des poches de fragilité qui se forment sous la couverture terreuse. Cette carapace est le fruit du génie de ces charbonniers qui ont inventé avec cette simple technique, le four a pyrolyse. La température est de + de 500° à l’intérieur de la meule. La moindre ouverture peut être fatale et si le feu prend toute la meule brûle. Un mois de labeur difficile part alors en fumée.

Mais le plus important est la « conduite du feu ». L’art du charbonnier est de produire du charbon à partir du bois. Le « feu » est son allié, en sachant que ce terme désigne la masse thermique et non une quelconque combustion (ou feu de cheminée). Le « feu » étant au sommet de la meule, il doit descendre petit à petit dans le volume global du bois entassé. Le bois se carbonise et le maître du feu doit veiller a produire du « bon » charbon, au minimum 75 % de carbone. Mais il doit aussi ne pas le brûler tout en continuant le processus dans les étages inférieurs.

Comme disaient les anciens: « seul Dieu sait ce qu’il se passe à l’intérieur! » car devant soi on a qu’un tas recouvert de terre avec des fumées qui sortent par des évents que l’on cré au fur à mesure des besoins. Diriger le feu sans aller trop vite, ou trop lentement et tenir compte du vent, garder l’horizontalité de la cuisson pour éviter l’écroulement de la meule et surveiller les faiblesse de la terre sont les caractéristiques de l’art du feu que le carbonisateur doit maitriser.

La cuisson ne s’arrête jamais, le charbonnier dort d’un oeil et pas longtemps, pendant plusieurs jours et nuits.

Avant seuls les charbonniers et parfois leurs familles vivaient dans ces bois, dures conditions et isolement forcément contraignant.

Aujourd’hui les copains sont là pour m’accompagner dans de sympathiques soirées où tous apprécient cette ambiance réellement nature.

Elle est prête au décollage…jeudi

Le meule est le nom du tas de bois recouvert de terre. Meule de bois comme meule de foin, cqfd. C’est souvent ce qu’on appelle la charbonnière. Dans d’autres régions le mot fourneau est aussi utilisé.

Cette meule a un volume de 3 stères. C’est à peu près un tiers du volume des charbonnières des garrigues des temps anciens.

 

Blanchette, non ce n’est pas une chèvre des garrigues, mais le surnom neigeux de ma charbonnière. De la neige et du charbon, le blanc contre le noir, le yin contre le yang (le yin étant le noir). La neige a un peu perturbé le montage de la charbonnière, juste du retard. La pluie s’invite, nous allons avoir droit aux cinq éléments.

Qu’en était il de nos anciens, soumis aux dictas et caprices météo. Pendant un certain temps, les braves bergamasques retournaient chez eux en hiver. Puis quand les familles ont commencé à s’installer, le charbonnage a été annuel. Les maçons disent: « béton d’hiver, béton de fer ». Pour les charbonniers, dans ces mois froids, les arbres ont l’avantage d’avoir moins de sève, ils sont donc plus « secs ». Je rappelle que l’on carbonise du bois vert, faute de temps pour le faire sécher en amont. La pluie et la neige n’ont guère d’influence sur le processus de carbonisation. Seul le charbonnier subit le froid, autour de sa meule qui bout à 500° mais dont l’extérieur est juste tiède. Dans la petite cabane, il y avait parfois un petit fourneau. Le tuyau sortait par un coté. Ça fumait dans la cabane et ça fumait au dessus de la charbonnière.

J’ai mis un toit à ma cabane, les bois sont en rond autour du pieu central. La meule va sortir de terre.

 

Belle séance de travail, armé d’un quad puissant et d’une remorque nous avons pu monter 3 stères de bois et une remorque de terre.

La terre est l’élément le plus difficile à trouver sur place dans cet environnement minéral. J’ai à disposition un volume qui reste des précédentes charbonnières mais une partie a disparu emportée par la pluie. La terre est indispensable pour recouvrir la meule de bois.

