charbonnier en france

Quand la cuisson de la meule a démarré, le charbonnier doit veiller sur elle jours et …nuits. Le danger est l’enflammement par écroulement de la couche de terre. En effet il y a des tassements et parfois des poches de fragilité qui se forment sous la couverture terreuse. Cette carapace est le fruit du génie de ces charbonniers qui ont inventé avec cette simple technique, le four a pyrolyse. La température est de + de 500° à l’intérieur de la meule. La moindre ouverture peut être fatale et si le feu prend toute la meule brûle. Un mois de labeur difficile part alors en fumée.

Mais le plus important est la « conduite du feu ». L’art du charbonnier est de produire du charbon à partir du bois. Le « feu » est son allié, en sachant que ce terme désigne la masse thermique et non une quelconque combustion (ou feu de cheminée). Le « feu » étant au sommet de la meule, il doit descendre petit à petit dans le volume global du bois entassé. Le bois se carbonise et le maître du feu doit veiller a produire du « bon » charbon, au minimum 75 % de carbone. Mais il doit aussi ne pas le brûler tout en continuant le processus dans les étages inférieurs.

Comme disaient les anciens: « seul Dieu sait ce qu’il se passe à l’intérieur! » car devant soi on a qu’un tas recouvert de terre avec des fumées qui sortent par des évents que l’on cré au fur à mesure des besoins. Diriger le feu sans aller trop vite, ou trop lentement et tenir compte du vent, garder l’horizontalité de la cuisson pour éviter l’écroulement de la meule et surveiller les faiblesse de la terre sont les caractéristiques de l’art du feu que le carbonisateur doit maitriser.

La cuisson ne s’arrête jamais, le charbonnier dort d’un oeil et pas longtemps, pendant plusieurs jours et nuits.

Avant seuls les charbonniers et parfois leurs familles vivaient dans ces bois, dures conditions et isolement forcément contraignant.

Aujourd’hui les copains sont là pour m’accompagner dans de sympathiques soirées où tous apprécient cette ambiance réellement nature.

Si le village de Sainte-Croix-De-Quintillargues a pour origine le nom d’un gallo-romain qui était certainement Quintilius, l’origine antique est donc bien présente. Quintilius n’est pas le seul a avoir laissé des traces, nous avons dans la surface de la commune de nombreux vestiges de charbonnières et four à chaux. Deux activités très pratiquées dans ces périodes anciennes.

L’activité charbonnière, indispensable pour la forge, est l’objet d’études pour mieux identifier sous quelle forme elle était pratiquée. Cuisson en fosse ou en meule?

La meule, qui est la meilleure productrice de charbon de haute qualité, c’est à dire riche en carbone, semble apparaitre plus tardivement. Certaine dénomination parle de « meule suédoise améliorée ». Cela veut il dire que cette technique nous est venue du grand nord. Les vikings, avec leurs expéditions de pillages, du IX au XI è, auraient aussi apporté cette façon de faire? Les North Men, Normands, avaient plus d’un tour dans leurs besaces.

En Islande j’ai vu des fouilles qui ont mis à jour la cuisson dans des trous ou fosses.

Revenons à nos « Romains ». La langue latine, matinée de créole gaulois dans nos contrées, a donné beaucoup de noms de lieux dans nos régions. Mais qu’en est il des charbonniers et du charbon?

Agnès T. m’a envoyé cette jolie liste. Un certain monsieur Philibert Monet, en 1637, a écrit l' »Abrégé du parallèle des langues françoise et latine ». Philibert_Monet

Charbon, piece de braise, piece de bois…reduite en braise. = Carbo. Ardens carbo. Ignitus carbo. Candens carbo.

Charbon, piece de braise esteinte. = Carbo. Exstinctus carbo. Mortuus carbo. Emortuus carbo. Exstincta pruna.

Charbon, petit tronçon de bois, coupé en long, cuit au feu et à la fumée pour faire braise. = carbo. Coctus carbo. Coctilis carbo. Coctiuus carbo.

Charbon de bois rond. = Carbo ex caudice. Carbo ex folido stipire.

Coupeau de bois, trenche de bois coupée, pour le charbon. = Talea carbonaría.