Dans les temps anciens, des charbonniers étaient obligés de transporter leur terre d’un emplacement à l’autre. Elle remplace aussi un autre des cinq éléments: l’eau. Pour arrêter la cuisson pas de possibilité d’arroser, il faut donc étouffer en recouvrant et bouchant tous les trous avec de la terre. Ce principe de « four », couche de terre qui isole et permet d’obtenir les 500°, four à pyrolyse , qui évite le contact avec l’air et modulable en suivant le tassement du bois au fur et à mesure de la carbonisation. 

Système très simple mais génial.

Le début du mois de mars arrive et traditionnellement c’est ma période de carbonisateur. Dans la première semaine du mois, je (avec tous les potes) vais réaliser un cuisson de bois pour le transformer en charbon.

Le 7 mars, jour heureux, j’accueillerai un groupe de malentendants pour la visite de l’écosite des charbonnières.

Le 8 mars, allumage de meule, moment crucial générateur d’épaisses fumées. J’adore.

Le samedi 10 mars, nous accueillerons le public et des animations seront présentées, techniques du feu, montage de la charbonnière, etc.

Le dimanche 11, nous continuons.

En attendant, nous avons fort à faire pour remettre en état l’emplacement avec l’aire de carbonisation, les plateformes ateliers, les chemins d’accès et tout le reste. Je bâti une petite cabane pour mes courtes nuits à venir.

 

On vous y attend. Sentier des charbonnières de Ste Croix de Quintillargues

J’ai vu le film MAKALA (charbon de bois en swahili), qui est actuellement en salle. Il décrit l’histoire d’un jeune Congolais qui fabrique son charbon de bois et va le vendre en ville.

Un charbonnier en « vedette », film remarqué à Cannes, à priori cela a sa place dans mon blog. Après visionnage, le Monde, charbonnier ou pas, est divisé en deux. Nous n’habitons pas la même planète. Ou peut être que si….

Description dans le site de « Première »: Au Congo, un jeune villageois, espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.

C’est un film moitié documentaire, moitié sociétal, qui démontre les grandes difficultés de la vie de ces congolais des campagnes (voir même en général). Le personnage principal est un jeune homme qui a déjà une grande famille et qui veut construire une maison pour y vivre. Pour acheter le matériel, il décide de fabriquer une grosse quantité de charbon et d’aller le vendre à 50 km de chez lui. Tache très ardue car il manque de matériel. Après avoir repéré un grand arbre, il l’abat avec ses haches primitives et le découpe petit à petit. Puis il rassemble tous ces bois autour du plus gros morceau.

La technique présentée est celle de la meule en long, rectangulaire, comme cela se pratique généralement en Afrique. La couverture de terre se fait par plaques découpées à la surface du sol, qui a l’air très sec. Puis le charbonnier allume un feu (dommage on ne voit pas sa technique, briquet à gaz ou briquet à battre???) pour avoir des braises. Avec une pelle il dépose celles ci dans un trou sur le coté bas à l’avant de la meule.

Là nous ne voyons pas vraiment l’allumage d’autant plus que déjà des fumées sont visibles sur le haut. Le réalisateur a un peu bidouillé le protocole d’allumage. La cuisson n’est pas montrée. Le décavage pose des problèmes avec des bouts de charbon qui prennent feu. La charbonnier crache de l’eau sur les braises pour les éteindre.

La seconde et plus importante partie du film est la transport des gros sacs de charbon. Accrochés avec des gros élastiques, 7 ou 8 sacs forment une « montagne » sur un vélo qui disparait sous sa charge. Les pistes poussiéreuses, le trafic des camions, bus et voitures et les côtes rendent le trajet terrible et épuisant pour le charbonnier. La vente est un âpre marchandage mais qui montre l’utilité toujours réelle du charbon de bois dans ces sociétés.

Je recommande ce film tant pour le coté charbonnier que la réalité des conditions de vie difficile de ces personnes. Un jour ils seront peut être migrants et nous allons les renvoyer car leurs pays ne sont pas en guerre…officiellement. C’est oublier d’où ils viennent.

Un documentaire, tournée en 2014, est sur le même sujet: Makala par Maloba.

Carolle Maloba, la réalisatrice, a filmé dans son intégralité le travail des charbonniers kantagais. Ce documentaire a certainement très inspiré le film d’aujourd’hui car il y a une grande similitude, hormis la personnalisation du charbonnier.

 

L’Héraultais du jour.

Invité par A. Blin, l’animateur de la matinale sur France Bleu Hérault, j’ai pu en cinq petites minutes parler de ma passion de charbonnier. Très sympathique et chaleureux, Antoine Blin m’a permis, dans ce court temps, de faire découvrir aux auditeurs mon expérience de maitre charbonnier.

A écouter: https://www.francebleu.fr/emissions/l-heraultais-du-jour-a-blin/herault/charbonnier-l-un-des-plus-vieux-metiers-du-monde-existe-encore-dans-l-herault 

Visite de la très belle cité d’Albi, dans le Tarn, avec sa merveilleuse cathédrale. Nous avons « rencontré » le grand peintre de la ville, Toulouse-Lautrec, dans le musée qui lui est dédié. Un certain nombre de ses œuvres sont réalisées au fusain.

Le fusain, charbon de bois utilisé depuis la préhistoire dans l’art pariétal, est le plus vieux instrument de communication que l’homme a utilisé.

Le fusain est devenu un nom générique pour désigner tous les charbons de bois qui servent a dessiner. C’est à l’origine le nom de l’arbrisseau, Fusain d’Europe « Euonymus europaeus » (wiki). Aujourd’hui les « fusains » sont essentiellement issus de saules.

Toulouse-Lautrec n’est pas le seul a être présenté avec des œuvres au fusain dans ce musée (museetoulouselautrec) situé dans le palais de la Berbie. Une visite a ne pas manquer.

« Je boirai du lait le jour où les vaches mangerons des vignes ! » Toulouse-Lautrec.

Dans le Tarn, près de Gaillac et son vignoble et juste au nord du site tragique Sivens, il y a la grande forêt de Grésigne. 3500 ha de foret qui se partage entre un faciès méditerranéen et les grands bois de chênes Rouvre et Pubescent. On dit que l’incontournable Colbert y aurai trouvé de beaux fûts pour les mats de la marine royale. Pendant la seconde guerre mondiale, un maquis composé essentiellement d’Espagnols et de Polonais, s’y serai caché.

Et bien sur les charbonniers ont exploité cette forêt de tout temps. Bien qu’ayant parcouru le « sentier du patrimoine », je n’ai pas vu de vestiges de mes collègues carbonisateurs. C’est dans le magnifique village perché de Puycelci qu’une indication révèle leurs présence.

Il existe un site qui parle des charbonniers de cette forêt. De belles photos d’époque: voir ce site

A juste 1 h de Toulouse, la randonnée, qui est indiquée difficile pour ses dénivelés, est très agréable et le passage par le village rajoute une bonne note.

https://www.cirkwi.com/fr/circuit/56813-sentier-du-patrimoine

A Bourg-St-Andéol, il y a une entreprise de fabrication de charbon de bois. La cuisson se pratique avec de grands fours en fer. Les cuves sont d’énormes cloches avec un gros couvercle sur le haut. 4 cheminées évacuent une épaisse fumée dans un bonne odeur de carbonisation extrêmement forte. Le tout est assez artisanal et fonctionne parfaitement. L’entreprise est familiale avec le père qui a passé la main au fils, la famille Moulin, Marc et Frédéric.

Le charbon de bois est exclusivement tiré du chêne vert. Toutes les guinguettes de l’Ardèche en veulent car la cuisson des aliments avec ce charbon est sans commune mesure avec le charbon de supermarché.

Contact 06 89 41 68 54

Me voilà de retour dans la lointaine île du nord, l’Islande.

Premier contact avec le charbon de bois. Un retour sur les dernières charbonnières pratiquées dans la région de Skatafell. Cet endroit est aujourd’hui un parc national très couru par les touristes. Faut dire que le site est superbe avec les langues glaciaires et les montagnes découpées. Dans le parc même, une ancienne ferme « Sel », rappelle la présence de ces solides fermiers qui loin de tout, ont réussi a vivre et fabriquer ce dont ils avaient besoin. Il y a une mini centrale électrique qui a alimenté cette ferme bien avant que l’électricité soit accessible de partout en Europe.