Tas de coupeaux rangez pour faire charbon. = Aceruus confertarum talearum carboni coquendo.

Enduire de boue, a guise de fourneau, les coupeaux de bois entassez pour la cuite de charbon. = Confertas taleas luto carminare. In camini speciem. in fornacis morem, turbinatum acernum talearum lutare, luto illinere.

Charbonner, noircir de charbon. = Carbone denigrare quidpiam. Carbone insuscare. Nigritiem carbone inducere.

Charbonner, escrire quelque chose avec charbon. = Carbone scríbere, describere aliquid.

Charbonnier, qui fait ou vend du charbon. = carbonarius.

Charbonniere, lieu ou se fait le charbon. = Officina carbonaria. Coquendi carbonis officina.

AVE !

 

L’Héraultais du jour.

Invité par A. Blin, l’animateur de la matinale sur France Bleu Hérault, j’ai pu en cinq petites minutes parler de ma passion de charbonnier. Très sympathique et chaleureux, Antoine Blin m’a permis, dans ce court temps, de faire découvrir aux auditeurs mon expérience de maitre charbonnier.

A écouter: https://www.francebleu.fr/emissions/l-heraultais-du-jour-a-blin/herault/charbonnier-l-un-des-plus-vieux-metiers-du-monde-existe-encore-dans-l-herault 

Dans le Tarn, près de Gaillac et son vignoble et juste au nord du site tragique Sivens, il y a la grande forêt de Grésigne. 3500 ha de foret qui se partage entre un faciès méditerranéen et les grands bois de chênes Rouvre et Pubescent. On dit que l’incontournable Colbert y aurai trouvé de beaux fûts pour les mats de la marine royale. Pendant la seconde guerre mondiale, un maquis composé essentiellement d’Espagnols et de Polonais, s’y serai caché.

Et bien sur les charbonniers ont exploité cette forêt de tout temps. Bien qu’ayant parcouru le « sentier du patrimoine », je n’ai pas vu de vestiges de mes collègues carbonisateurs. C’est dans le magnifique village perché de Puycelci qu’une indication révèle leurs présence.

Il existe un site qui parle des charbonniers de cette forêt. De belles photos d’époque: voir ce site

A juste 1 h de Toulouse, la randonnée, qui est indiquée difficile pour ses dénivelés, est très agréable et le passage par le village rajoute une bonne note.

https://www.cirkwi.com/fr/circuit/56813-sentier-du-patrimoine

A Bourg-St-Andéol, il y a une entreprise de fabrication de charbon de bois. La cuisson se pratique avec de grands fours en fer. Les cuves sont d’énormes cloches avec un gros couvercle sur le haut. 4 cheminées évacuent une épaisse fumée dans un bonne odeur de carbonisation extrêmement forte. Le tout est assez artisanal et fonctionne parfaitement. L’entreprise est familiale avec le père qui a passé la main au fils, la famille Moulin, Marc et Frédéric.

Le charbon de bois est exclusivement tiré du chêne vert. Toutes les guinguettes de l’Ardèche en veulent car la cuisson des aliments avec ce charbon est sans commune mesure avec le charbon de supermarché.

Contact 06 89 41 68 54

Un texte du début 19ème siècle sous forme de fable. Charbonnier contre meunier, le noir et le blanc…le Ying et Yang et ça cogne.

Cette fable m’a été révélé par Agnès de Normandie, une aficionados (ou -da?) du charbon de bois. Merci.

Fable de Antoine Arnault 1812

Les charbonniers, les meuniers, et le marguillier.
Fable XIII, Livre V.