Dans les années 50, ces fermiers ont réalisé l’une des toutes dernières charbonnières d’Islande. Le bois provient des petits bouleaux tortueux. La technique est simple, entassement du bois, mise en feu et quand le feu est suffisant ils recouvrent le tout de tapis végétal. Le rendement devait être assez faible. Mais le besoin pour la forge, donc l’outil, était ainsi satisfait.

Kolagerð (Charbonnière) 1953

La ferme de SEL

Un texte du début 19ème siècle sous forme de fable. Charbonnier contre meunier, le noir et le blanc…le Ying et Yang et ça cogne.

Cette fable m’a été révélé par Agnès de Normandie, une aficionados (ou -da?) du charbon de bois. Merci.

Fable de Antoine Arnault 1812

Les charbonniers, les meuniers, et le marguillier.
Fable XIII, Livre V.

Entre nos frères les meuniers
Et nos frères les charbonniers
J’ai vu régner longtemps une haine assez forte.
À quel propos ? C’était… que le diable m’emporte,
Si plus qu’eux-mêmes je l’ai su !
Eh ! n’est-ce pas souvent pour un malentendu
Qu’un premier combat se donne ?
Le tort en est à tous, comme il n’est à personne,
Au second, où l’on rend ce que l’on a reçu,
Où l’on se bat du moins parce qu’on s’est battu.
Mais revenons au fait : ainsi qu’on peut le croire,
Chaque héros dans sa valeur,
Se signalant pour sa couleur,
Criait haro sur l’autre, et tombait, dit l’histoire,
Charbonnier sur la blanche et meunier sur la noire.
Par la seule nature armés,
Les voyez-vous en cent manières
Les bras tendus, les poings fermés,
Venger l’honneur de leurs bannières ?
Que de coups donnés et rendus !
Que de flots de sang répandus
Par tous ces nez cassés des mains de la victoire !
Chantre de Jeanne et de Bourbon,
C’est ta voix qui devrait transmettre la mémoire
De tous ces preux couverts de gloire et de charbon,
Couverts de farine et de gloire !
Certain jour cependant que ces poudreux guerriers
Se reposaient sur leurs lauriers,
Un philosophe, un philanthrope,
Un marguillier, mortel ennemi des combats,
Tenta de mettre un terme à ces trop longs débats.
D’un manteau neutre il s’enveloppe ;
Et le voilà, du matin jusqu’au soir,
De l’un à l’autre camp sans cesse en promenade ;
Qui va, vient et revient, en courtier d’ambassade,
Du noir au blanc, du blanc au noir.
Or, à son drap qui n’est noir, ni blanc, mais pistache,
Tantôt le blanc, tantôt le noir laisse une tache.
Comme on en murmurait d’un et d’autre côté :
« Charbonniers et meuniers, dit-il, parlons sans feinte :
Voit-on les deux partis, sans prendre un peu la teinte
Des gens à qui l’on s’est frotté ? »

Jamais meunier et charbonnier ne s’accordent en leur métier

Estampe de David H. 17e siècle

Le marguillier, soit en latin médiéval le matricularius, est d’abord celui « qui tient un registre ou un rôle (matricula) ». La première fonction connue du matriculaire, officier de la religion chrétienne – religion attentive à la pauvreté christique – était d’immatriculer les pauvres de l’église, c’est-à-dire de les inscrire sur le registre d’aumône. La seconde est l’administration des registres de ces pauvres personnages. Il existait donc, dans chaque paroisse, un marguillier qui avait la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l’Église. Il servait d’aide au sacristain. Ce n’est pas une profession mais une charge.

 

Le bois est cuit, du bon charbon de bois, comme seule les cuissons en meule peuvent en donner avec l’art du charbonnier. Mon ami Jean chaudière a bien réussi sa carbonisation et sa fête des charbonniers.

Nous avons été nombreux a participer à ce rassemblement. Les forgerons et métallurgistes ont utilisé pas loin de 100 kg de charbon de bois.  Puis un fondeur de bronze et une archéologue faiseuse de perles en verre, ont aussi utilisé le charbon de Jean. Les charbonniers démontrent encore une fois leur importance dans le processus des transformations par le feu.

J’ai pu faire plusieurs démonstrations de fabrication d’écochar, briquettes reconstituées de charbon végétal. Et avec la rencontre de l’association Bourg-St-Andéol/Siguri, qui œuvre en solidarité avec des Guinéens, nous avons pu échanger sur nos actions respectives dans ce pays. Une relation a développer dans le cadre du programme de l’ONG COOPDEA.

Cette fête des charbonniers s’est réalisée avec toute une équipe très conviviale et efficace, et avec bien sur l’autre moitié de Jean, Anne Marie, que je remercie chaleureusement. Merci à toutes et tous pour ces moments de bonheur.

La visite en photo: fête des charbonniers

Photo Martine C.

 

Belle activité que cette réunion entre charbonniers et forgerons. Et c’est même plus que ça car il y a, aussi, de la métallurgie, de la vannerie et de la corderie.

Nous nous sommes tous retrouvés dans le petit domaine paradisiaque, quand on aime la garrigue, de Jean. Au fond il y a la meule charbonnière, de belle taille, et à l’entrée une capitelle, une borie pour les locaux, et entre les deux les ateliers et guinguette.

En attendant de développer sur cette belle manifestation, car elle n’est pas finie, une photo de Miss Charbonnière:

Pour la construction d’un moteur Sterling, moteur à air chaud ou à énergie extérieure, nous avons besoin de pièces à réaliser avec une fonderie maison. Le métal utilisé est de l’aluminium, qui a un point de fusion assez bas à partir de 700°.

Nous avons tout simplement fabriqué un foyer en plâtre dans lequel le charbon de bois est allumé. Une soufflerie externe entretien la cuisson. Un creuset en fer est placé au centre et dans lequel des morceaux d’alu sont déposés. La haute température provoque rapidement la fusion du métal. « Reste », opération un peu délicate, a verser le métal fondu dans le moule.

le charbon de bois convient très bien. Issu d’une de mes charbonnières, son haut taux de carbone donne la température voulue ainsi qu’une bonne tenue dans le temps.

Le four étant prêt, c’est à dire que l’argile de construction est presque sèche, nous avons procédé au remplissage en bois et la mise en feu.

Chargement par le dessus. Mélange de bois sec, un peu de palette, et de bois fraichement coupé. C’est essentiellement du peuplier, un bois pas très recommandé pour le charbon. Mais le terrain est une gravière où poussent presque exclusivement ce type d’arbre.

La plaque de fer est posée sur le dessus et un joint hermétique, tout au moins avant la chauffe, est réalisé avec de l’argile. Nous avons recouvert ce couvercle de terre puis de paille pour avoir une isolation. La paille, reste de coupe d’herbe, est aussi plaquée sur trois cotés, dans le but d’isoler là aussi.

L’allumage est très facile. Avec le conduit un peu en baïonnette, il se crée un appel turbo dans le conduit qui active le feu. Nous avons introduit des baguettes de bois. Première surprise, la montée en température est très longue. Il nous a fallut au moins deux heures pour dépasser les 50°. C’est certainement du au fait que l’argile n’était pas assez sèche et a donné beaucoup de vapeur d’eau.

Nous avons réussi a atteindre les 100° (au niveau de la sonde, dans la partie haute) et à partir de cette température, la chaleur a vite augmenté. Les deux petits tuyaux ont finalement donné du gaz de carbonisation et pendant un temps trop court, nous avons pu voir la flamme issu de l’enflamment de ce gaz.

Fumées bleues! Indicateur de carbonisation, elles sortaient par le joint fissuré que la tôle provoquait par gondolement. Mais le cycle d’auto-alimentation en gaz de carbonisation, système gazogène, ne c’est pas engagé. Aussi nous avons tout bouché, cheminée, foyer et joints, pour étouffer le feu.

Pendant le nuit la chaleur a ouvert des fissures et a brulé une partie de la paille d’isolant. Au petit matin, le four fumait comme une meule. Après démontage du couvercle, il a fallut vite arroser à grande eau l’intérieur du four pour éviter l’enflammement du bois/charbon.