Entre nos frères les meuniers
Et nos frères les charbonniers
J’ai vu régner longtemps une haine assez forte.
À quel propos ? C’était… que le diable m’emporte,
Si plus qu’eux-mêmes je l’ai su !
Eh ! n’est-ce pas souvent pour un malentendu
Qu’un premier combat se donne ?
Le tort en est à tous, comme il n’est à personne,
Au second, où l’on rend ce que l’on a reçu,
Où l’on se bat du moins parce qu’on s’est battu.
Mais revenons au fait : ainsi qu’on peut le croire,
Chaque héros dans sa valeur,
Se signalant pour sa couleur,
Criait haro sur l’autre, et tombait, dit l’histoire,
Charbonnier sur la blanche et meunier sur la noire.
Par la seule nature armés,
Les voyez-vous en cent manières
Les bras tendus, les poings fermés,
Venger l’honneur de leurs bannières ?
Que de coups donnés et rendus !
Que de flots de sang répandus
Par tous ces nez cassés des mains de la victoire !
Chantre de Jeanne et de Bourbon,
C’est ta voix qui devrait transmettre la mémoire
De tous ces preux couverts de gloire et de charbon,
Couverts de farine et de gloire !
Certain jour cependant que ces poudreux guerriers
Se reposaient sur leurs lauriers,
Un philosophe, un philanthrope,
Un marguillier, mortel ennemi des combats,
Tenta de mettre un terme à ces trop longs débats.
D’un manteau neutre il s’enveloppe ;
Et le voilà, du matin jusqu’au soir,
De l’un à l’autre camp sans cesse en promenade ;
Qui va, vient et revient, en courtier d’ambassade,
Du noir au blanc, du blanc au noir.
Or, à son drap qui n’est noir, ni blanc, mais pistache,
Tantôt le blanc, tantôt le noir laisse une tache.
Comme on en murmurait d’un et d’autre côté :
« Charbonniers et meuniers, dit-il, parlons sans feinte :
Voit-on les deux partis, sans prendre un peu la teinte
Des gens à qui l’on s’est frotté ? »

Jamais meunier et charbonnier ne s’accordent en leur métier

Estampe de David H. 17e siècle

Le marguillier, soit en latin médiéval le matricularius, est d’abord celui « qui tient un registre ou un rôle (matricula) ». La première fonction connue du matriculaire, officier de la religion chrétienne – religion attentive à la pauvreté christique – était d’immatriculer les pauvres de l’église, c’est-à-dire de les inscrire sur le registre d’aumône. La seconde est l’administration des registres de ces pauvres personnages. Il existait donc, dans chaque paroisse, un marguillier qui avait la charge du registre des personnes qui recevaient les aumônes de l’Église. Il servait d’aide au sacristain. Ce n’est pas une profession mais une charge.

 

Le bois est cuit, du bon charbon de bois, comme seule les cuissons en meule peuvent en donner avec l’art du charbonnier. Mon ami Jean chaudière a bien réussi sa carbonisation et sa fête des charbonniers.

Nous avons été nombreux a participer à ce rassemblement. Les forgerons et métallurgistes ont utilisé pas loin de 100 kg de charbon de bois.  Puis un fondeur de bronze et une archéologue faiseuse de perles en verre, ont aussi utilisé le charbon de Jean. Les charbonniers démontrent encore une fois leur importance dans le processus des transformations par le feu.

J’ai pu faire plusieurs démonstrations de fabrication d’écochar, briquettes reconstituées de charbon végétal. Et avec la rencontre de l’association Bourg-St-Andéol/Siguri, qui œuvre en solidarité avec des Guinéens, nous avons pu échanger sur nos actions respectives dans ce pays. Une relation a développer dans le cadre du programme de l’ONG COOPDEA.

Cette fête des charbonniers s’est réalisée avec toute une équipe très conviviale et efficace, et avec bien sur l’autre moitié de Jean, Anne Marie, que je remercie chaleureusement. Merci à toutes et tous pour ces moments de bonheur.

La visite en photo: fête des charbonniers

Photo Martine C.

 

Belle activité que cette réunion entre charbonniers et forgerons. Et c’est même plus que ça car il y a, aussi, de la métallurgie, de la vannerie et de la corderie.

Nous nous sommes tous retrouvés dans le petit domaine paradisiaque, quand on aime la garrigue, de Jean. Au fond il y a la meule charbonnière, de belle taille, et à l’entrée une capitelle, une borie pour les locaux, et entre les deux les ateliers et guinguette.