Résultat: consommation du bois, petites tiges, dans le foyer de l’ordre d’un quart de m3. Cuisson incomplète, 50/50%.

Bilan: cette première expérience n’a pas été optimum. Faut revoir le volume interne du four qui est trop vaste pour la capacité calorifique de la cheminée. Trop d’eau à l’intérieur, a confirmer la prochaine fois. La terre argileuse a une forte tendance a craqueler, d’où la fragilisation du four et son manque d’étanchéité.

Conclusion: ce type de four, construit en dur et dans des proportions moindres, peut être une base d’une production fixe avec plusieurs fours dans un même endroit. Dans un autre registre, il peut être très intéressant pour la fabrique de poteries noires.

Merci à Gis pour son accueil.

 

 

Dans le cadre du développement des charbons en Afrique, je suis à la recherche de différentes techniques de carbonisation. Le but est de trouver le meilleur four qui allie simplicité, cout de revient a minima et efficacité. J’ai trouvé chez un charbonnier anglais une méthode qui s’appuie sur la comception des fours « rocket ». Habituellement utilisés pour la cuisine, ce sont plutôt des réchauds. Construit dans des boites de conserve ou des bidons, on retrouve leurs usages chez les personnes nomades. Le principe est simple et s’articule au travers d’un tuyau coudé qui est lui même très isolé. Là, l’originalité vient du fait d’utiliser la chaleur rayonnante de la cheminée et de carboniser le bois ou la matière végétale qui est mise à la place de l’isolant.

Nous avons entrepris la mise en route d’un four en briques, statique et de bonne capacité. Construit dans une région de terre cuite, il est facile de trouver de l’argile et des briques bon marché, tout autour de la ville rose, Toulouse.

Accueilli dans le parc de Gis, nous avons toute la place qu’il faut. De plus il y a beaucoup de bois, c’est parfait. L’argile est extraite de la cave de Martine. Les 129 briques sont achetées à la briqueterie de Nagen dont le patron nous a accordé un bon prix.

Le four est achevé, il faut attendre son séchage avant la mise en feu. Tous les détails bientôt.

La forêt en Bretagne est souvent synonyme de contes et d’enchanteurs. Celle de Brocielande, abrite le tombeau de Merlin et la source de jouvence. Pas très loin au village de Paimpont, on peut visiter l’écomusée des anciennes forges. Et qui dit métallurgie, pense charbon de bois. La mémoire des charbonniers y est très présente.

Non loin du golfe du Morbihan, il y a dans une autre forêt près d’un gros village, au nom amusant pour les sudistes que nous sommes, Inzinzac-Lochrist, un parcours sensoriel. C’est à dire un sentier aménagé pour les handicapés. La forêt de Trémelin abrite ce parcours qui est combiné avec un sentier pédestre plus long. Et ho magie (blanche ou noire), le nom de ce sentier est: parcours sensoriel de la charbonnière.

 

 

Nous sommes partis à sa découverte. Le chemin est aménagé pour les fauteuils roulants avec des placettes, de temps en temps, pour s’arrêter. Quelques interprétations sont proposées. Puis à moitié de la longueur du chemin, nous avons rencontré la charbonnière. Une meule en coupe, avec le bois sur deux étages et le tout recouvert de terre. De la même dimension que nos meules de garrigue ce qui est un peu étonnant car la forêt est plus dense. Un différence, l’axe central est monté en triangle au lieu du carré. Cette meule demanderai d’être remise en état, elle est un peu abandonnée à son sort.

Faute de temps nous n’avons pas pu faire le sentier pédestre qui part du même endroit. Le panneau est prometteur avec l’indication de plates-formes charbonnières. Une prochaine fois!

Merci au aménageurs de ce parcours, de rendre possible l’accès pour tous, aux charbonnières. Une initiative a développer chez nous.

Informations: balades/parcours-sensoriel-de-la-charbonniere-inzinzac-lochrist

L’autre balade, a faire:

Les guerres liées au pétrole et en règle générale à l’énergie et à son accès (ou son profit) sont omniprésentes. Le charbon de bois, l’une des plus anciennes énergies que l’humanité exploite, a génèré aussi des tensions.

Dans les pays où l’utilisation du charbon de bois est très présente, rappel 60% de la population mondiale cuisine au charbon, la maitrise du commerce de ce charbon est parfois source de problèmes. En Afrique, un article du « Monde », fait état d’un trafic illégal sur la production et la vente du charbon dans la République Démocratique du Congo. Article du Monde payant: charbon rdc.

Charbonniers Afrique  (Éthiopie)

Plus près de nous mais dans des temps plus anciens, nos charbonniers, en toute légalité, se sont retrouvés dans un conflit très dur avec les paysans. J’ai souvent entendu dire que bergers et charbonniers sont les pires ennemis. L’explication la plus simple est que les moutons mangent la repousse des taillis d’arbres et empêchent son développement. Pas d’arbres, pas de bois, pas de charbon. Et si il y a interdiction de paissance, les bêtes n’ont pas assez d’espaces où trouver à manger. Sylva vs patus. L’histoire nous donne un version un peu plus élaborée.

Les trois zones, ager, patus et sylva, c’est à dire la répartition des champs, du parcours et de la forêt sur un même territoire, ont varié dans l’histoire au gré des activités agricoles, de la surpopulation ou désertification rurale et bien sur du contexte de sécurité ou pas.

A la Révolution, les droits seigneuriaux, qui donnaient la main mise aux puissants sur le bois, sont abolis.  Le ramassage du bois mort, la glandée et bien d’autres ressources forestières à usages domestiques, comme les champignons ou les châtaignes, étaient très importants dans le monde rural. Les coupes de bois et la fabrication du charbon se libéralise sans guère de contrôles. Les autorités essayaient tant bien que mal de cadrer ces activités. Pour limiter l’inflation des prix du charbon de bois et préserver les ressources, il était organisé dans notre région languedocienne, une attribution par ville des secteurs de production. Les nouveaux riches se sont accaparés les terrains de la noblesse, passés en biens nationaux et revendus. Sous le premier empire, Napoléon a mis les forêts sous tutelle des ministères d’État et non plus sous gouvernance locale. Les relations administratives entre les citoyens et les élus du terrain sur les questions forestières sont rompues.

La déforestation est massive, les collines et les montagnes perdent une grande partie de leur couvert forestier. Cette déforestation va être en partie due par le développement des forges à martinet, grandes consommatrices de charbon. Dans les années 1820, l’industrie métallurgiques a un fort besoin de charbon, que les mines ne peuvent pas alimenter faute de moyens de transport. Aussi les industriels vont mettre en place dans les forêts de lourdes équipes de charbonniers. Ceux ci coupent et carbonisent, c’est leur métier.

Parallèlement l’État, sous Charles X, crée le code forestier. Ce code va fortement limité la liberté et les usages liés à la forêt. Les animaux sont interdits de paitre et les contrevenants, berger ou éleveurs, lourdement sanctionnés. Les gardes forestiers se retrouvent face à des paysans mécontents. Malgré ou à cause de la présence des gendarmes et de la troupe, cela va s’envenimer avec des arrestations, emprisonnements et parfois des morts. Cette « révolte » est particulièrement vrai en Ariège, où sont les grandes forges. Ce mouvement de révolte occitane est (peu) connu comme « La Guerre des Demoiselles ».

Ce curieux nom provient du fait que les paysans se déguisaient avec des châles et habits de femmes tout en se noircissant la figure pour ne pas être reconnus.

Dans cette période difficile et dans l’été 1829, les charbonniers ont subit les foudres paysannes. Considérés comme collaborateurs, ils ont été chassé, leurs cabanes brulées et ont même été menacé par des tirs au fusils. En 1830, une trentaine de charbonniers dans la forêt domaniale de Saint-lary, près de St-Girons, sont expulsés et certains blessés.

Le conflit va s’arrêter de lui-même faute de combattants. La campagne se désertifie tout simplement. Les charbonniers vont revenir dans nos forêts pour un siècle de plus. Un peu plus tard les forges, qui se modernisent, et la métallurgie vont s’alimenter en charbon de terre plus facilement quand le réseau du transport par train se met en place.

La Guerre des Demoiselles: ici