En attendant de développer sur cette belle manifestation, car elle n’est pas finie, une photo de Miss Charbonnière:

La forêt en Bretagne est souvent synonyme de contes et d’enchanteurs. Celle de Brocielande, abrite le tombeau de Merlin et la source de jouvence. Pas très loin au village de Paimpont, on peut visiter l’écomusée des anciennes forges. Et qui dit métallurgie, pense charbon de bois. La mémoire des charbonniers y est très présente.

Non loin du golfe du Morbihan, il y a dans une autre forêt près d’un gros village, au nom amusant pour les sudistes que nous sommes, Inzinzac-Lochrist, un parcours sensoriel. C’est à dire un sentier aménagé pour les handicapés. La forêt de Trémelin abrite ce parcours qui est combiné avec un sentier pédestre plus long. Et ho magie (blanche ou noire), le nom de ce sentier est: parcours sensoriel de la charbonnière.

 

 

Nous sommes partis à sa découverte. Le chemin est aménagé pour les fauteuils roulants avec des placettes, de temps en temps, pour s’arrêter. Quelques interprétations sont proposées. Puis à moitié de la longueur du chemin, nous avons rencontré la charbonnière. Une meule en coupe, avec le bois sur deux étages et le tout recouvert de terre. De la même dimension que nos meules de garrigue ce qui est un peu étonnant car la forêt est plus dense. Un différence, l’axe central est monté en triangle au lieu du carré. Cette meule demanderai d’être remise en état, elle est un peu abandonnée à son sort.

Faute de temps nous n’avons pas pu faire le sentier pédestre qui part du même endroit. Le panneau est prometteur avec l’indication de plates-formes charbonnières. Une prochaine fois!

Merci au aménageurs de ce parcours, de rendre possible l’accès pour tous, aux charbonnières. Une initiative a développer chez nous.

Informations: balades/parcours-sensoriel-de-la-charbonniere-inzinzac-lochrist

L’autre balade, a faire:

 

Charb, dessinateur et rédacteur en chef de Charlie Hebdo, assassiné en 2015, s’appelait Stéphane Charbonnier. L’auteur des irrévérencieux  Maurice et Patapon avait donc un nom qui est assez répandu en France.

 

D’après le site « nom-famille.com » , il existe 12 194 personnes qui ont ce nom de famille. Ce qui le place à la 391ème place dans l’ensemble des noms français.

Le département où il y en a le plus est le 42, la Loire.

Si l’on rajoute le nom de Carbonnier, cela donne 1779 de plus.

Personnellement je ne m’appelle pas Charbonnier, mais Acquarone. Mon ascendance pré-italiennne aurait pu me donner un Carbonari…

Charbonnier,un nom directement lié à l’activité charbonnière, un bel encrage dans notre territoire.

Répartition des personnes au nom de Charbonnier (in www.nom-famille.com)

Les guerres liées au pétrole et en règle générale à l’énergie et à son accès (ou son profit) sont omniprésentes. Le charbon de bois, l’une des plus anciennes énergies que l’humanité exploite, a génèré aussi des tensions.

Dans les pays où l’utilisation du charbon de bois est très présente, rappel 60% de la population mondiale cuisine au charbon, la maitrise du commerce de ce charbon est parfois source de problèmes. En Afrique, un article du « Monde », fait état d’un trafic illégal sur la production et la vente du charbon dans la République Démocratique du Congo. Article du Monde payant: charbon rdc.

Charbonniers Afrique  (Éthiopie)

Plus près de nous mais dans des temps plus anciens, nos charbonniers, en toute légalité, se sont retrouvés dans un conflit très dur avec les paysans. J’ai souvent entendu dire que bergers et charbonniers sont les pires ennemis. L’explication la plus simple est que les moutons mangent la repousse des taillis d’arbres et empêchent son développement. Pas d’arbres, pas de bois, pas de charbon. Et si il y a interdiction de paissance, les bêtes n’ont pas assez d’espaces où trouver à manger. Sylva vs patus. L’histoire nous donne un version un peu plus élaborée.

Les trois zones, ager, patus et sylva, c’est à dire la répartition des champs, du parcours et de la forêt sur un même territoire, ont varié dans l’histoire au gré des activités agricoles, de la surpopulation ou désertification rurale et bien sur du contexte de sécurité ou pas.

A la Révolution, les droits seigneuriaux, qui donnaient la main mise aux puissants sur le bois, sont abolis.  Le ramassage du bois mort, la glandée et bien d’autres ressources forestières à usages domestiques, comme les champignons ou les châtaignes, étaient très importants dans le monde rural. Les coupes de bois et la fabrication du charbon se libéralise sans guère de contrôles. Les autorités essayaient tant bien que mal de cadrer ces activités. Pour limiter l’inflation des prix du charbon de bois et préserver les ressources, il était organisé dans notre région languedocienne, une attribution par ville des secteurs de production. Les nouveaux riches se sont accaparés les terrains de la noblesse, passés en biens nationaux et revendus. Sous le premier empire, Napoléon a mis les forêts sous tutelle des ministères d’État et non plus sous gouvernance locale. Les relations administratives entre les citoyens et les élus du terrain sur les questions forestières sont rompues.

La déforestation est massive, les collines et les montagnes perdent une grande partie de leur couvert forestier. Cette déforestation va être en partie due par le développement des forges à martinet, grandes consommatrices de charbon. Dans les années 1820, l’industrie métallurgiques a un fort besoin de charbon, que les mines ne peuvent pas alimenter faute de moyens de transport. Aussi les industriels vont mettre en place dans les forêts de lourdes équipes de charbonniers. Ceux ci coupent et carbonisent, c’est leur métier.

Parallèlement l’État, sous Charles X, crée le code forestier. Ce code va fortement limité la liberté et les usages liés à la forêt. Les animaux sont interdits de paitre et les contrevenants, berger ou éleveurs, lourdement sanctionnés. Les gardes forestiers se retrouvent face à des paysans mécontents. Malgré ou à cause de la présence des gendarmes et de la troupe, cela va s’envenimer avec des arrestations, emprisonnements et parfois des morts. Cette « révolte » est particulièrement vrai en Ariège, où sont les grandes forges. Ce mouvement de révolte occitane est (peu) connu comme « La Guerre des Demoiselles ».

Ce curieux nom provient du fait que les paysans se déguisaient avec des châles et habits de femmes tout en se noircissant la figure pour ne pas être reconnus.

Dans cette période difficile et dans l’été 1829, les charbonniers ont subit les foudres paysannes. Considérés comme collaborateurs, ils ont été chassé, leurs cabanes brulées et ont même été menacé par des tirs au fusils. En 1830, une trentaine de charbonniers dans la forêt domaniale de Saint-lary, près de St-Girons, sont expulsés et certains blessés.

Le conflit va s’arrêter de lui-même faute de combattants. La campagne se désertifie tout simplement. Les charbonniers vont revenir dans nos forêts pour un siècle de plus. Un peu plus tard les forges, qui se modernisent, et la métallurgie vont s’alimenter en charbon de terre plus facilement quand le réseau du transport par train se met en place.

La Guerre des Demoiselles: ici

Ah le Musée des arts et métiers de Paris est un des lieux à ne surtout pas rater dans la capitale. Ça fait pas très branché et c’est pourtant formidable. Qui n’a pas vu « Eole », l’avion chauve souris de Clément Ader, se doit d’aller admirer cette machine extravagante.

Ce musée recèle tout un ensemble d’inventions, qui laissent pantois devant l’ingéniosité humaine.  Dans tout ce monde de l’intelligence, des grandes et utiles machines, du pendule de Foucault, du mètre étalon, il y a bien sur un objet qui a attiré mon attention, un minot.

Un minot, c’est une ancienne mesure de capacité de matières sèches. C’est à dire un étalon pour déterminer un volume fixe. Concrètement un petit fut, qui à Paris était d’un pied cube, soit 34,3 dm³. Le minot de Paris, exposé au musée, est dit de charbon de bois.

Un minot est la moitié d’une « mine ». Ce qui donne en mesures anciennes à Paris: le muid de charbon de bois valait 4,1 m3, avec 20 mines par muid, 2 minots par mine, 8 boisseaux par minot. Soit 40 minots par muid.

A Toulouse, le muid était aussi de 4,16 hectolitre, mais le minot seulement de 2 boisseaux. Le boisseau étant la mesure de base, utilisé aussi pour le sel, le blé et autres denrées sèches.

Donc le charbon de bois n’était pas vendu au poids mais au volume. Formule que l’on retrouve dans l’économie du bois où tout se négocie en volume comme le stère par exemple.

Minot pour le charbon, 1671

 

Musée des arts et métiers

Pourquoi les titres de ces articles sont : « Les bons cousins »? La grande forêt de Chaux, dans la partie sud ouest plate du Jura, résonne de cette idée que le bois abrite des personnes cachées. La forêt a toujours inquiété la bonne société. Elle est le lieu où l’on se perd, elle est le refuge des sorcières, l’abri des brigands. Cette sylve redoutée abritait un personnage très intrigant, le charbonnier. Homme tout noir de saleté, parlant un patois incompréhensible et un peu magicien en transformant le bois en charbon. Méfiance, le charbonnier est fier et rustre. Il est maitre chez lui. Il se raconte qu’un roi, assis dans le siège du maître Charbonnier, en avait été obligé de rendre sa place.  Comme toute corporation, les charbonniers ont leurs codes. Ils sont tellement secrets que l’on dit que les Francs maçons vont s’en inspirer. Ces boscatiers sont libertaires, loin des contraintes et si la foi est très forte dans certaines périodes, le clergé d’église n’a pas toujours été bien vu.

Trace de Bons Cousins

_mar1605

Les hommes des bois vont créer leur propre groupe, se réunissant dans une clairière isolée, avec une règle bien déterminée. C’est dans la forêt de Chaux que « la Confrérie Des Bons Cousins Charbonniers » a été crées. Née d’une idée d’entraide entre charbonniers, ces réunions vont être le siège d’une société un peu plus secrète. Ils se réunissent en cœur de forêt pour essayer d’améliorer le monde. Repris par des hommes de conviction, plus politiques, les Carbonari, en Italie, ont supporté Garibaldi lors de son accession au pouvoir. La répression s’abattra sur ces hommes et certains seront emprisonnés.

La forêt de Chaux a gardé cette présence au travers d’un groupe de « charbonniers » qui ont renouvelé cette Confrérie Des Bons Cousins Charbonniers.

L’association Carbone 14, liée au lieu « Les Cabanes 14 » dans cette forêt, organise des manifestations tous les ans, en été, avec des cuissons de charbonnières.

_mar1594

Un superbe lieu, avec des cabanes dignes des contes forestiers, et avec du matériel comme les fours en exposition, un endroit a visiter. Foret de chaux

_mar1619

A visiter à proximité « La Saline royale de Chaux » ou Saline royale d’Arcs-et-Senan, Saline

Balade en forêt de Chaux dans le Jura.

Près de la ville de Dôle, un peu au Sud, s’étend à perte de vue une immense forêt, très dense avec de grands arbres, des chênes filiformes. C’est de toute beauté, et dans cet écrin de verdure, un ou plutôt des lieux de charbonniers et de « charbonneries ».

_mar1623

À partir du village La-Vieille-Loye, on entre dans ce couvert végétal, aux superbes couleurs d’automne à cette époque. Là il y a un ensemble de vieilles maisons, au nom très imagé de « Baraques 14 ». 4 maisons sont alignées avec deux cabanes de fours à pain et un rucher. Parmi ces maisons l’une m’a spécialement attiré, celle du charbonnier. Une vraie maison dite baraque du charbonnier. De couleur jaune paille, elle inspire un certain romantisme. Comparée à nos cabanes en pierres sèches, elle semble plus luxueuse, douce illusion car le travail était aussi pénible. Un panneau indique qu’elle date du XVII ème et que son toit est fait de planches de chênes, des bardeaux. La construction des murs est en bois et en terre dite en mottes et à enroulement. Une technique reprise aujourd’hui en éco-construction.

_mar1524

_mar1532

Un jardin potager ou de « simples » est juste à coté. Tout ceci semble idyllique, reste à voir sur la réalité des vécus locaux. En tout cas un bel endroit, où sont des installations artistiques intégrées à la forêt, un lieu a visiter et nous verrons par la suite que la richesse charbonnière est incroyable dans ce coin du Jura. A suivre…

Le four à pain

_mar1527